La Barbie

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Martine était une autre de mes bonnes copines. Après le décès de Chantal, nous nous sommes rapprochées. Nous sommes devenues inséparables.

Elle était enfant unique, chose rare à l’époque. Sa mère travaillait, elle était vendeuse dans un grand magasin en ville. Avec les nombreux enfants, peu de mères travaillaient. Elle aussi, elle boudait souvent, parfois je la secouais très fort pour qu’elle arrête. Je ne supportais pas ses bouderies, j’aurais préféré l’entendre hurler. Elle habitait le même immeuble que nous. Son père était comme le mien souvent absent pour son travail, il était chauffeur routier à l’international. Souvent il rentrait avec son gros camion, le tracteur du camion uniquement sans la remorque qu’il avait déjà déchargée. C'était un énorme camion qui semblait tout neuf.

Avec Martine, on passait des heures à jouer avec les Barbie. Ah, la Barbie ! Cette poupée a le même âge que moi et fait encore aujourd’hui le bonheur de milliers de petites filles. Moi, je n’ai jamais eu de poupée Barbie, mais ma copine en avait deux. Elle avait beaucoup de vêtements de Barbie aussi, avec les petites chaussures assorties. Sur les deux poupées, il y en avait une très belle, blonde avec les cheveux qui s’étiraient. Elle avait un bouton dans le dos, si tu appuyais une grosse mèche de cheveux sortaient du crâne et faisait une longue queue de cheval. En appuyant de nouveau, les cheveux rentraient dans le crâne et laissaient une coiffure courte. Martine prenait toujours cette poupée-là, moi elle me laissait l’autre, bien moins jolie avec des cheveux courts. Mais je ne m’avouais pas vaincue, presque à chaque fois elle cédait, et je me retrouvais à jouer avec la belle Barbie blonde et elle avec la moche.

On jouait à la marchande aussi, à la pharmacienne, elle avait toujours des quantités de petits emballages d’échantillon de produits d’hygiène ou de parapharmacie. On installait tout cela sur le rebord des fenêtres des caves, et on faisait les vendeuses pour les autres gosses de l’immeuble. Bien évidemment, ils devaient tout rendre à la fin du jeu, c’était d’ailleurs souvent source de bagarre.

Parfois, on allait faire une promenade en voiture avec sa grand-mère et son caniche. La voiture, une Dauphine noire, était loin d’être neuve. À l’arrière de la voiture, le plancher avait des trous. La grand-mère de Martine nous recommandait de faire bien attention, de ne pas mettre nos pieds dans les trous. On n’allait jamais très loin, on restait dans le quartier. Je crois que la grand-mère avait un peu peur de conduire et évitait les routes avec trop de trafic.

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