Chapitre 13 : La cité de Lehayyu.

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À l'aube, les trois compères marchèrent en direction d'une des trois plus grandes capitales alentours au royaume de Céleste. Keita, fut transporté dans un chancelant chariot en bois trouvé près du temple, tiré par son frère aîné. L'enfant ne trouva rien d'autre à faire que de les suivre, plus précisément de suivre Nataku, en qui il commençait à développer un peu de confiance.

  • Kyokushin : « Une fois arrivé en ville, on trouvera un lieu-sûr pour le petit, il ne peut pas rester avec nous. »

  • Nataku : « Compris. » Aquiesca-t-il. « Le fait que vous soyez recherchés ne posera pas de problème une fois arrivé à Lehayyu ? »

  • Kyokushin : « Si, c'est pour ça que l'on prendra nos précautions une fois sur place. La ville regorge de chasseurs de prime. Tu seras camouflé aussi, n'oublie pas que tu es censé être le prince de Céleste. »

  • Nataku : « C'est vrai... » Réalisa-t-il en se grattant l'arrière de la tête. « Maintenant que j'y pense, si tu es toi aussi recherché, comment ça se fait que personne n'a réalisé que tu étais le fils de l'ancien Roi ? »

  • Kyokushin : « Depuis ma supposée mort, j'ai du changer d'identité à l'extérieur des murs et jusque là, ça a fonctionné. Seules quelques personnes de confiance aux quatres coins de la région sont au courant. »

  • Nataku : « Je vois. D'où viennent vos ressources économiques ? »

  • Kyokushin : « On est aussi considérés comme des chasseurs de prime, aider des gens de villes en villages nous a été également favorable. J'ai aussi reçu de l'argent venant du royaume. »

  • Nataku : « Tu subtilisait l'argent du royaume ?! »

  • Kyokushin : « J'ai employé le mot "reçu." »

  • Nataku : « Qui est au courant que tu es en vie là-bas ? »

  • Kyokushin : « Le valet, et Eisen. »

  • Nataku : « Les enflures... » Dit-il le poing serré.

  • Kyokushin : « C'était sur ma demande. Tu étais censé rester pour gouverner, j'aurais préféré régler les affaires à l'extérieur avant nos retrouvailles. Ta "soif d'aventure" te mèneras à la mise à prix tôt ou tard, c'est pour ça que tu dois progresser vite. »

  • Mitsuyo : « À partir de maintenant, tu ne feras plus équipe avec moi en cas d'urgence, pas tant que tu seras un poids. Je ne m'attend pas à ce que tu comprennes. » Ajouta-t-il froidement.

  • Nataku : « Excuse-moi... » Marmonna-t-il.

  • Kyokushin : « Met toi bien en tête que le monde extérieur nous est hostile et qu'aucun de tes anciens privilèges de statut n'y changeront quelque chose, lorsque l'un d'entre nous te donne un ordre, respecte le. Si tu ne peux pas te faire à l'idée de tuer quelqu'un qui éprouve ce désir meurtrier envers toi ou l'un des tiens, ta place est au royaume. »

  • Nataku : « Je comprends tout à fait que la situation exigeait que je passe à l'acte, mais je ne regrette absolument pas d'avoir épargné un enfant. C'est contraire à mes principes... »

  • Kyokushin : « C'est ce que je pensais avant aussi, tu comprendras un jour. »

  • Mitsuyo : « Aucun principe n'est de mise quand il s'agit de quelqu'un qui t'es cher. Ni regrets ni remords ne les a atteints quand ils oppressaient et massacraient notre clan. Femme ou enfant, je ne ferai preuve d'aucune pitié. »

  • Nataku : « Pourtant, tu n'as pas tué le petit... » Pensa-t-il.

Un silence s'installa, ressenti avec un peu de gêne par Nataku. Mitsuyo ne put s'empêcher de trouver un peu étrange la pensée de Kyokushin quant à sa position sur la situation précédente et le recadrement de Nataku. Lui qui avait pourtant esquissé un sourire lorsqu'il avait appris que son petit frère avait épargné l'enfant, reprochait maintenant le contraire. Très vite, il n'y pensa plus et ne se soucia que de celui qui partageait son sang, toujours inconscient dans le chariot. Ils poursuivirent leur route vers Lehayyu. Grande capitale situé le plus loin du royaume par rapport aux autres, Lehayyu fut réputée pour son commerce maritime et aérien. Jouxtant la mer, les plus grandes transactions ne passaient que par là. Forcément, les gens qui pratiquaient du commerce illicite y trouvaient aussi leur compte. Une dizaine d'heures de marche suffirent pour arriver à bon port. L'enfant c'était endormi, porté sur le dos de Nataku.

  • Mitsuyo : « On ne peut pas entrer avec mon frère quasi mort en ville. »

  • Kyokushin : « Ne t'inquiètes pas, le médecin que je connais l'opèrera clandestinement en dehors de la ville, mais il va falloir attendre la tombée de la nuit. »

  • Mitsuyo : « Tu tiens le coup ? »
  • Kyokushin : « Je n'ai jamais maintenu mon Kihetai aussi longtemps et intensément, je commence à être à bout, la marche n'a pas aidé. »

  • Nataku : « Pourquoi est-ce que tu ne prends pas la relève Mitsuyo ? »

  • Mitsuyo : « Seul Kyokushin possède cette propriété de "maintien" curative. Je ne peux malheureusement rien faire. »

Une idée parvint à l'esprit de Nataku.

  • Nataku : « Tu penses que le pouvoir du petit pourrais amplifier ton Kihetai ? »

  • Kyokushin : « Possiblement, mais le problème ne vient pas de l'intensité d'énergie déployée pour maintenir Keita, mais de quantité. Le Kihetai s'épuise. »

  • Nataku : « Hum... Est-ce que je pourrais essayer d'utiliser mon Kihetai ? »

  • Kyokushin : « Je ne peux pas te laisser une telle responsabilité. Ton énergie est trop faible et manque d'intensité pour le maintenir. On est pas certains que tu possèdes ce même atout curatif que moi qui plus est. Ne vous en faites pas pour moi, le soleil est bientôt couché de toute façon. »

  • Nataku : « Il n'existe aucun moyen de transmettre du Kihetai, comme si l'on faisait une transfusion sanguine ? »

  • Kyokushin : « À ma connaissance, c'est impossible. Cesse de poser des questions maintenant, je vais me concentrer un peu. » Conclut-il en s'asseyant sur le bord du chariot dans lequel fut transporté Keita.

La nuit tomba tandis que nos aventuriers patientaient non loin de la cité. Une femme très charmante habillée d'une robe en soie blanche vint à leur rencontre, escortée par deux gardes. Mitsuyo dégaina son katana et le pointa vers les gardes.

  • « Ne vous inquiétez pas, il s'agit de ma garde personnelle, ils n'ont rien à voir avec les gardes de la ville. »

  • Kyokushin : « Bonsoir, j'étais censé rencontrer le docteur Rin. »

  • « Je suis Aelia, son élève. Malheureusement, elle ne peut pas effectuer le déplacement puisqu'elle opère un patient pour le seigneur de Lehayyu. »

  • Kyokushin : « Comment est-ce que je peut m'assurer que vous avez les compétences nécessaires ? »

  • Aelia : « Madame Rin était certaine que vous alliez douter de moi, et a rédigé en guise de bonne foi, cette lettre que voici. » Répondit-elle. Elle lui remit la lettre en s'inclinant légèrement.

  • Kyokushin : « Je reconnais son cachet. » Dit-il après s'être saisi de la lettre et l'avoir lu. « Préparez-vous, je pense que vous n'avez jamais effectué une opération aussi sanglante et compliquée. »

  • Aelia : « Vous seriez surpris. » Elle sourit avant de s'approcher du chariot. Malgré l'avertissement, elle ne put s'empêcher d'effectuer un léger sursaut lorsqu'elle vit Keita dans cet état. « En... En effet, c'est assez violent. Gardes, apportez moi mes outils ! Kyokushin-sama, vous allez devoir rompre votre lien de Kihetai avec lui. »

Kyokushin s'exécuta. Dès lors qu'il fit disparaître son Kihetai, il perdit équilibre à cause de l'intense fatigue ressentie juste après. Aussitôt que le lien fut rompu, le sang de Keita se remit à couler à flot avant que Aelia ne prenne le relais.

  • Nataku : « Kyokushin ! »

  • Kyokushin : « Ça va aller, j'ai juste besoin d'un peu de repos. »

Mitsuyo observa attentivement Aelia tandis qu'elle opérait Keita. En tant que médecin, son Kihetai ne pouvait servir à autre chose que de prodiguer des soins en raison de son attache qui l'unit à ce métier.

  • Nataku : « Je ne savais pas que des médecins maîtrisaient le Kihetai... »

  • Aelia : « Hé bien, nous sommes très peu nombreux, seuls ceux qui ont suivi l'enseignement du docteur Rin ont pu en développer l'usage, et encore, certains n'ont pas eu cette chance. Le Kihetai nous sert à réaliser des opérations impossibles en temps normal. Ici, je vais pouvoir rétablir les connexions sanguines, reconnecter et consolider les os. Il sera comme neuf mais aura besoin de repos, il a perdu beaucoup de sang. Il aura besoin d'une transfusion, si quelqu'un est volontaire. »

  • Mitsuyo : « Je vais le faire. »

  • Aelia : « Bien. Vous n'avez pas peur des aiguilles j'espère ? »

  • Mitsuyo : « Ça ira. »

Aelia passa près de trois heures à soigner Keita. Elle parvint à rétablir ses nerfs et ses vaisseaux sanguins en les suturant. Son Kihetai lui permettait de pratiquer la microchirurgie sans avoir recours à quelconque outil technologique. Kyokushin et Nataku s'étaient endormis, Mitsuyo suivait l'opération attentivement. Une fois terminée, Aelia passa à la transfusion.

  • Aelia : « J'ai terminé. Il va lui falloir un bon repos maintenant, comptez sept à neuf jours pour qu'il soit sur pied. Passé ce délai, je ne garantie pas qu'il sera complètement en forme, même si son Kihetai devrait grandement l'aider dans son procédé de récupération. Prenez soin de lui. »

De son sommeil léger, Kyokushin se réveilla lorsqu'il entendit la voix d'Aelia. Il se leva.

  • Kyokushin : « Me voilà soulagé. Vous méritez bien le respect de votre mentor, veuillez accepter ceci. » Il lui tendit une bourse.

  • Aelia : « Madame Rin n'accepte aucun paiement, elle m'a dis vous être redevable. »

  • Kyokushin : « Je sais très bien qu'elle n'acceptera pas, c'est pour vous. »

  • Aelia : « Je ne serai pas digne d'être son élève si je ne refusais pas par modestie. »

  • Kyokushin : « Prenez le, et si vous souhaitez n'en faire aucun usage, offrez cet argent aux nécessiteux, je sais que ce n'est pas facile pour tout le monde à Lehayyu. »

  • Aelia : « Vous êtes d'un altruisme respectable, Kyokushin-sama. Je vous remercie. » Dit-elle souriante, ses joues s'empourprant de gêne.

  • Kyokushin : « C'est moi qui vous remercie. Passez une bonne soirée. »

  • Mitsuyo : « Merci infiniement docteur. »

  • Kyokushin : « Oh, une dernière chose. J'aimerai vous demander une faveur. »

  • Aelia : « Qu'y a-t-il ? »

  • Kyokushin : « Connaisseriez-vous un établissement pouvant accueillir cet enfant ? » Il pointa du doigt le petit.

  • Aelia : « Oui j'en connais, mais, les tarifs sont assez élevés. »

  • Kyokushin : « Je m'occuperai de payer les frais nécessaires. Celà me rendrait service si vous pouviez l'emmener avec vous dès ce soir. Je vous rendrais la pareille. »

  • Aelia : « Très bien. »

  • Kyokushin : « Nous nous reverrons demain en ville. »

Elle prit l'enfant endormi dans ses bras et partit accompagné de ses gardes. Les quatres compagnons furent contraints de dormir à l'extérieur de la ville avant d'y pénétrer. Ils montèrent un petit campement plus loin, à l'abri du passage.

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