Une cité perdue

2 minutes de lecture

Tesserac. Un vaste dédale de bâtiments grisâtres, cerné de robustes murailles. Ses allées s’insinuaient entre ses blocs de grès où sa population s’entassait, des faubourgs malpropres jusqu’à son éminent château. Entre le centre et les délimitations vivait une plèbe hétéroclite dont les représentants les plus illustres avaient contribué au développement de cette ville. S’étendait alors cet enchevêtrement d’édifices radieux, propice à l’enrichissement culturel, tandis que des constructions moins glorieuses s’opposaient à cette magnificence. Un réseau immense d’auberges, de temples, d’artisanats, de commerces accompagnait les habitations. Des étroites venelles aux larges places, des destins s’entremêlaient, et les aléas de l’existence déterminaient le devenir de tout un chacun. Au-delà des moellons surannés, des signes clairsemés de la nature rappelaient le contexte d’évolution de la cité. Un cours d’eau s’infiltrait sous les pavés et nourrissait des arbres fruitiers desquels émergeaient des empreintes d’une vie révolue.

Tesserac. Une cité fière, jadis rayonnante, désormais l’ombre d’elle-même. Des siècles auparavant, ses bâtisseurs l’avaient fondée, appliquant tout leur cœur à la tâche. Éloignée des vicissitudes des royaumes ordinaires, son indépendance avait forgé sa réputation de ville imprenable. À travers les âges, ses citoyens avaient mené leur vie en totale déconnexion de la rude réalité, confrontés à leurs propres problèmes. Les autres civilisations leur évoquaient des sociétés impétueuses, où la moindre mésentente pouvait ébranler tout ce qu’ils avaient conçu par le passé. Leur autonomie, clairement revendiquée, leur avait permis de connaître bonheur et prospérité des années durant. Hélas, toute communauté se heurtait tôt ou tard aux ambitions néfastes de quelque conspirateur extérieur. Vingt-sept ans plus tôt, un grand et jeune chef militaire, Kurilas Tihan, avait assiégé la cité, à la tête d’une colossale armée. Au terme d’un affrontement où des centaines de vaillants citadins succombèrent, l’invasion se solda par une défaite pour eux. Ils avaient vu des proches périr dans d’atroces souffrances et avaient assisté aux bouleversements détruisant leurs espoirs d’évoluer en paix. Sur son triomphe, Kurilas devint le seigneur des lieux et instaura une dictature militaire. Depuis lors, l’avenir de tous reposait désormais entre des mains pernicieuses.

Tesserac. Une cité changée, incapable de murmurer des appels de soutien. Tels des prisonniers, ses habitants étaient confinés à l’intérieur des murailles, soumis à un strict règlement. Toute transgression des âpres lois se voyait punie de mort, ainsi, les victimes de la tyrannie locale décourageaient quiconque de s’insurger. Des collaborateurs, désireux de mener une existence décente, avaient abandonné leurs principes afin de servir ce système répressif. Leur rancune enfouie disparaissait totalement tout en attirant la haine de leurs compatriotes. Anciennes victimes, ces hommes et femmes devinrent des soldats de l’idéologie nouvelle, la seule tolérée, et la défendirent résolument. Au fil des années, les alliés se transformèrent en ennemis, les volontés se séparèrent, et la cité perdit son unification symbolique.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 4 versions.

Vous aimez lire Saidor C ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0