2. D'une histoire et de discordances

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L'ennui prit la Divinité plus vite qu'elle ne l'avait pensé et c'est donc au début de la deuxième éternité qu'elle décida d'égayer ce morne tableau qu'était son monde...

Alors qu'elle flanaît entre les bibliothèques carnavalesques de l'île aux Fictions Infinies, elle tomba sur un objet qu'elle n'avait point vu depuis longtemps.

Lorsqu'elle posa les yeux sur l'immensité de livres et de tableaux qui l'entouraient, un rictus cruel apparut à ses lèvres et elle fit tourner Flamboyance entre ses doigts. Flamboyance, la Plume aux Mille Tragédies, cette plume ornée de ses propres cheveux à l'autre extrémité de l'instrument pour en faire un pinceau. Jumistelle même ignore combien de larmes et de sang elle a fait couler avec cet objet enfantin...

Elle sortit alors de son palais burlesque et descendit, plus bas que l'Île aux Haines Sans Plus de Dettes, plus bas que n'importe quelle île, toujours plus bas jusqu'à rencontrer à nouveau le blanc qui l'avait entouré à sa "naissance". Elle prit Flamboyance en main et dessina à nouveau une clémentine, puis comme auparavant elle en tira l'encre pour établir son nouveau terrain de jeu.

Elle dessina des mers, des océans, des plaines et des monts. Le nord fut si chaud et le sud si froid que le temps le plus froid de l'un fut le plus chaud de l'autre. Elle donna vie aux animaux et à des créatures rocambolesques incaractérisables qu'elle placa dans chaque provinces. Elle fit voler des îles. Plus tard elle ferait faire construire un pays sur des tours par ses petites poupées vivantes. Tout fut dessiné dans les moindres détails aussi futiles fussent-ils, tout fut organisé, effacé, redessiné, puis à nouveau effacé jusqu'à ce que tout soit tel que la Volonté le voulait.

Enfin, presque tout.

La chose qui n'obéissait pas était toujours là.

Mais la Volonté la laissa, ça devait s'ennuyer aussi.

- Peut-être auront nous l'occasion de nous amuser toi et moi, dit-elle à cette gène qui semblait être perché sur son épaule.

L'amusement vint avec les Hommes.

La Volonté prit Flamboyance et fit voler l'encre dans le ciel, traçant les lettres inéluctables de l'Histoire.

Construire le monde des humains fut plus ardus qu'elle ne l'avait pensée au début. Non pas que l'inspiration lui manqua, mais elle fut au contraire si foisonnante et changeante que la Volonté ne pouvait déroulé un an sans planter une épine dans le pied de cette race. Parfois ce fut une bataille contre des monstres marins, d'autres fois de simples cultes ridiculement compliqué qui faisait perdre toute attention à la Divinité Suprême pour l'humanité qu'elle souhaitait ériger. Quel que soit le temps que Jumistelle avait imaginé pour terminer ce joli échiquier nul doute que cela lui prit mille fois plus longtemps.

"Vous voilà enfin mes jolis petits pions"

Des pions. En effet, peu importe les hommages et le bien qu'ils avaient dans le cœur, jamais ils neseraient plus qu'un cavalier ou une tour sur le plateau de jeu coloré de la Volonté.

Et ainsi la Volonté s'installa devant son échiquier, Flamboyance à la main et se demanda dans un sourire malin de quelle manière pourrait-elle tout chambouler...Quelle importance, il lui suffirait de tout reconstruire...

Mais elle n'écrivit point. Elle n'écrivit pas car quelque chose n'était pas à sa place.

Elle chercha et chercha encore puis elle vit que l'île, qui hier volait, flottait dans l'océan. Sa Volonté avait été contrariée. Elle refit voler l'île et se réinstalla à son échiquier.

Cette fois-ci elle écrivit et un pion bougea, puis un autre et encore un autre...jusqu'à ce que l'un aille dans l'autre sens. La Volonté soupira d'ennui et prit le pion pour le remettre à sa place.

Mais rien ne resta à sa place.

Le plateau fut renversé, celui qui vit meurt, celui qui meurt rescucite, le méchant devint bon, les mers flottèrent dans le ciel et le feu devint froid.

La rage si longtemps enfermée explosa et avec lui le monde fut anéanti. La Volonté n'aimait pas être contrariée. Pire encore, elle ne supportait pas que son Histoire fut bafouée ! Ce monde lui appartenait et rien ni personne ne pouvait perturber ses écrits.

Le monde détruit, elle appela la chose pour la première et dernière fois.

"Tu n'as pas ta place chez moi ! Va-t-en et ne reviens jamais sans quoi ma Flamboyance fera pleuvoir l'encre sur toi jusqu'à te noyer sous mes tragédies ! Plus jamais tu ne perturberas mon Histoire ! "

Pour la première et dernière fois la chose revêtit une forme. La sienne.

Peu importe laquelle était la vraie, Jumistelle avait fait son choix.

Elle était la Volonté.

"Hors de ma vue !"

L'autre redevint autre et quitta ce Coté.

C'est ici que se termine l'histoire de l'autre et de la Volonté et ainsi commence l'interminable conte de la Divinité et des Autres...

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