Chapitre X, Ah! ces Frenchy's

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De la France voisine, les nouvelles n’étaient pas bonnes, le Var, les Basses-Alpes, la Drome, l’Hérault… dans tous ces départements des soulèvements, des mouvements de troupes un peu partout avaient eu lieu.

On en savait plus depuis la veille. De la côte, de Saint Laurent et de Grasse, des réfugiés avaient demandé l’asile politique.

Au début on avait pensé à une invasion, il en arrivait de tous côtés. Le plus gros bataillon provenait du nord, de la Vésubie. Hâves, déguenillés, ils avaient tenu tête à un dictateur, à celui qui deviendra bientôt le nouvel Empereur des Français.

Le directeur du journal l’avenir de Nice, un canard local rédigé en Français était venu les accueillir. Avec ses amis, le banquier Victor Carlone souhaitait la bienvenue aux insurgés varois, aux vaincus d’Aups !

Victor Juge, Jules Avigdor, le peintre Joseph Fricero, Honoré Gent, l’associé de Murray…

Tous hébergeaient des Français chez eux !

Honoré proposa à Abigaël de loger quelque temps un Gradé de cette révolte, un garçon charmant !

L’homme, un militaire à la moustache guerrière, fut d’une délicatesse extrême. Il s’agenouilla, baisa la main menue de la jeune veuve anglaise. Il la garda serrée un peu plus longtemps que ce que le protocole le recommandait, toujours accroupi, s’adressa à Madame Baxter.

— Madame, je suis votre obligé, je remercie la providence de faire la rencontre aujourd’hui, d’une si belle âme que la votre.

Et s’inclinant à nouveau lui renouvela, sans lâcher cette menotte qu’il trouvait à son goût, un autre baise-main.

Abigaël, rose de plaisir ne faisait rien pour abréger ce face à face

Gêné, Honoré Gent s’éclipsa, de toute façon, la jeune Anglaise accompagnait son invité à prendre place dans le tilbury ou sa pupille était déjà assise.

Maureen, amusée regardait sa tante à la dérobée, son visage avait l’incarnat du coquelicot, ses doigts tremblaient, elle précédait le beau militaire et lui enjoignait de grimper le premier sur le marche pied du véhicule. C’est ce qu’il fit, avant de s’arrêter à mi-parcours de prendre à nouveau le bras de son hôtesse et l’aide à s’installer avant lui. Son autre main posée nonchalamment sur la hanche il l’attira vers lui, elle volait pratiquement se retrouva assise sans avoir vraiment compris ce qui lui arrivait, de loin cupidon souriait en décochant de petites flèches.

***

Il en arrivait toujours, au début les autorités Génoise essayaient d’enfermer dans la citadelle de Villefranche ces gênants visiteurs, tout ce qui venait de France était dangereux, mais une grande partie des habitants étant favorable à l’arrivée de ces républicains le gouverneur renonçât aux poursuites. Nice était enclavé dans ses montagnes, loin de Turin..

En 1847, Auguste Carlone dans son éphémère Echo des Alpes Maritimes disait déjà

Si par suite de la configuration de notre sol et pour ménager les intérêts de Gênes et de Turin, nous devions mourir de faim derrière nos montagnes, derrière des routes coupées par des torrents…

Si la Savoie et Nice sont destinées à devenir l’Irlande de l’Italie, nous aurons aussi nos Repealers !

Turin avait fini par interdire ce périodique pro français, qui était revenu plus tard sous un autre nom.

Tout n’était pas faux cependant dans cet article, la capitale Turin était à plusieurs journées de marche, la France juste de l’autre côté d’un fleuve qui n’avait jamais été une frontière. Tous le savaient tôt ou tard, Nice demandera à être rattachée à la puissance voisine. La résistance de Catherine Ségurane était oubliée depuis longtemps.

Deux filles, pas encore des femmes, plus tout à fait des enfants qui se foutaient de la politique avaient repérées un jeune Varois qui semblait perdu. Il avait le regard lointain et le sourire triste d’un chien de chasse ; elles se disputèrent les honneurs de l’accompagner auprès d’Eugène Campdoras. Maureen manœuvrerai pour qu’il soit hébergé chez eux. Mais elle devrait être vigilante, Antoniétta, la petite fille du vieux berger de Cimiez avait des rondeurs suggestives. Surtout, c’était la première fois qu’un garçon lui plaisait ! Elle savait qu’il lui faudrait se battre !

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