Chapitre VI. Le soleil, le ciel, la mer !

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Maureen somnolait à l’ombre d’un pin. Un petit vent tiède lui caressait le visage, les bras et les mollets. Sa sœur Cathy lui était apparue en rêve cette nuit, c’était rare ces derniers temps.

Pieds nus dans la lande sauvage, elle sautait dans les flaques et courrait dans de grands champs de fleurs odorantes. Son rire joyeux et communicatif balayait tout sur son passage. Soudain, elle s’arrêta de danser et de tourbillonner. Son air devint grave, elle voulait parler, n’y parvenait pas. Elle se retourna et disparut subitement. Habituellement elle les comprenait toujours ces rêves. Alors elle pensa également à ses parents. Étaient ils déjà arrivés das ce port du Nouveau Monde dont elle avait oublié le nom ! Pourquoi n’avait-elle pas de nouvelles ? Était-il possible que ses parents l’aient abandonnée ?

Pour dissiper son malaise, Maureen quitta la douce quiétude du petit bois de pins parasols. Elle courut le plus vite qu’elle pût sur les galets bouillants. Elle se débarrassa rapidement de sa robe. Elle aurait voulu vivre nue pour mieux sentir le vent caressant et la dure morsure d’un soleil brulant qui rougissait sa fragile peau de rousse. La mer clapotait à quelques pas de là. Elle trempa juste les orteils pour commencer, elle s’en méfiait, ne savait pas si elle pouvait s’en faire une amie. Elle avança un peu, l’eau lui arrivait à la cheville, puis aux genoux. Elle progressa encore glissa sa main dans le liquide, s’en badigeonnait le visage. Elle se retourna, elle était assez loin du petit bois ou elle avait déposé ses inquiétudes. Elle s’accroupit, s’allongeât, une vague l’attira vers le large une autre la jeta sur un banc de sable blond. Au fond, entre les algues d’un vert tendre des poissons minuscules nageaient. Elle se sentait bien, merveilleusement bien. Elle resta un moment dans cette baignoire naturelle et décida qu’il était temps d’en sortir. Elle ramassa au passage sa robe de satin et son jupon de crinoline, attendit un instant avant de s’en revêtir à nouveau. Le soleil la léchait sensuellement, il était doux, mais elle savait qu’il ne fallait pas lui faire confiance. Elle finirait de sécher sous l’ombre bienveillante des grands conifères. Bientôt, il ne subsisterai, que le gout de sel sur sa peau.


Le brave Docteur ne les avait pas trompés, c’était bien le paradis ici ! Elliott Smollet, le petit-neveu du célèbre Tobias G Smollett, les avait accueillis dans son immense villa du New Borough, à deux pas d’El Camin Dei Ingles.

Abigaël avait repéré un petit cottage à retaper, elle décida qu’ils s’y installeraient rapidement. Ce qui l’émerveillât surtout c’était la possibilité d’avoir un vaste jardin cascadant de restanques en restanque, jusque sur la plage

Murray en commerçant avisé allait développer son activité de négociant, il avait retrouvé ici une partie de la clientèle. Il avait gouté aux vins italiens, certains étaient fameux ! Il ferait découvrir aux Sardes et aux Génois le gin anglais le Whisky écossais et le Rhum jamaïcain !

Maureen, elle, oubliait les années noires. Elle oubliait l’Irlande, les vertes vallées et les champs de patates. Elle attendait toujours vaguement anxieuse, cette fichue lettre de Baltimore qui ne parvenait pas.

Ce qu’elle ne savait pas, ce que sa tante Abigaël lui cachait…

Le king Guillaume III n’arrivera jamais à Baltimore… Le bateau s’était abimé en mer, on ne savait s’il y avait des survivants.

— Tu ne crois pas que la gamine a le droit de savoir ce que ses proches sont devenus ? demandera alors Murray à sa femme.

— Regarde ta nièce Murray Baxter, n’a-t-elle pas l’air radieuse ? Non, elle oubliera ses parents ses frères et sœurs, bientôt elle ne pensera plus ni à L’Irlande ni au Nouveau Monde ! Je ne veux pas être la méchante qui gâche les moments heureux ! Elle est un Baxter désormais !

— J’espère que tu as raison ma douce colombe ! Un jour Maureen demandera des comptes, que lui répondras-tu !

Abigaël se mura dans le silence, elle eut un geste excédé de la main qui pouvait vouloir dire

Laisse-moi tranquille, chaque chose en son temps…

Comme Murray Baxter ne savait pas dire non à sa femme, le secret fut gardé. Nul ne saurait sans doute jamais ce qu’étaient devenus les O’Brien !

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