Repos

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rDebouts sur les monticules de sable qui forment des collines, nous observons le port. Frock et ses hommes s'y sont installés avec les Azumabito en otages. Nos camarades s'y sont rendus dans le but de sauver les asiatiques et s'emparer de l'hydravion afin que nous puissions rejoindre Eren et tenter de l'arrêter.

Sieg et lui sont en effet entrés en contact et il a activé les pouvoirs de l'originel. Seulement, ses intentions ne sont pas l'éradication douce du peuple eldien, je le savais bien ! Au contraire, il a l'intention d'exterminer le reste du monde afin de préserver notre île et ses habitants ! Il faut à tout prix l'en empêcher car nous sommes persuadés qu'il doit y avoir une autre solution, bien plus pacifique, pour garantir notre avenir.

Mais pour cela, il faut justement le rejoindre. Voilà pourquoi le major Hansi, Armin et quelques autres de nos camarades se sont rendus au port dans le but de récupérer l'hydravion, tout en sauvant les Azumabito au passage. J'espère que le plan de mon jeune ami va fonctionner.

Soudain, des coups de feu éclatent, puis des bruits sourds d'explosions et de vitres brisées ! Ils sont en train de tirer des lances foudroyantes sur les fenêtres des bâtiments ! Très vite après, nous pouvons voir deux éclairs jaunes et sentir le sol gronder ! Les titans cuirassés et féminins ont fait leur apparition ! Ils se battent contre les hommes de Frock !

Derrière moi, la voix d'Onyankopon se fait entendre :

- Ça a mal tourné, comme de juste. Pourquoi ça part toujours en vrille ?

- La violence est inhérente à l'homme, lui répond Jelena, n'est-ce pas caporal ?

Ce dernier, adossé aux rochers, ne répond rien. Je prends la parole à mon tour :

- Ce n'est pas le moment de bavarder, nous devons bouger. Grimpez tous sur Pieck !

La jeune femme s'était déjà transformée en titan charrette depuis un petit moment. Je me dirige vers Livaï afin de l'aider à se hisser sur le dos de notre nouvelle coéquipière. Une fois que nous sommes bien installés, Pieck se met en route. Elle descend vers le port et se faufile entre les bâtiments. Nous ne devons surtout pas nous faire repérer, mais au cas où, je prends mon fusil en main, afin d'être prête à tous nous protéger.

C'est justement pour cela que je ne suis pas allée me battre avec les autres, bien que j'en suis capable. J'ai fait part au major Hansi de ma volonté de rester protéger les plus faibles de notre petit groupe, et elle a accepté sans hésitation.

Alors que nous approchons du bateau, nous tombons face à face avec les titans cuirassé et féminin en difficulté. Ils tentent en effet de protéger l'embarcation des lances foudroyantes tirées par nos adversaires, mais ce sont leurs corps qui en payent le prix. Onyankopon remarque :

- Ils prennent le navire pour cible. À ce rythme, ces deux-là ne tiendront plus très longtemps . . .

- Il faut que j'y aille, déclare Falco. Avec le pouvoir du mâchoire . . .

- Non, le coupe Pieck, qui a la capacité de parler notre langue, même sous forme titanesque. La première transformation ne se passe jamais très bien !

- Mais il faut bien agir, sinon . . .

- Laisse-moi faire. J'irai leur prêter main forte après vous avoir déposés au bateau !

- Ça ne se passerait pas comme ça, si c'était Galliard qui était à ma place . . . Lui, il serait tout de suite passé à l'action, sans hésitation !

À ces mots, il saute du dos du titan charrette et se précipite vers le champ de bataille ! La petite Gaby tente de le rattrapper en tendant sa main, tout en criant son nom :

- Falco !

- Laisse-le, dis-je en posant ma main sur son épaule pour la retenir, il sait ce qu'il fait. C'est sa décision, tu dois avoir confiance en lui !

- Je vous ramène au bateau, déclare Pieck.

Nous poursuivons donc notre chemin. Le titan charrette plonge dans l'eau salée de la mer afin de rejoindre le ponton d'embarquement sans encombre. Nous ressortons des flots à peine quelques secondes plus tard. Nous sommes enfin arrivés à destination !

Le capitaine Magath y est déjà. Pieck l'informe aussitôt :

- Falco nous a faussé compagnie !

Nous descendons tous de son dos, afin qu'elle puisse aller aider nos alliés au combat. Après avoir posé les pieds au sol, je tends mes bras vers Livaï et lui dit :

- Laissez-vous glisser, je vous rattrape.

- Tss !

Je le comprends, ce doit être vraiment insupportable de passer du statut de plus puissant soldat de l'Humanité à celui d'infirme incapable de se déplacer seul !

Pourtant, il ne rechigne pas et accepte mon aide. Je le rattrape donc comme promis et le soutient en passant son bras au-dessus de mon épaule et le mien derrière son dos, afin qu'il puisse s'appuyer sur moi.

En passant près du capitaine mahr, je remarque aussitôt Armin dans ses bras, le visage couvert de sang ! Je m'exclame alors :

- Armin ! Que s'est-il passé ?

- Il a pris une balle dans la mâchoire, mais grâce au pouvoir de régénération des titans, il devrait bientôt être totalement remis. Tu n'as donc aucune inquiétude à te faire pour ton ami.

- Je sais bien. Seulement, s'il y a la moindre complication ou autre problème, aussi petit soit-il, j'aimerai que vous m'en informiez.

- C'est entendu.

- Merci, capitaine Magath.

Livaï et moi poursuivons ensuite notre marche et montons à bord du bateau. D'ici, on peut très bien voir le combat qui se déroule à quelques mètres de là sur la terre. Pieck a déjà rejoint nos vaillants camarades et ils luttent tous ensemble pour nous protéger. La bataille est terrible et sans pitié ! Nos alliés charcutent nos ennemis les uns à la suite des autres, transformant le port en un véritable bain de sang.

Soudain, un nouvel éclair jaune jaillit, dévoilant un nouveau titan : celui du jeune Falco ! Je n'en ai jamais vu un pareil, il est recouvert de plumes, on croirait voir un oiseau géant !

Il tente de s'attaquer à Frock, qui lui fait face, mais ce dernier l'esquive à l'aide son équipement tridimensionnel et se précipite dans notre direction, prêt à envoyer une lance foudroyante exploser la coque du bâteau !

Je me retourne et serre Livaï contre moi, de façon à m'interposer entre lui et la menace pour le protéger. J'ai conscience que ce ne sera sûrement pas suffisant, mais je ne vois pas ce que je peux faire d'autre : même avec mon équipement tridimensionnel, je n'aurai pas le temps d'atteindre notre adversaire avant qu'il nous ai tiré dessus.

C'est alors que j'entends un coup de feu. Je jette un coup d'oeil par-dessu mon épaule et constate que la petite brune s'est chargée de tirer sur Frock à l'aide du fusil que j'avais laissé de côté pour pouvoir m'occuper de mon supérieur. Le rouquin tombe dans l'eau et disparait dans les profondeurs de la mer, teintant les flots de son sang.

Au même moment, et grâce aux efforts des ingénieurs de Heazul qui sont parvenus à nous rejoindre, le bateau est enfin prêt à partir ! Les combattants se dépêchent donc de se replier pour nous rejoindre, mais il y a un problème avec le nouveau titan mâchoire . . . Il continue de se déchainer !

Pieck l'approche pour l'informer que le combat est terminé, qu'il peut se calmer et se replier, mais . . . Contre toute attente, il se jette sur elle et tente de la dévorer !

Heureusement, elle est toujours sous sa forme titanesque et parvient à se défendre. Elle l'immobilise sous ordre du capitaine Magath qui, muni d'une lame anti-titans, se précipite vers le nouveau détenteur du mâchoire afin de l'extraire de la nuque de son titan.

Il en sort le petit indemne, bien qu'inconscient. Malheureusement, ce n'est pas le cas des autres possesseurs de titans primordiaux, qui reviennent tous salement amochés ! Heureusement que leurs corps vont automatiquement se régénérer !

Nous nous retrouvons donc tous à bord du bateau, hormis le capitaine Magath que je vois s'éloigner en courant. Je demande à Onyankopon, qui est le dernier à s'embarquer avec Falco dans ses bras :

- Où va-t-il ?

- Il se charge de couvrir nos arrières.

Nous levons aussitôt l'ancre et le navire s'éloigne doucement du port. Un peu plus tard, alors que nous nous remettons tant bien que mal de nos émotions et blessures, pour certains, une sourde détonation se fait entendre ! Le bâteau qui était encore amarré et que les pro-Jäger préparaient dans le but de nous rattraper vient d'exploser !

Alors c'est cela qu'entendait Magath par le fait de couvrir nos arrières ? Faire sauter tous nos poursuivants, même si cela implique de mourir avec eux ? Décidément, on peut dire que c'est un homme radical ! Sa disparition m'attriste, mais sûrement pas plus que nos jeunes alliés de Mahr, qui pleurent à chaudes larmes.

*

Nous nous éloignons petit à petit de l'île. Sa côte a à présent complètement disparu de notre vue. C'est alors que je me demande : quand la reverrons-nous ? Quand pourrons-nous enfin rentrer chez nous ? Impossible de répondre à ces questions pour l'instant.

Je pousse un soupir et reporte mon attention sur mon supérieur blessé :

- Venez, vous avez besoin de repos.

- Ça va, ne t'inquiète pas pour moi. Occupe-toi plutôt d'Armin. Il est dans un sale état.

- Et vous ? Je vous signale que vous êtes le plus grièvement blessé de tous ! Et vous n'avez aucune capacité de régénération contrairement à Armin et aux autres accidentés. Vous êtes donc mon blessé prioritaire. Cependant, dis-je en me tournant vers nos camarades, n'hésitez pas à venir me voir au moindre problème ! Allez, suivez-moi, adressé-je à Livaï.

Nous descendons à l'intérieur du bateau et longeons le couloir. Je finis par trouver une chambre et nous y pénétrons. Je ferme la porte derrière nous pour lui assurer de la tranquilité, et l'asseois sur le lit, en lui disant :

- Allongez-vous, vous devez vous reposer.

- Le temps n'est pas au repos, je dois me rendre utile.

- Vous en avez besoin ! De toute façon, ce n'est pas un conseil que je vous donne, mais un ordre !

- Un ordre ? Je te signale que c'est moi ton supérieur.

- Oui, mais c'est moi le médecin, ici et, en tant que blessé, vous me devez totale obéissance. Allongez-vous et reposez-vous.

- Tss ! Ce que vous pouvez être entêtés dans votre famille . . . C'est bon, j'ai compris.

Il s'allonge. Je le couvre avant de m'asseoir sur le fauteuil installé près du lit. Il me demande :

- Tu comptes vraiment rester là jusqu'à ce que je m'endorme ?

- Non, je vais rester là tant que vous y serez.

- Sérieusement ?

- Évidemment !

- Je ne suis plus un gamin, Éléonore. Je n'ai pas besoin qu'on me borde.

- Certes, mais les blessés aussi ont besoin d'être bordés.

- Je rêve ou tu ne me vois que comme un pauvre infirme faible et sans défense ?

- Je vous vois juste tel que vous êtes et actuellement, malheuresuement, vous êtes un blessé. Il faut donc bien que je vous traite comme tel. Que voulez-vous que je fasse d'autre ?

- Que tu me laisses un peu plus d'autonomie.

- Ce n'est pas moi, mais vos blessures, qui vous privent d'autonomie. Vous n'êtes même pas capable de tenir debout ! Alors soyez raisonnable et suivez mes consignes, s'il vous plait.

Il pousse un soupir :

- C'est bon, fais comme tu veux. De toute façon, dans mon état, je ne serai pas capable de t'imposer quoi que ce soit.

- Ne vous en faites pas, dis-je en posant ma main sur la sienne pour le rassurer et le soutenir, vous serez bientôt remis sur pieds.

- Si tu le dis . . .

Il ferme les yeux et ne bouge plus. Ce n'est qu'alors que mon sourire rassurant et confiant tombe.

Pauvre homme ! La vie est loin d'être douce avec lui ! Et je remarque que c'est toujours pour me protéger qu'il finit blessé ! D'abord sa cheville, il y a quatre ans, qui, heureusement, a guéri en quelques semaines, comme prévu, puis son corps tout entier maintenant ! Et cette fois, bien que je le lui ai assuré, je ne suis pas du tout certaine de pouvoir le guérir !

L'idée qu'il reste infirme pour le restant de ses jours m'est insupportable et je dois secouer la tête pour la chasser de mon esprit !

Ne voulant pas lui transmettre mon sentiment d'inquiétude et de crainte, je lâche sa main. Il a besoin de repos après tout . . .

*

Il ouvre les yeux et se redresse, avant de poser ses pieds sur le sol. Je me lève alors de mon fauteuil et pose mes mains sur ses épaules afin de l'empêcher de se lever, tout en lui disant :

- Vous devez vous ménager, ne vous fatiguez pas inutilement.

- J'ai assez dormi comme ça. Sans compter que marcher un peu n'a jamais été fatiguant.

- Vous n'êtes pas en forme pour . . .

- Éléonore, j'ai besoin de me lever, ne serait-ce que pour prendre l'air. Je n'ai pas intégré le bataillon d'exploration et quitté ces murs pour finir enfermé dans une petite cabine.

À ces mots, il se lève, mais doit s'appuyer au mur pour avancer. Je le rejoins et attrape ses épaules pour le soutenir, tout en déclarant :

- Très bien, mais laissez-moi au moins vous aider.

- Si tu y tiens . . .

Nous quittons la cabine et il s'appuye à la barre de fer qui longe les murs du couloir. Nous avançons ainsi petit à petit, à son rythme, quand nous croisons Armin.

Ce dernier semble, à mon grand soulagement, complètement remis de ses blessures ! En nous voyant, il s'exclame :

- Ça ne va pas ! Vous devez rester allongé !

- Combien de temps tu voudrais me faire pioncer encore ? Vous allez finir par oublier que j'existe, à force !

- Crois-moi, Armin, j'ai tout essayé, mais il ne veut rien entendre ! Une vraie petite tête de mule ! affirmé-je, un sourire amusé aux lèvres, afin de détendre un peu l'atmosphère.

- Bref, cette enflure de femme à barbe, que la fièvre causée par ses fractures avait assomée, vient de reprendre connaissance. Il faut l'interroger pour lui faire cracher où se dirige Eren !

- En effet . . .

- Si vous permettez, dit Pieck en s'avançant vers nous, j'aimerai me joindre à vous . . .

Nous nous dirigeons donc tous d'un pas confiant vers la cabine où est installée la jeune femme blonde, même si, au fond, bien que nous avons hâte d'enfin tout savoir, nous appréhendons énormément les révélations qu'elle va nous faire . . .

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