Chapitre 10

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Le jeudi arriva bien trop vite pour Lisa qui ne savait pas comment agir. Elle ne pouvait pas rejouer la comédie et refuser de terminer le tableau sous un argument fallacieux. Trouver une excuse pour ne pas s’y rendre ce jour-là, était tout à fait déraisonnable. Elle n’avait donc pas d’autres alternatives. Elle demanda à Albina de l’accompagner comme un rempart à sa propre faiblesse.

Seul Léonard et les musiciens étaient présents lorsqu’elles arrivèrent à l’atelier. Albina fit le tour du propriétaire l’œil fort intéressé alors que Lisa prenait place dans l’habituel confortable fauteuil. Le luth égrenait ses notes avec délicatesse emplissant la pièce de joie. L’artiste avait du talent et Lisa appréciait de pouvoir se bercer de la musique qui l’emportait hors d’elle pendant que le peintre immortalisait son visage.

Salai comme à son habitude arriva en courant d’air. Léonard le réprimanda comme à chaque fois, avec cette expression clémente. Salai fronça les sourcils en apercevant la rousse et ronde Albina errant entre les œuvres. Le regard qu’il lança a Lisa, reflétait la déception et les interrogations mélangées. Il se pencha pour murmurer à l'oreille du peintre. Léonard rit à gorge déployée. Albina s’approcha des deux hommes avec son dynamisme habituel, manquant de grâce :

« Pourrait-on partager ce qui vous fait rire ?

Les deux hommes se tournèrent vers elle d’un même mouvement pour la regarder. C’est Léonard qui répondit le premier.

- Chère madame, vos douces oreilles ne sauraient le supporter.

Albina tout de même un peu vexée, s’approcha pour observer le travail de l’artiste.

- Vous êtes assez doué. Lui dit-elle.

- Assez doué ? Vous me vexez madame.

Salai lui pris la main pour la porter à sa bouche. Ce seul geste percuta Lisa en plein ventre tel un coup de poing .

- Madame, Léonard n’est pas doué, c’est un génie. Le plus grand. Ce serait comme dire que vous êtes juste plaisante.

Les joues d’Albina rosirent sous le compliment. Le cœur de Lisa tapait plus fort et son estomac se nouait. Elle était contrariée de l’attitude de Salai envers son amie. Elle s'offusqua que celle-ci réagisse aussi facilement au charme de Salai. Jusqu’à la fin de la séance Salai badina avec Albina qui semblait séduite. Lisa avait la mine chagrine. Léonard n’arrêtait pas de lui demander d'étirer son sourire timide. Elle n’y arrivait pas. Son regard portait sur Salai et Albina. Ses traits se fermaient. Léonard voyant qu’il ne pouvait rien y faire, décida d'en terminer là. Bien conscient de ce qui perturbait Lisa.

Salai se proposa, comme à son habitude, de raccompagner les jeunes femmes. D’un ton acerbe, Lisa lui rétorqua qu’il en était hors de question. Elle se rendit compte de la brutalité de ses paroles, de ce qu’elles laissaient deviner. Mais, elle n’avait pu les retenir. Salai ne se démonta pas :

« Ma présence ne vous a jamais à ce point indisposé madame ! Ne vous en faites pas, je ne m’imposerais pas. Rentrez donc. »

Sur cette parole, il les devança et sortit de l’atelier sans se retourner.

Le jeudi suivant, Lisa ne demanda pas à Albina de l’accompagner. L’ombrage qu’elle éprouvait de l’attention de Salai envers son amie l’avait prise de cours. Le choc de se savoir jalouse n’était pas encore passé. Elle tourna les images de son souvenir mille fois dans sa tête sans jamais comprendre ce qui la mettait dans cet état. Elle cessa d’y penser lorsqu’elle vit Salai qui arrivait droit sur elle. Il l’arrêta l’entrainant dans une ruelle déserte.

« Pourquoi ?

Lisa ne savait pas de quoi il parlait.

- Pourquoi es-tu parti l’autre jour ?

Bien sûr, il parlait de l’après-midi ratée.

- Je ne pouvais pas.

Il se rapprocha jusqu’à toucher sa poitrine de son torse. Elle ne le repoussa pas. Ses yeux virèrent au noir tempête.

- De toute façon, vous savez vous consoler bien vite.

De surprise, Salai recula d’un pas. Remettant une distance plus confortable entre eux.

- Je ne comprends pas dit-il.

- Ah bon ?

- Non vraiment…

- N’avez-vous pas minaudé toute la journée de jeudi avec mon amie.

Salai la contempla longuement avant d’étirer son plus charmant sourire.

- Tu es jalouse ma parole.

- Absolument pas ! se récria-t-elle

- Si.

- Non. Je…

Il l’embrassa, l’empêchant ainsi de proférer des paroles qui saccagerait sa joie toute neuve. Lisa se laissa faire. Se détachant enfin de sa bouche, il la prit par la main l’entrainant derrière lui dans une course folle à travers les rues de Florence. Elle criait et riait en même temps. Les émotions la submergeaient sans qu’elle ne puisse plus ni les raisonner ni les contenir.

Ils s’arrêtèrent devant la maison qu’elle avait quitté en courant l’autre jour. Elle marqua un mouvement de recul mais Salai ne la laissa pas faire. Il la tira dans l’escalier en colimaçon qui tournait autant que la tête de Lisa. Il poussa Lisa à l’intérieur de la petite chambre sombre et referma le clapet derrière lui.

Alors, il prit la tête de Lisa dans ses mains. Embrassant ses yeux, ses joues, son cou, ses lèvres. La fièvre la prenait. Elle se risqua à l’imiter. A savourer le sel de sa peau.

Il la souleva, l’incitant à mettre ses jambes autour de sa taille. Il la porta ainsi jusque sur le lit. Il fit glisser le haut de sa robe, découvrit ses seins dont il s’occupa avec grand soin, faisant venir des soupirs dans la bouche de Lisa. Il inséra sa main sous ses jupes, caressant la peau nue de ses cuisses. plongeant ses doigts au creux de sa féminité. Lisa gémissait d’un plaisir nouveau. Ses doutes, sa culpabilité volaient en éclat. Elle le laissa faire, et ils firent l’amour à moitié habillé comme un témoignage de l’avidité qu’ils goûtaient l’un de l’autre.

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