Premier

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  Un magnifique espace interplanétaire s'étalait devant ses yeux. L'infinité des dimensions contenait toutes les grâces. Des traînées violettes, vertes, ocres, s'étiraient en filaments entre les orbites des planètes du système, et une large ceinture d'astéroïdes tournoyait entre la rougeâtre à sa gauche et la grise recouverte de nuées juste derrière. Au loin, dans toutes les directions, les astres lointains mouchetaient et tentaient bravement d'illuminer le vide. Tous les corps célestes présents reflétaient la lumière de leur étoile qui venait par l'arrière, et les satellites projetaient des ombres arrondies sur la courbure du sol. Son vaisseau immobile, flottant au milieu de ce maelström majestueux, lui offrait un point de vue idéal. Mais elle connaissait ce spectacle grandiose et le quitta sans regret lorsque la voix synthétique de son vaisseau prit la parole.

  • Appel entrant de Nork.

 Elle claqua des doigts pour établir la conversation.

  • Olovaï ? Vous arrivez bientôt ?
  • Je suis entre la ceinture et Hubyna. Je fonce.
  • Je vous envoie les coordonnées. Dépêchez-vous.
  • Bien sûr.

 Elle baissa le poignet tandis que la communication disparaissait sur son écran sur un nouveau claquement des capteurs cousus au bout de ses doigts. Elle empoigna un levier sur son tableau de commande et de l'autre main, alluma les hauts-parleurs du vaisseau.

  • Dorden, Lanya.

 Les deux voix résonnèrent à l'unisson dans son écouteur.

  • Oui, capitaine ?
  • On démarre. J'ai les coordonnées, il nous reste peu de temps. Tout est prêt ?
  • Affirmatif.
  • Parfait.

 Elle éteignit et abaissa le levier.

  • Iron, suit les coordonnées entrées au nom : Nork.

 Le vaisseau bondit en avant dans un léger rugissement de moteurs et commença à descendre. Olovaï vérifia d'un coup d’œil que le camouflage de son fuselage fonctionnait et accéléra encore un peu. Direction la ceinture d'astéroïdes. Elle enclencha son radar du même mouvement de main qu'elle releva la manette des gaz. Le temps pressait. Son vaisseau fonça sans rechigner, laissant des panaches de vapeur dans son sillage qui s'effacèrent aussitôt. La planète Hubyna-04 grossit devant la vitre. Le pilote se pencha en avant, serra les dents, et le vaisseau se faufila en souplesse entre les astéroïdes. Elle jeta un regard vers la route qui y avait été aménagée et qu'elle ne pouvait pas emprunter. Les douaniers l'y attendraient de pied ferme. Elle contourna un énorme corps rocheux et perdit la route spatiale de vue. Les virages devenaient de plus en plus serrés et rapides. Olovaï oscillait sans cesse du regard entre la vitre et le radar qui bipait inlassablement.

  • Collision imminente, répétait l'ordinateur de bord du Iron Beetle.

 Il fallait vraiment qu'elle règle ce détecteur en moins sensible. Une porte chuinta derrière elle ; elle ne tourna pas la tête.

  • Tout est réglé, capitaine.

 Elle ne répondit pas, concentrée sur la conduite.

  • Collision imminente.
  • Je peux voir les coordonnées ?
  • Iron, affiche le message de Nork.

 Olovaï jeta un œil aux données envoyées par son supérieur, sur le tableau de bord, et les agrandit d'un mouvement des doigts.

  • Voilà. C'est vers le pôle supérieur, un astroport abandonné dont on a l'accès.

 Dorden hocha la tête et contempla la planète rougeâtre qui prenait de plus en plus de place dans leur champ de vision.

  • Collision imminente.
  • Où est Lanya ?
  • Dans la soute des porteurs, elle fait une ronde.

 Olovaï hocha la tête et tourna les talons après avoir noté les coordonnées sur son netcom. Il allait passer la porte quand un choc sourd ébranla la structure et fit pencher le vaisseau.

  • Choc important.

 Olovaï fut jetée à terre et glissa jusqu'à l'autre bout de la pièce pour heurter le mur par le côté. Elle poussa un cri de douleur et aperçut Dorden, tombé par l'embrasure de la porte pneumatique, heurter la paroi lui aussi. La radar s'affola.

  • Alerte. Stabilité du vaisseau compromise.
  • Kragn !

 Elle se leva malgré la douleur aiguë à sa hanche et courut saisir les commandes. Le sol tanguait sous ses pieds. La porte glissa, hors de contrôle, avec la violence d'une lame de guillotine, vers la jambe du second gisant sur le seuil.

  • Iron ! Bloque la porte !

 L'ordinateur interrompit la fermeture d'extrême justesse.

  • Dorden ! Ça va ?

 Elle entendit un grognement dans son dos, mais elle ne pouvait pas prendre le temps de se retourner. Il fallait sortir de cette zone. Elle réussit à stabiliser le vaisseau qui penchait et ralentit un peu l'allure, mais le champ d'astéroïdes continuait et elle devait garder sa concentration. Une voix monta derrière elle.

  • Bon sang, que s'est-il passé ?
  • On a touché un astéroïde. Tu n'es pas blessé ?
  • Une bosse. Et vous ?
  • La hanche, rien de grave. Va voir Lanya !

 Il disparut par la porte, le pas traînant. Après quelques virages acrobatiques, elle sortit enfin du champ d'astéroïdes.

  • Iron, stoppe tous les moteurs. Vol en suspension.
  • Accompli.

 La jeune femme se laissa tomber dans le siège, soulagée.

  • Iron, inventaire des dommages.
  • Aile droite désaxée de 21°. Dommages minimes sur le gyroscope avant. Lampe avant droite inutilisable. Réacteur droit endommagé. Ailette de stabilisation arrière droite fragilisée.
  • Misère, lâcha-t-elle.

 Elle quitta le poste de pilotage. Son netcom sonna pendant qu'elle marchait dans la coursive.

  • Dorden ! Comment va Lanya ?
  • Elle est tombée dans les machines. Elle n'est pas blessée, mais je ne sais pas comment la sortir de là.
  • Kragn ! Il faut réparer l'aile droite ! Bon, j'arrive.

 Elle courut vers la salle des machines.

 La mécanicienne gisait effectivement au milieu des tuyaux, entre deux jets de vapeur intermittents. Elle n'osait pas déplacer ses membres, au risque de faire basculer l'assemblage instable qui la soutenait. L'angle d'une conduite lui soutenait les reins, mais à chacune de ses respirations grinçait et pliait dangereusement.

  • Lanya ! Tu m'entends ?
  • Oui, capitaine...

 Un jet de vapeur siffla en masquant son visage.

  • Je vais bien, mais je ne peux pas bouger.

 Dorden avait pâli, dans la lueur des néons au-dessus de lui.

  • OK, ne bouge toujours pas, on va descendre, décida Olovaï.
  • Vous êtes sûre, capitaine ?
  • Et tu comptes faire quoi ? jeta-t-elle à Dorden, acerbe, en empoignant déjà l'échelle.

 Elle disparut dans l'ombre. Dorden ragea entre ses dents, puis la suivit. Elle avait atteint le sol et allumé la lampe sur son front. Lanya projetait des ombres floues devant eux. Olovaï connaissait bien son vaisseau, un Nexus-U46 de la dernière fournée ; elle louvoyait entre les énormes pièces de machinerie, pour arriver en-dessous de sa mécanicienne, en équilibre sur un rouage immobile.

  • Je suis en-dessous de toi, Lanya, je te vois.

 Des conduites avaient cédé lors de sa chute. Heureusement, les moteurs étant stoppés, rien n'en sortait et le sol n'était pas inondé, ni d'eau ni de carburant. Olovaï commença par emboîter les morceaux qui s'étaient démontés, mais certains avaient plié. Aucun n'était déchiré, heureusement. Une fois cela fait, elle resserra le faisceau de sa lampe pour pouvoir observer précisément l'état des tuyaux qui soutenaient Lanya. Elle indiqua d'un geste à Dorden celui qui soutenait le dos.

  • Maintiens-le !

 Dorden obéit et serra ses mains épaisses autour de la conduite. Olovaï avança vers celle qui grinçait sous la nuque de la mécanicienne.

  • Lanya ! Je vais écarter la conduite qui tient ta tête, Dorden tient celle qui est sous ton dos. Sois prête à glisser le long de celui que je tiens, d'accord ? Je l'écarte et tu vas essayer de profiter du petit répit que te donne Dorden pour l'agripper. Tu es prête ?
  • Oui... Allez-y.

 Olovaï hocha la tête à l'adresse de son second et tira d'un coup sec. Lanya se leva aussitôt, debout en équilibre précaire sur le tuyau, qui émit un terrible grincement et céda une seconde après qu'elle eut agrippé celui d'Olovaï de toutes ses forces. Le morceau de métal chuta dans un immense fracas aux pieds de la pilote, frôlant au passage Lanya. Elle atterrit à côté de sa capitaine qui l'aida à se réceptionner.

  • Tu vas bien ?
  • Affirmatif, capitaine.

 Le second acquiesça, silencieux, et saisit le morceau tombé.

  • On ne peut pas remettre les moteurs en route tant que ça n'est pas réparé.

 Olovaï jura pour la troisième fois.

  • Tu te charges de ça ? Je monte réparer l'aile droite.
  • Allez-y capitaine, on s'en occupe tous les deux, proposa Lanya.
  • D'accord. On se dépêche, ils nous attendent !

 Elle remonta sur l'échelle. Son netcom tinta lorsqu'elle en atteignit le sommet.

  • Appel entrant de Nork.
  • Olovaï ! Qu'est-ce que vous fabriquez, bon sang ?
  • Une avarie, Nork. Laissez-nous le temps de réparer.
  • Les porteurs n'ont rien ? dit la voix soudain angoissée.
  • Non, seule l'aile a pris. On répare et on arrive.
  • Dépêchez-vous. Si vous tardez trop, on file. Les B.I.I. finiraient par arriver.

 Les B.I.I., les Brigades d'Intervention Interplanétaires, ne devaient en aucun cas découvrir leur trafic. Olovaï avait déjà eu plusieurs démêlés avec eux.

  • Vendu. Terminé.

 Elle ferma la communication et arriva dans le sas. Elle ouvrit une porte coulissante pour découvrir un placard rempli de combinaisons argentées et en saisit une pour la revêtir avec des gestes précipités. Elle referma la glissière jusqu'à son menton puis posa un masque sur son visage.

  • Iron, fermeture du sas.

 Des lumières commencèrent à clignoter autour de la seconde porte du sas, celle qui menait vers l'extérieur. Olovaï courut enfoncer l'extrémité du câble relié à sa combinaison dans une prise prévue à cet effet sous le bouton d'ouverture. Il s'y clipsa aussitôt et le bouton s'illumina.

  • Iron, ouverture vers l'espace.

La porte lentement reculait et dévoilait l'espace. Olovaï serra entre ses mains la base de son masque et l'air afflua, dans un léger sifflement. Elle cligna des yeux, saisit à la main le câble et sortit dans l'espace interplanétaire.

 Olovaï flottait dans le vide. Elle avait bondi sur le seuil pour avoir un peu d'élan. Elle se contorsionna pour atteindre l'aile, et la remonta jusqu'aux barreaux qui couraient le long de la coque, pour passer par-dessus. Le sas de sortie se trouvait du côté gauche du vaisseau, elle devait faire le tour. Son câble flottait derrière elle et dessinait des boucles.

  • Huit minutes d'oxygène.

 Elle posa enfin ses pieds sur le carénage de l'aile droite, effectivement complètement désaxée. Elle passa ses pieds entre les barreaux et lâcha ses mains pour dévisser légèrement le volet abîmé, puis retint un juron pour ne pas gaspiller le dioxygène et quitta complètement l'échelle. Elle flotta au-dessus de l'aile, jeta un regard pensif à la ceinture d'astéroïdes derrière elle et s'accrocha au bord de l'aile, appuyant de toutes ses forces ses pieds contre la coque. Un grincement retentit ; Olovaï gémit faiblement sous l'effort. L'aile bougeait avec une lenteur exaspérante.

  • Cinq minutes d'oxygène.

 Le pilote serra les dents et ferma les yeux. Au bout d'un moment, un 'clong' retentit. Elle ouvrit les yeux ; le bord de l'aile venait de sa caler dans la rainure d'origine. Elle lâcha le métal et la survola. Il restait une grosse marque d'impact, l'aile était un peu tordue. Il faudrait sans doute repasser à l'atelier, mais au moins elle pourrait poursuivre sa route. Elle tira sur son câble pour rejoindre l'échelle.

  • Deux minutes d'oxygène. Votre autonomie est faible, réintégrez le vaisseau.

 Olovaï se hâta, s'aidant du câble pour progresser plus vite, et sauta dans le vide pour combler les derniers mètres. Elle s'agrippa convulsivement aux poignées qui encadraient la porte et tendit ses muscles pour arriver à l'intérieur.

  • Votre oxygène arrive à épuisement.

 Olovaï retint son souffle, ses pupilles s'agrandirent et elle tira sur le câble avec une vigueur frénétique. Une fois que le câble fut entièrement rentré, elle écrasa littéralement le bouton de fermeture. La porte glissa lentement vers le bas, avec les alarmes et les lumières clignotantes. Olovaï put débrancher son masque et cria d'une voix étranglée:

  • Iron ! Aération du sas !

 L'ordinateur obéit et elle inspira enfin, avec délice. Elle poussa le bouton de libération du câble, qui tomba à terre, et ouvrit sa combinaison.

  • Iron, appelle Lanya.
  • Oui, capitaine ?
  • Vous avez terminé la réparation ?
  • Presque. Les vannes sont toujours fermées.
  • J'ai bricolé l'aile, mais il faudra s'en occuper plus sérieusement après la mission.
  • Oui, capitaine.

 La communication disparut. Olovaï rangea sa combinaison et ouvrit le sas vers l'intérieur du vaisseau.

 Elle s'installa sur son siège de pilotage et consulta le check-up. Le gyroscope de l'aile droite avait cessé de briller en rouge vif, mais il restait orangé. Elle soupira et regarda le chronoviseur affiché sur son tableau de bord. Elle était réellement en retard.

  • Appel de Lanya.
  • Capitaine, on a réussi à réparer ! Je vais rouvrir les vannes.
  • Je suis prête. Quittez la salle des machines, on va démarrer ou ils vont partir sans nous.
  • Que dit Nork ?
  • Il est en colère. Je démarre ?
  • Vous pouvez.

 Elle empoigna les commandes et déclama :

  • Iron, lance les moteurs ! Pleins gaz !

Le Nexus-U46 baptisé Iron Beetle gronda et bondit en avant. Olovaï se tendit tout entière, comme un élastique ; son regard bleu se fixa sur son objectif. Elle inclina la manette et décrivit une large courbe vers Hubyna-04.


 Olovaï descendit les marches déployables du vaisseau pour atteindre le sol. Il régnait un vent glacial et coupant qui jouait avec ses courtes mèches brunes. La nuit régnait et déployait des étoiles au-dessus de la plaine. Dorden finissait d'amarrer le vaisseau.

  • Où est Nork ?
  • Je ne sais pas.

 Elle leva son netcom à hauteur de ses yeux et sélectionna son chef.

  • Nork ? Nous sommes arrivés, où êtes-vous ?
  • Vous êtes à l'astroport ? On arrive.

 Nork coupa sans lui demander son avis. Elle leva les yeux et vit des phares dans le lointain. La région semblait déserte, y compris l'astroport totalement vide où ils se trouvaient. Elle ferma ses bras autour de sa poitrine et frissonna. Son manteau claquait. Dorden avait terminé et contourna le vaisseau pour aller jeter un œil à l'aile droite. Pendant ce temps, la soute à l'arrière s'ouvrit, par une large trappe derrière le train d'atterrissage. Lanya en sortit, tenant un imposant vibromoteur, un véhicule individuel avec une selle, un guidon et deux bobines antigravité.

  • On va les rejoindre ?
  • Ils arrivent, attendons.

 On commençait à entendre le bruit des moteurs sur la vieille route qui menait vers eux. Un véhicule imposant entra dans leur champ de vision. On aurait dit un tank, il manœuvrait avec difficulté. Il finit par stopper devant eux et Nork en descendit. C'était un homme massif, d'une cinquantaine d'années, aux cheveux très courts et grisonnants, aux traits durs et mâchoire carrée, plutôt bourru. Il braqua ses yeux noirs sur Olovaï qui avançait vers lui.

  • Qu'est-ce que vous avez fichu ?

 La pilote grimaça. C'était entièrement de sa faute.

  • J'ai heurté un astéroïde dans la ceinture de Drougthon et ma mécanicienne est tombée dans les machines. On a une aile tordue.

 Il gronda et enfonça ses mains dans les poches de l'épais manteau qu'il portait pour retourner vers son tank. Deux de ses hommes s'affairaient à baisser une rambarde pour tirer à eux des sacs allongés qu'ils chargeaient sur leurs épaules.

  • On a huit porteurs, de niveau 3 à 5.
  • Passez par la trappe arrière, leur indiqua Olovaï.

 Lanya poussa son vibromoteur hors du passage et les accompagna à l'intérieur. Dorden et Olovaï furent à peine arrivés à l'arrière du véhicule qu'on leur cala dans les mains un sac identique. Olovaï saisit le sien, ployant sous le poids, et avança vers la soute. Le vent lui jeta dans les yeux les bords du sac. Une fois à l'intérieur, dans les soutes, elle choisit au hasard une cuve transparente, posa son sac au sol devant et fit coulisser la fermeture du sac. Un visage d'homme inconscient apparut. Sans manifester aucune émotion, elle tira une étiquette de l'intérieur de la paroi. Porteur mâle adulte de niveau 5. Elle tapa l'information sur le cadran de la cuve et sortit le corps inanimé du sac pour le déposer dans la cuve, vérifiant au passage qu'il respirait toujours.

  • Iron ? Ouvre la cuve trois.

 Elle souleva l'inconscient et l'installa à l'intérieur, puis posa des ventouses sur ses yeux et brancha sur ses deux avant-bras des tubes à circulation. Il respirait lentement, régulièrement. Olovaï ferma la cuve qui se remplit peu à peu de liquide bleuté tandis qu'elle jetait le sac vide sur son épaule et redescendait.

  • C'est bon ?

 Lanya qui passait à côté d'elle hocha la tête.

  • On n'a plus de cuves libres.
  • Pas grave, on rentre.

 Nork avança vers elle, mais ce qu'il s'apprêtait à dire, nul ne le sut jamais. Il jura soudainement et se jeta au sol en la poussant derrière le vaisseau. Des petits soloflottants, des vaisseaux individuels ouverts des B.I.I. apparaissaient dans le ciel. Olovaï retrouva assez de souffle pour parler.

  • Ça ne va pas ?
  • Les B.I.I. arrivent ! Il faut qu'on file !

 Elle le repoussa et rampa vers la trappe de la soute. Les solos se rapprochaient très vite. Un tir souleva la terre juste derrière le vaisseau. Olovaï se redressa et grimpa à l'intérieur, la main sur son arme à la ceinture. Elle se pencha et fit signe à Nork.

  • Grimpez ! Vite !

 Il dégaina son arme, un diphasé à induction, et se jeta vers elle pour atterrir à ses pieds. Olovaï activa la fermeture de la trappe et alluma son netcom.

  • Dorden ! Lanya ! Les B.I.I. arrivent, on décarre tout de suite ! Prenez l'équipe de Nork et on file !

 Elle n'attendit pas de réponse et galopa vers le poste de pilotage.

  • Iron ! Allume les moteurs !

 Les solos tiraient devant son nez. Elle inclina les commandes vers le ciel et démarra d'un seul coup. Un tir ricocha sur son pare-brise, dessinant un impact en étoile. Elle jura et manipula l'écran pour augmenter les moteurs. Le vaisseau filait, dans une trajectoire maîtrisée et volontairement irrégulière, mais les B.I.I. ne lâchaient pas leur poursuite.

  • Iron, check l'étanchéité générale.
  • Etanchéité OK.

 Olovaï hocha la tête et quitta l'atmosphère. Les solos se recouvrirent d'un demi-globe hermétique au-dessus des agents et ils les suivirent. Olovaï se renfrogna, puis s'apaisa d'un seul coup.

  • Très bien. Si vous insistez...

 Elle fit pivoter son siège, saisit une manette et tira. Le vaisseau fit un bond fulgurant en avant et Olovaï inclina violemment les commandes. Le Nexus-U46 fit un demi-tour brutal et fila en sens inverse juste sous les solos. Il y en avait une dizaine. Ils mirent un temps de réaction supplémentaire à obliquer aussi et leurs tirs frôlèrent la coque. Olovaï sourit de toutes ses dents et pencha la manette. Le vaisseau fila vers le haut, forçant le passage.

  • Collision imminente.

 Elle jura encore mais ne dévia pas de vers les B.I.I. Leur formation se brisa complètement, ils tirèrent et les rayons ricochèrent sur la fuselage, mais le vaisseau passa.

  • Nous essuyons des tirs.

 Ils mirent encore un peu de temps à se reformer et repartir. L'écart se creusait.

  • Appel de Nork.
  • Olovaï Thervus ! Qu'est-ce que tu fous ?
  • J'essaie de nous tirer de là !
  • Pourquoi tu as pris le vaisseau ? On aurait pu fuir en vibromoteur !
  • On n'avait pas le choix, ils sont plus rapides et ils tirent à vue ! Il faut les semer !
  • Quitte le secteur alors, cesse de jouer avec eux ! Ramène-nous tout de suite !

 Olovaï soupira.

  • Oui, chef.

 Elle éteignit et baissa le poignet en grommelant :

  • Il ne sait pas ce qui est bon !

 Et elle obliqua vers la ceinture d'astéroïdes.

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