Chapitre II

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Le Haut conseil comportait plusieurs bureaux réservés à ses membres et une salle dédiée aux réunions et débats. Gérard y avait une place de choix. C'était un homme âgé mais il savait se faire respecter grâce à sa réputation et les honneurs qui lui étaient attribués. Assis dans son bureau, il travailla sur les sujets politiques les plus récents. Soudainement, quelqu'un cogna à la porte. Un soldat entra et Gérard tourna son regard vers lui.

— Que voulez-vous ?

Le soldat lui tendit un parchemin et ne masqua pas son air inquiet.

— C'est un message de la plus haute importance monsieur

Gérard attrapa la missive et ordonna au soldat de se retirer. La lettre indiqua :

Mon cher Gérard, c'est avec la plus grande crainte que j'écris ces mots. En effet, dans la nuit précédente il m'a été signalé un crime très grave dans les Bas-fonds. Il est d'usage que ces crimes sont commis par des brigands et sont des affaires banales mais, suite à l'expertise des corps par l'un de nos éminents scientifiques, il apparait que les circonstances de la mort sont douteuses voir surnaturelles. C'est pourquoi je vous invite rapidement à me rejoindre dans l'après-midi pour constater ce crime odieux et il est plus qu'important, qu'avec vos compétences politiques de régler ce problème très délicat pour l'intérêt de notre Grande ville.

Toutes mes sincères salutations mon ami.

Gérard frappa du poing sur la table. Il pensa que cet évènement compromettrait sérieusement la réputation de la Grande Ville. Sa mission consistait à éviter que cette information se répande comme une trainée de poudre. Une seule étincelle et la panique entrainerait rapidement une guerre civile. Le conseiller se leva et se dépêcha de rejoindre son ami.

*

Le laboratoire principal de la ville regroupait les plus grands scientifiques. Ils devaient s'occuper principalement des préparations alchimiques ou encore des remèdes pour les soldats. Rarement, ils avaient à traiter d'affaires criminelles. Pourtant, cette affaire particulière devait exclusivement faire appel à l'expertise d'un scientifique.

L'ambiance dans la pièce était lugubre et froide. Gérard avait rejoint le scientifique et le commandant en second de la garde. Trois jeunes corps étaient parfaitement disposés sur des tables en métal. Ce qui choquait le plus était les yeux révulsés sur leurs visages. La mort avait l'air d'être silencieuse et soudaine à la fois. Le commandant retira son casque et expliqua la situation à Gérard :

— Ravi de vous voir Haut conseiller. Comme vous le savez, je vous ai demandé en urgence car la situation est critique. Je laisse la parole à notre scientifique qui vous donnera les détails.

Le scientifique utilisa l'Holographe, une machine récente qui permettait de transmettre n'importe quel image de la cité. Ainsi, tout évènement suspect pouvait être visualisé. Le scientifique montra les images de la nuit précédente

*

Trois jeunes jouaient tranquillement dans les Bas-fonds. Cette nuit, la ville était recouverte d'un épais brouillard et des formes se mouvaient derrière les arbres. Les jeunes gens ne se doutant de rien, continuèrent à jouer. Quand soudain, les formes surgirent devant eux. Ils tentèrent en vain de se débattre en criant mais c'en était déjà fini d'eux. Ils s'écroulèrent tous au sol sous la puissance des mains qui les enserrèrent. Le regard vide des assassins leur donnait un aspect inhumain. Pourtant, même sous leurs masques blancs on pouvait déceler la haine profonde de ces individus. Ils étaient vêtus d'une longue robe rouge de cérémonie. On dirait une sorte une secte venu accomplir un sacrifice. Ce qui impressionna, c'est qu'ils disparurent d'un claquement de doigt sans même bouger. Ils s'évaporèrent tels des ombres sauvages dans la nuit. L'image se figea sous le regard ahuri des spectateurs.

*

— Comme vous pouvez le constater, je n'avais jamais vu auparavant un individu doté de telles capacités. De plus, on voit les disparaitre soudainement et ils ne sont plus visible nulle part par l'Holographe. Mais ce qui est le plus surprenant...

— Je vous écoute

— J'ai pu examiner les corps mais il est de difficile de déterminer les circonstances de la mort. Comme vous le voyez, les yeux sont révulsés ici. Ils n'ont pas eu le temps de se défendre. Ma conclusion peut paraitre surprenante mais c'est comme s'ils ont été vidés de leur âme. En effet, rien de naturel ne peut causer un tel meurtre. Bien que ce terme soit banni ici, on pourrait parler de l'utilisation de la magie car pour éliminer une personne et disparaitre à une telle vitesse, aucun moyen connu ne permet un tel exploit.

Gérard resta un figé un moment avant de reprendre ses esprits :

— Ce n'est pas possible... La magie dites-vous ? Si c'est le cas, la situation est bien plus grave que je ne le pense. Mais inutile de semer la panique parmi nos concitoyens. Cet évènement doit à tout prix rester dissimulé. Malgré tout, une enquête doit être menée dans la plus grande discrétion.

Le commandant en second interrogea son ami :

— Que comptez-vous faire dans ce cas Haut conseiller ?

— Je dois convoquer une réunion d'urgence au Conseil pour discuter de la marche à suivre

— Très bien. Je vais poster plus d'hommes pour surveiller les environs

— Sachez que cette affaire doit pour l'instant rester entre nous

— Evidemment Haut conseiller

— Si vous permettez, je dois me retirer à présent

Les hommes se saluèrent puis partirent chacun de leur côté. Gérard se rendit au plus vite au Conseil afin de réunir ses camarades.

*

Le Conseil se réunissait l'heure suivante. Autour d'une grande table, les nobles se tenaient debout et Gérard prit la parole :

— Cher conseil, je me permets de prendre la parole aujourd'hui afin de vous informer d'un drame d'une grande ampleur. Plusieurs corps ont été retrouvés près des zones souterraines de la ville. En effet, des assassins ont réussi à percer la surveillance de nos gardes. C'est pourquoi je tiens à vous partager les observations faites par l'un de nos scientifiques.

Il se fit interrompre par une conseillère :

— D'autres problèmes importants apparaitront dans la cité. La population est dans la panique et elle doit être rassurée. Je crains que sinon, une guerre civile va surgir tôt ou tard.

Un homme ajouta ses observations :

— Qu'est en-t-il de la sécurité de la ville et la surveillance des soldats ? Comment une patrouille a pu échapper à ces hommes ?

Un homme s'emporta :

— Quel que soit l'endroit où ces assassins se sont enfuis, nous devons les traquer sans plus attendre ! Une offensive doit être menée !

Le président du Conseil demanda le silence immédiatement :

— Je sais qu'ici tout le monde est inquiet mais je vous prie de laisser la parole à notre Haut conseiller ! Toutes ces questions seront traitées en temps et en heure. Sinon vous n'interviendrez plus dans ce débat !

Le silence s'installa dans la salle du Conseil, même si certains conseillers bouillonnèrent à l'intérieur. Gérard reprit ses observations :

— Merci président. Bien, comme j'ai pu le rappeler, en concertation avec l'un de nos scientifiques il a pu être établi les circonstances de ce crime. J'ai bien peur que la magie soit à l'œuvre.

La tension monta d'un coup dans l'assemblée. Tous les conseillers s'emportèrent.

— Comment osez-vous profaner ce lieu en prononçant ici l'interdit !

— Tout cela devient ridicule ! Jamais je n'avalerai de telles sottises !

— Avez-vous seulement des preuves de ce que vous avancez ?!

Le président du Conseil rappela encore une fois le silence. Cette fois-ci il frappa sur la table et s'emporta :

— Pour la dernière fois, je vous rappelle avant tout de vous comporter en hommes respectable ! Haut conseiller à ce sujet, j'espère que vous confirmez ce que vous dites. Sinon, je vais devoir clôturer la séance.

Gérard demanda à ce qu'on ramène toutes les preuves. Il démontra ensuite les observations faites sur les corps et les images de la nuit précédente. Lorsque l'image s'arrêta, les conseillers restèrent figés.

— Je n'en crois pas mes yeux... Tout cela est fascinant

Le président se tourna vers Gérard :

— Haut conseiller si vous êtes sur de ce que vous avancez, alors je vous autorise à des investigations plus approfondies.

Gérard continua :

— En effet, je compte bien mener une enquête approfondie avec bien sur l'approbation de tous les conseillers.

Le président termina :

— Bien, pour la séance d'aujourd'hui chers conseillers je vous invite à procéder un vote à main levée pour ceux qui approuvent la requête de notre Haut conseiller.

Tous les conseillers s'observèrent les uns les autres puis un silence s'installa dans la salle. Ils finirent par approuver à l'unanimité la requête de Gérard.

Le président ajouta :

— Puisque la requête est approuvée à la majorité, je déclare la séance du jour terminée.

*

La séance au Haut conseil avait duré jusqu'à dans l'après-midi et Gérard se rendit à son manoir afin de se reposer. La demeure du conseiller était imposant, un immense manoir surgissait autour d'une allée ou était exposée des statues. A l'entrée, une double porte en fer protégeait son accès. L'homme possédait également son jardin privé ou il avait fait venir diverses espèces de plantes. Il se rendit pourtant compte à l'entrée que quelque chose clochait car la porte du manoir était entrouverte. Lorsqu'il entra dans l'ancienne bâtisse, un homme moustachu se tenait debout et il était accompagné de deux autres soldats. Mais étrangement, ils n'attaquèrent pas Gérard et restèrent mobiles. L'homme se présenta :

— Je suis capitaine de la garde royale et j'ai à vous parler des évènements récents.

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