Prologue

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Une ville flottait dans les nuages grâce à une technologie très avancée. Elle surplombait de son immensité le vaste ciel. La Grande Ville était un titan bâti par des créateurs fous. Chaque habitation s'organisait en diverses bulles. Les plus grands architectes avaient conçu d'impressionnantes hélices qui tournaient sans arrêt et s'alimentaient par l'énergie du Cosmos. Tout son centre se stabilisait par une plateforme d'un métal rare constituée de quatre piliers. Ses nerfs lumineux s'enfonçaient en son intérieur et l'approvisionnaient à l'infini en électricité.

La magie avait été éradiquée car les Hommes l'utilisaient à des fins de destruction. Pour les punir, celui qu'on appelle « Le Contemplateur « entité divine, s'est manifestée et a absorbée toute la magie qui était contenue dans l'univers. Les récits anciens évoquent un sacrifice ultime et les hommes furent condamnés à exploiter les ressources de ce monde pour subsister.

Au-dessus des rues, flottaient des dirigeables et des vaisseaux. Dans la capitale, les nobles se rendaient régulièrement à la place du Conseil et rendaient compte des dernières nouvelles de la cité.

L'Assemblée des Architectes était une autre institution politique importante. Elle votait régulièrement les nouvelles lois. Le Magistrat régnait sur la cité et seuls quelques membres de cette assemblée étaient autorisés à le côtoyer.

Dans les bas-fonds, les Musiciens jouaient afin de divertir les passants. Des bars se trouvaient à chaque coin de rue. C'était un endroit animé par la fête et des troupes de danseurs y faisaient des tournées. Mais fréquemment, dans les recoins se tramait des échanges illégaux.

Toute la végétation de la cité était artificielle, conçu par les Artistes. De gigantesques arbres poussaient et des variétés de plantes poussaient régulièrement dans la ville. Les Horlogers avaient un rôle capital dans le maintien du temps et de la météorologie et leurs guildes coopéraient souvent.

*

La lueur d'une cheminée éclairait le centre d'une maison aux couleurs sobres. Une jeune femme s'attelait à préparer le repas de la soirée. La rousseur de ses cheveux se reflétait dans le feu ardent de la nuit. Elle avait les yeux verts émeraude, deux miroirs étincelant tels des reliques. Elle disposa sur la table la soupe qu'elle avait préparée. Elle regarda ensuite l'horloge cliquetait régulièrement. Quand soudain, quelqu'un frappa à la porte en chêne. Elle se précipitait à la porte pour ouvrir à l'inconnu. Un homme habillé d'un costume noir se présenta à elle. Le visage de la femme irradiait de joie à la vue de ce gentleman. Elle se jeta tendrement dans ses bras. L'homme souriait à son tour et s'exclama :

- Ca ne fait pas si longtemps que je suis parti pourtant.

Elle ajouta :

- Pour moi Edward ça fait une éternité

Edward, tel fût le prénom de l'homme mystérieux. Il répondu :

- Une éternité Rebecca ? Si tu le dis

Rebecca lui rétorqua :

- Tu n'as pas l'air content de me voir on dirait.

Edward soupira :

- Bien sûr que si mais la journée était éprouvante

Rebecca le précipita :

- Je comprends. Tu me raconteras ça à table sinon le diner va refroidir

Edward avait rejoint l'armée impériale dont seuls les plus téméraires pouvaient rejoindre ce corps d'élite. Selon lui, l'armée est un sale boulot mais tant que cela lui rapportait des pièces, il ne se plaignait pas. C'est son talent pour les armes qui lui a valu le respect de ses pairs.

L'odeur de ce succulent repas lui donnait l'appétit. Il fit même une remarque :

- Et bien, ça à l'air délicieux ! Tu es une artiste de la cuisine !

- Toujours aussi poète à ce que je vois.

- En effet. Il n'y a qu'une étoile que je puisse courtiser

- Charmeur !

Edward lui répondit par un sourire. Il alla déposer ensuite sa rapière dorée près de la cheminée. Une fois fait, il s'assit à table en prenant une première cuillère du ragout.

Rebecca regardait son époux savourant le repas qu'elle avait préparé. Elle lui demandait avec hâte des informations sur sa journée. Edward lui raconta :

- Toujours la même routine. De la surveillance autour de la demeure royale mais jamais à rien signaler. Comme si la cité ne comptait pas assez d'hommes pour la sécuriser.

Rebecca espérait un récit avec plus de péripéties. Elle rétorqua :

- Allons, je suis sûr que tu as autre chose à me dire

Edward réfléchit puis sa mémoire lui revint :

- Ah oui, ils veulent me voir demain pour m'attribuer un grade supérieur.

Rebecca sauta de joie à la nouvelle :

- Mais c'est merveilleux ça !

Edward hocha la tête en souriant encore. Il se leva en annonçant :

- Il se fait tard maintenant. Je dois me reposer pour demain

Edward avança jusqu'à l'escalier avant que Rebecca s'arrêta net devant lui. Elle lui chuchota :

- Tu as quelques minutes à me consacrer voyons

Edward n'eut pas le temps de répondre qu'il fut interrompu par un baiser de son épouse. Le temps paraissait figé à cet instant car leur attirance était si forte que rien n'existait plus autour. Deux êtres en parfaite harmonie, deux êtres se complétant l'un l'autre. C'est ce sentiment si mystérieux qu'on appelle l'amour. Ce sentiment qui est plus puissant que n'importe quelle magie. Pourtant ce moment aussi précieux soit-il, s'arrêta quand la porte d'entrée vola en éclats. Un groupe d'hommes lourdement armé se présenta à eux :

- Edward ! Vous êtes accusé de haute trahison pour avoir fourni des informations confidentielles à l'ennemi ! Par conséquent, veuillez-vous rendre immédiatement sinon nous serons dans l'obligation d'utiliser la force.

La réaction de son épouse se mélangea entre l'interrogation et la colère :

- Edward peux-tu m'expliquer ce qui se passe ?! Ne me dit pas que tout ça est réel ?

Edward lui-même ne comprit rien à ce vacarme :

- Que signifie tout ça ? Savez-vous que vous vous en prenez à un membre officiel de l'armée impériale ?

L'homme en question resta indifférent :

- Peu importe votre grade ! Toutes les preuves sont là. Un parchemin signé à votre nom et portant votre sceau. Il est indiqué que vous fournissez le nombre d'hommes et de cargaisons que nous possédons dans la cité. L'homme lui tendit le parchemin.

Edward a eu beau relire plusieurs fois, son sceau était bien présent. Il tenta en vain s'expliquer :

- Vous n'allez pas croire ce bout de papier ? Ca fait des années que je suis loyal au Magistrat !

L'homme à la moustache suivait les ordres. Il n'avait que faire des explications.

- Inutile de discuter plus longtemps. Soit vous vous rendez gentiment ou soit on ne vous fera pas de cadeaux.

Rebecca se mit juste devant son époux. Personne n'allait lui enlever sa vie :

- Vous ne toucherez à mon époux ! Ne vous approchez pas !

Edward lui murmura :

- Rebecca reste en arrière je m'occupe de tout.

Rebecca ne connaissait que les exploits de bretteur d'Edward que par les récits qui lui avait raconté. Pourtant une lueur de confiance brillait dans son regard. Elle lui répondit :

- Sois prudent. Et revient vite à moi.

Edward hocha la tête. Il analysa le groupe d'hommes qui portait chacun le blason royal. L'homme devant paraissait le plus impressionnant avec ses deux lames. Les autres individus en retrait étaient une dizaine, arborant tous un style différent. Sa rapière étant hors de portée, il fallait qu'il fasse preuve de ruse pour l'atteindre. Combattre dans un espace aussi étroit n'arrangeait pas ses chances. Il se rappela qu'il devait avant tout réfléchir à la situation afin d'employer la stratégie adéquate. L'homme moustachu s'impatienta :

- Dernière chance soldat ! Sinon...

Edward le fit taire d'un coup de poing qu'il envoya valser. L'homme essuya le sang sur son visage. Il regarda furieusement son adversaire. Il hurla :

- Tu vas payer pour ça sale insecte !

L'homme dégaina rapidement ses deux lames. Avant même d'attaquer avec ses lames, il se reprit un coup de pied dans le ventre. Etrangement, les hommes de derrière restèrent passif. Ce qui donna l'occasion à Edward de glisser sur le côté et d'attraper sa rapière. La lame dorée brillait dans toute sa splendeur. Edward avait raconté qu'un forgeron de renom l'avait fabriqué spécialement pour lui. Cette lame s'adaptait à l'agilité de son porteur. Soudainement, l'homme moustachu avait un regard plus sombre. Il envoya un tourbillon de lames à Edward qui para toute les attaques avec une agilité déconcertante. Il tenta de riposter mais l'homme en face, bloqua lui aussi ses attaques. Les lames s'entrechoquèrent sous le regard ahuri des spectateurs. Le même schéma se répétait, lorsqu'un attaquait, l'autre parait les attaques. Cela allait se jouer sur l'épuisement des deux soldats. Pourtant, l'homme moustachu s'amusait de ce combat. Il ne montra aucun signe de fatigue. Edward s'essouffla dangereusement, ses attaques se firent de plus en plus lentes et imprécise. Lui-même officier royal, il n'avait jamais autant faibli devant un adversaire. Jusqu'à que l'homme en face, le désarma et lui mit un violent un coup de poing dans la tempe. Edward sentit une migraine douloureuse. Il n'eut pas le temps de riposter ; il se reprit un coup de pied dans le ventre. Son épouse serra les poings devant cette scène tragique. Elle hurla de toutes ses forces :

- Laissez le tranquille maintenant !

L'homme moustachu ricana. Il s'exclama :

- Et que comptes-tu faire ma petite ? Tu crois m'impressionner ?

Edward s'exprima difficilement :

- Rebecca... Reste en dehors...

L'homme moustachu l'interrompit en le remettant un autre coup. Cette fois pour Rebecca, l'amour était plus fort que tout. Elle devait agir pour son époux. Tout se passa si vite, que Rebecca s'élança sur son ennemi sans réfléchir. Elle ramassa la rapière et frappa ce prétentieux de toutes ses forces. Tout paraissait ralenti à cet instant. Du moins, la lame l'avait transpercé. Des gouttes de sang coulèrent abondamment sur la lame. Un cri sourd et plus rien ensuite. Un silence assourdissant. Un corps qui retomba lentement sur le sol. Ses yeux verts se refermèrent. Le visage de son épouse ne fit plus qu'un souvenir à présent. Un amour qui s'envola. Edward à ce moment, resta immobile. Comme si il n'était plus qu'une enveloppe vide. Comme si, il avait dansé une dernière fois avec elle. La dernière valse de la vie. Il s'écroula lui aussi à son tour sur le sol. Deux hommes l'empoignèrent de force hors de la maison. L'homme moustachu resta indifférent à la scène. Il la regarda même avec un certain dégout. Les soldats sous son ordre lui demandèrent :

- Que fait-on de la femme, capitaine ?

L'homme moustachu répondit :

- Laissons la croupir ici. Ça fera un exemple pour ceux qui désobéissent aux ordres.

Les soldats obéirent puis se retirent. L'homme moustachu une fois seul, entama un monologue :

- Ah l'amour ça me dégoute. Mon pauvre Edward, si tu n'avais pas joué les héros tout ça ne serait pas arrivé.

Il se déplaça ensuite devant le corps de Rebecca et s'agenouilla. Il murmura :

- Voilà ce qui coute de me défier ma petite

Il sortit un couteau de sa poche et découpa une mèche de ses cheveux roux. Il l'arbora à sa ceinture comme un trophée de guerre. Il regarda une dernière fois la pièce puis se retira.

Un froid s'installa dans la maison vide. Dans cette nuit glaciale, pas un seul habitant ne sortait de chez lui. Les rues étaient totalement désertiques. Dans cette belle maison, la cheminée s'était éteinte comme si la flamme s'était consumée. L'obscurité dévorait à présent la pièce. Personne ne se doutait de la tragédie du soir. De la jeune femme assassinée et de l'homme qui avait tout perdu. C'est là qu'il se rendait compte que les choses sont éphémères. Les dieux pouvaient être capricieux parfois.

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