Chapitre 38

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Toulouse, dix ans plus tôt

*** Explicite ***

Quelques semaines après la deuxième soirée chez Cornélius, la vie de Béatrice avait significativement changé. Son mari, le notaire, avait sombré doucement dans la soumission la plus totale. Il ne prenait plus aucune initiative à la maison, passait le plus clair de ses temps libres à regarder des émissions ineptes à la télévision jusqu’à des heures tardives et il avait totalement renoncé à toute relation sexuelle avec son épouse. Il l’accompagnait chez Cornelius le samedi soir où il passait son temps à boire ou à contempler les autres couples dans leurs ébats, sans prêter attention à ce que faisait sa jeune femme de son côté.

Béatrice, elle, avait achevé de convaincre sa nouvelle amie Stef de transformer une partie de sa boutique de prêt-à-porter. Les deux femmes avaient aménagé un petit salon d’essayage discret, dans le plus pur style des maisons closes des années 1900, velours rouges, lampes de pâte de verre, lourdes tentures, et même un petit coin bar. Béatrice avait identifié quelques fournisseurs de produits haut de gamme et Stef avait commandé la première collection. Le bouche-à-oreille avait suffi pour amener les premières clientes, la plupart habituées des soirées de Cornélius.

Les premières séances de présentation avaient été fort plaisantes, Béatrice jouant à merveille le rôle de mannequin tandis que Stef se préoccupait du confort des clientes, servant thé ou café avant de prendre les commandes. Sur la suggestion de Solange, qui avait été invitée à l’inauguration du salon, les deux femmes avaient ajouté une petite gamme de bijoux érotiques très appréciés, mis en valeur par la plastique du modèle.


Béatrice s’amusait beaucoup dans son nouveau rôle et avait complètement mis de côté son envie de retourner à la fac. Cette tentation fut totalement enterrée quand Solange l’invita à venir rencontrer Cornélius, un après-midi de semaine. La jeune femme avait pris un réel plaisir aux jeux érotiques lors des soirées au Busca, cédant à toutes les propositions de Cornélius, mais leurs relations n’avaient encore jamais franchi les limites de ce libertinage.

— Cornélius veut nous parler d’un projet. Il souhaite que nous y travaillions ensemble.

— De quoi s’agit-il, demanda Béatrice curieuse ?

— Je n’en sais rien, il nous l’expliquera lui-même. Je passe te prendre à quinze heures. Chez toi ou à la boutique ?

— Tu peux venir chez moi, viens un peu avant si tu veux, on prendra un café avant d’y aller.

— OK, on dit quatorze heures trente chez toi ?

— À tout à l’heure.

À l’heure dite, Solange gara sa voiture dans l’allée de la maison de Labège. Elle était vêtue d’un élégant tailleur-pantalon, sur un corsage de soie beige. Béatrice détecta au balancement de son buste qu’elle avait laissé ses seins libres sous l’étoffe, ce dont elle fut totalement certaine lorsqu’elle remarqua les tétons qui pointaient alors qu’elle avait ôté sa veste.

— Tu es très chic, dit Béatrice après avoir embrassé son amie à pleine bouche.

— Cornélius apprécie que les femmes soient élégantes.

— Je ferais bien de me changer alors.

— Tu es très sexy avec ton jean et ton T-shirt, mais Cornélius n’apprécie guère le look « Jane Birkin ».

— Je te fais un café et j’y vais.


Quelques minutes plus tard, Béatrice redevenue Mélodie descendait, vêtue d’une jupe crayon en cuir rouge, légèrement fendue devant sur des bas à couture, accompagnée d’un corsage blanc ouvert sur une lingerie de dentelle noire.

— Voilà qui ira mieux, apprécia Solange. Tu es très désirable ainsi, dommage que l’on soit attendues. Ne trainons pas, Cornélius n’admet pas les retards.

Solange gara son véhicule à l’intérieur de la propriété de Cornélius, les grilles du jardin étant ouvertes. Henri accueillit les deux femmes en haut des marches pour les conduire directement au bureau de Charles Van Den Brouck.

— Vous êtes splendides, Mesdames. Voilà un beau rayon de soleil dans mon après-midi. Ne restons pas ici, allons au salon, ce sera plus confortable. Henri, peux-tu nous apporter quelque chose à boire ?


Une fois installés et les verres servis, Cornélius exposa son projet.

— Vous êtes toutes deux parties prenantes de mes soirées libertines, et j’en suis particulièrement heureux. Tous mes invités et invitées ne sont que louanges pour vos « prestations » et votre gentillesse, tout particulièrement les femmes que j’invite pour la première fois. Cependant, il y a quelques nuages à l’horizon. Un certain nombre de personnes voient d’un mauvais œil le succès de mes soirées et aimeraient me voir trébucher afin de pouvoir mieux me piétiner et me trainer dans la boue. J’ai donc pris la décision de transformer le cadre de nos réunions. Grâce aux services de Jacques, j’ai fait l’acquisition d’un petit château dans la Montagne Noire.

— C’était donc ça les mystères de mon mari ? demanda Béatrice.

— Oui, tu vois, il peut quand même être bon à quelque chose.

— Un château ? c’est formidable, dit Solange. En quoi est-ce qu’on peut être utiles toutes les deux ?

— J’y arrive, il y a plusieurs volets. Premièrement, je n’ai aucune idée de l’état de ce bâtiment. Henri est allé sur place et il me dit que la construction est saine, mais il faudra sûrement y faire quelques aménagements et changer la décoration. Un regard de femme serait le bienvenu. Ensuite, j’ai aussi fait monter une association qui sera gestionnaire des lieux et organisatrice des prestations. Je voudrais que vous prépariez un programme de « séminaires » attractifs. Amélie nous construira un site web qui nous servira de vitrine.

— Quel clientèle devons-nous cibler ? demanda Béatrice.

— Toutes ! femmes, hommes et couples, mais avec un bon pouvoir d’achat. Nos prestations seront « haut de gamme » et personnalisées. Je veux du chic et de la classe. Du champagne, pas de la bière. Je crois que vous me connaissez assez maintenant.

— C’est terriblement excitant, répondit Solange. J’adore cette idée.

— Un dernier point, mais pas le moindre. Dans les semaines qui viennent, avant que tout cela ne soit mis en place, nous allons continuer les soirées au Busca. J’ai passé le message à Henri, mais je vous le demande à vous deux aussi. Soyez vigilantes, il se pourrait que nous soyons la cible de provocations de la part de nos rivaux. Je ne veux voir ni drogue, ni professionnelles chez moi. Ayez l’œil et prévenez Henri si vous remarquez quoique ce soit d’anormal. Nous ne sommes pas à l’abri d’une descente de police, et nous devons être irréprochables. Est-ce que c’est bien clair ?

— Merci de nous faire confiance. Nous serons à la hauteur de tes attentes, répondit Solange.

— Je n’en attendais pas moins de vous. Voyez avec Henri, il vous conduira à Saissac pour visiter la maison. Vous me direz ensuite ce que vous proposez.

Cornélius se leva, pour signifier que la discussion était terminée. Il fit signe aux deux femmes d’approcher et les prit par la taille.

— J’apprécie de vous voir ainsi vêtues pour moi, hélas je n’ai pas le temps avant mon prochain rendez-vous. C’est bien dommage. Je m'organiserai mieux la prochaine fois. Allez, ne me décevez pas.


Dans la voiture, les deux femmes échafaudèrent toutes sortes de propositions, toutes plus audacieuses les unes que les autres. Arrivées à Labège, Béatrice proposa à Solange d’entrer pour boire un verre.

— Et plus si affinités ! tu agites tes seins sous mon nez depuis tout à l’heure, laisse-moi au moins les caresser.

— Je suis fière de toi, je n’étais pas certaine de parvenir à ce résultat il y a quelques semaines. Montre-moi ce que tu sais faire.

Mélodie fit entrer son amie dans la maison et sans lui laisser le temps de poser son sac, prit sa bouche pour un long baiser. Posant les mains sur la poitrine de Solange, elle commença à libérer les petits boutons du chemisier fébrilement, tout en malaxant les seins fermes sous ses doigts. Elle sentit dans sa paume les tétons durcir. Lorsque la voie fut dégagée, elle prit les pointes dressées entre ses lèvres, les aspirant goulument comme un bébé affamé. Les mains descendirent sur les flancs, jusqu’aux hanches bien marquées, pour se rejoindre afin d’ouvrir le pantalon et se donner accès au saint des saints.

— Laisse-moi t’aider, dit Solange en faisant glisser le vêtement sur ses cuisses. La veste et le chemisier suivirent le même chemin.

Mélodie prit Solange par la main, pour l’amener sur le grand canapé et acheva l’effeuillage en lui ôtant son tanga blanc. La jeune femme admira le corps offert, espérant avoir encore une silhouette aussi fine à cinquante ans.

Solange était maintenant étendue devant elle, attendant les caresses promises. Elle libéra le zip de sa jupe et l’enleva avec quelques contorsions, faisant sourire son amie, puis passa son corsage sur ses épaules.

— Alors, j’attends !

Vêtue de sa seule lingerie, Mélodie s’installa à genoux, à la tête de Solange avant de commencer à lui masser le buste avec douceur. Ses doigts tournaient tout autour des seins, s’attardant sur les pointes érigées, puis elle remontait pour baiser les lèvres de son aînée. Petit à petit, les mains descendirent plus bas, sur le ventre et sur les flancs, jusqu’à atteindre le fin duvet recouvrant le pubis. Les mains de Solange passèrent alors dans son dos pour dégrafer le soutien-gorge. Comme la jeune femme se penchait plus encore pour atteindre les lèvres et le clitoris, son amie écarta légèrement le dernier rempart de dentelle pour accéder au sexe qui la surplombait.

Les doigts s’affairèrent autour du bouton, le faisant saillir de son capuchon, tournant à la base, pinçant doucement le petit pénis dressé, sans jamais le violenter. Solange gémissait de plus en plus fort, son bassin ondulait au rythme des caresses. Mélodie accentua légèrement ses pressions, glissa un doigt dans la fente humide pour chercher le point sensible. Solange haleta, cria puis se cambra brutalement sous l’afflux du plaisir, dans cette petite mort, noyant les doigts de son amante sous un jet de liqueur d’amour.

Mélodie fut surprise de sentir le liquide chaud couler sur sa main.

— Je ne savais pas que tu étais une femme-fontaine, dit-elle.

— Moi non plus, je dois te l’avouer. Tu es sans doute particulièrement douée. Tes caresses étaient divines. Je crois que tu m’as déjà donné une idée de session à proposer lors de nos séminaires. Tu seras une excellente formatrice.

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