Chapitre 14

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Sainte Scholastique – Dourgne, Tarn

L’infirmière expliqua à Philippe que sœur Marie des Anges avait repris connaissance peu après l’heure du déjeuner et qu’elle était en état de parler, mais qu’elle n’avait rien pu lui expliquer pouvant justifier son état.

— Nous allons commencer doucement, ne craignez rien, je suis médecin, je ne vais pas la fatiguer inutilement. Maintenant, je vous prie de nous laisser seuls.

L’infirmière quitta la pièce à regret. La femme dans le lit avait un peu meilleure allure que le matin, mais ses traits restaient tirés et sa respiration assez lente.

— Sœur Marie des Anges, pouvez-vous m’entendre ? demanda Philippe à voix basse.

La nonne cligna des yeux et eut un petit mouvement de tête. Je suis médecin, je vous ai examinée ce matin et mon ami est de la police de Toulouse.

Comme Philippe prononçait le mot « police », Ange remarqua un court instant de panique dans le regard de la femme alitée.

— Nous aimerions comprendre ce qui vous est arrivé cette nuit. Pouvez-vous nous dire pourquoi vous êtes sortie du couvent après minuit ?

La femme fit « non » de la tête et détourna le regard.

— Vous ne vous souvenez pas de ce qui s’est passé cette nuit ?

Un nouveau mouvement de négation fût la seule réponse.

— Quels sont vos derniers souvenirs ? La dernière chose qui vous revient à l’esprit ?

— Le… jardinier

— Le jardinier ? Que vous a-t-il dit ou fait ?

— Une lettre… la porte dans le mur.

— Il vous a donné une lettre ?

Un « oui » de la tête.

— Et il vous a dit de passer par le potager ?

Nouveau hochement de tête.

— Qu’avez-vous fait de cette lettre ? Que disait-elle ?

— Je … l’ai… brulée… Sortir à minuit, n’en parler à personne.

— Pourquoi avez-vous suivi ces instructions ?

— Je ne peux pas le dire. C’est dangereux.

Ange fit signe à Philippe de ne pas insister. Il serait toujours temps d’y revenir plus tard.

— Et ensuite, lorsque vous êtes sortie du potager, on vous attendait ?

— Une voiture, noire.

— Quelle marque ?

La femme fit « non » de la tête.

— Je ne sais pas. Grosse et noire.

— Vous connaissiez les personnes dans la voiture ? Combien étaient-ils ?

— Je.. ne… les connaissais pas. Trois personnes, une femme.

— Deux hommes et une femme ?

La nonne acquiesça, elle semblait épuisée.

— Il faut arrêter, dit Philippe, elle n’en peut plus.

— Une dernière question. Où vous ont-ils emmenée ?

La nonne fit un petit geste de la main, vers le haut.

— La montagne ?

— Oui, je crois, beaucoup de virages.

— Et quand vous êtes arrivés, qu’avez-vous vu ?

— Ange, il faut la laisser se reposer !

— Grande maison… et la chapelle…

— Allez, on doit la laisser dormir. Nous reviendrons demain.

Le médecin posa la main sur le front de la femme.

— Elle a de la fièvre, je vais recommander à l’infirmière de lui donner un calmant et de la surveiller cette nuit.

Dans la voiture, sur le chemin du retour, Ange demanda à Philippe s’il connaissait bien la montagne au-dessus du village.

— J’y allais assez souvent quand j’étais plus jeune, avec mes frères et mes cousins, puis après, pendant nos premières vacances, avec Brigitte. Il y a quelques coins agréables, des lacs et des forêts denses, d’où le nom de Montagne Noire.

— Il y a beaucoup de lieux habités là-haut ?

— En dehors du village d’Arfons, il faut aller assez loin pour trouver des hameaux.

— Il y a des manoirs ou des châteaux avec une chapelle ?

— Comme ça, je ne vois pas, mais on pourra demander à mon père. Il a arpenté ces forêts pendant toute sa jeunesse. C’était un grand chasseur. Maintenant, il se contente de ramasser des champignons. Il connait des coins à cèpes dont il n’a jamais voulu nous donner la position exacte. Espérons qu’il les a consignés dans ses mémoires.

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