Chapitre 5

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Saissac, Aude

Le sang de la religieuse se glaça lorsqu’elle reconnut la voix. L’homme qui se tenait devant elle, entièrement vêtu de noir, s’appuyait sur une canne à pommeau.

— Surprise de me revoir ? Peut-être me croyais-tu mort. Et bien non, vois-tu, j’ai survécu même si ma jambe a été bien abimée. Il n’a pas été facile de te retrouver, mais tu es là ce soir avec nous.

L’homme fit un geste de son bras libre, attirant ainsi l’attention de l’arrivante sur un groupe d’une demi-douzaine de personnes des deux sexes, toutes en noir elles aussi, se tenant dans l’ombre derrière lui.

— N’aie pas peur, viens me rejoindre. Mes amis sont impatients de faire ta connaissance.

Les autres occupants de la voiture étaient descendus eux aussi. Les deux hommes avaient rejoint le petit groupe. La femme lui prit le bras fermement pour l’inciter à avancer.

— Ne sois pas idiote, lui souffla-t-elle. On sait qui tu es.

L’homme se retourna et d’une démarche trainante se dirigea vers la chapelle. Le groupe s’ouvrit pour lui laisser le passage. Sous le porche, deux femmes entièrement nues portaient des flambeaux qui projetaient une lumière dansante sur les vieilles pierres. Elles étaient totalement épilées et avaient le crane rasé. L’une d’entre elle avaient les seins lourds, l’autre une poitrine juvénile. Elles reculèrent d’un pas pour céder le passage, puis mirent leurs pas dans ceux de celle que l’on avait désigné sous le nom de Mélodie.

La construction avait été établie à la seule intention des propriétaires du château, dans des temps où le culte occupait une place majeure dans la vie familiale. Elle était de dimensions modestes, avec une simple nef, terminée par une petite abside. A la place de l’autel, un pentagramme était installé verticalement sur une petite estrade.

— Mes amis, venez tous accueillir Mélodie, ou peut-être devrais-je dire sœur Marie des Anges ?

La femme ainsi présentée regarda les assistants en demi-cercle face à elle. Elle dénombra quatre femmes et cinq hommes. Les femmes étaient toutes en robes, largement décolletées, certaines longues, d’autre beaucoup plus courtes. Toutes arboraient de lourds bijoux, aux oreilles, aux poignets et autour du cou. Les hommes pour leur part portaient des costumes ou des smokings.

Les deux porte-flambeaux avaient déposé leurs torches. Elles portaient maintenant des plateaux chargés de flutes de champagne. L’homme en prit une et la tendit à la nonne. Il en saisit une seconde pour lui.

— Buvons à nos retrouvailles, en souvenir de notre insouciante jeunesse.

Tous les assistants levèrent leurs coupes avant de la porter à leurs lèvres. Seule Mélodie resta immobile.

— Et bien, tu n’aimes plus le champagne ? Depuis combien de temps n’en as-tu plus gouté ? Allez, bois, s’il te plait.

Comme tout le monde avait les yeux fixés sur elle, la religieuse leva lentement son verre avant de le vider d’un trait et de le laisser tomber au sol.

La femme aux seins lourds se précipita pour ramasser les éclats.

— Voilà qui est mieux. Je te retrouve, ma sœur. Je crois que nous allons passer une grande soirée.

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