Chômeuse, sans-abri, bourrée de maladies jusqu'au cou, il ne lui restait guère de temps à vivre. Elle passa sa langue sur ses lèvres gercées, goûta le sang qui y perlait et souffla sur ses doigts gelés. De ses yeux vitreux, elle contemplait la photographie – unique chose qu'elle possédait encore – de ce qui aurait dû être le plus beau jour de sa vie. On l'y voyait, grande, jeune et jolie, percer un nuage de poussière et abattre sa lourde épée sur le visage d'un Roi-Démon épuisé par un combat acharné. « Les héros ont la vie dure, tu sais. » lui avait-il dit. Elle mourrait d'avoir cru les mauvais.