Ces humains nés d'ailleurs.

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L’humanité commençait à conquérir l’espace. Les beautés des mondes s’offraient à eux. Au début, ils ne découvrirent que des planètes vides de vie. Sous leurs pieds, des déserts de sel, de sable, d’eau, de lave, d’acides. Certaines offraient des ressources formidables et des colonies minières s’y installaient. La plupart étaient fuies autant que possible. Puis, petit à petit, des planètes hospitalières avec de la vie. Des êtres étranges, adaptés aux conditions de leurs mondes : des sortes de baleines volantes dans les atmosphères denses, des végétations noires afin de capter la moindre longueur d’onde pour optimiser la photosynthèse des soleils mourants, une vie souterraine sur les planètes à faible atmosphère… Il y en avait pour tous les goûts.

Puis un jour, la quête de l’humanité s’acheva enfin : ils rencontrèrent le premier extra-humain.

Tout un peuple présent sur une galaxie lointaine, qui ressemblait comme deux gouttes d’eau aux humains de la Terre du système solaire. Dans les deux mondes, la stupéfaction puis l’émerveillement puis la joie furent grandes. La civilisation des Mets’ets’eti, comme ils s’appelaient eux-mêmes, était légèrement moins avancée technologiquement mais bien plus avancée sur d’autres champs comme la médecine. Ce furent eux qui analysèrent le génome terrien et qui découvrirent d’infimes différences mais rien que de plus normal en raison des milliards d’années-lumière qui les séparaient. Il semblait aux deux camps que chacun retrouvait sa moitié perdue, que les deux races n’en étaient plus qu’une.

À distance, des premières tractations politiques furent menées. Mais très vite, tous convinrent qu’il devenait indispensable de se rencontrer. Une première délégation composée de scientifiques, de philosophes, de religieux, d’artistes et de politiciens fut constituée parmi les Mets’ets’eti. Le vaisseau d’exploration, converti en vaisseau de transport humain, repartit donc avec cette nouvelle cargaison pleine d’espoir et de promesses.

Le voyage n’était pas si long mais il fut suffisant pour que le capitaine terrien et la primo’ambassadr Mets’ets’eti tombent amoureux. Cela était de bon augure et une grande fête fut réalisée dans le vaisseau pour fêter leur mariage improvisé. Mickael et Kolona filèrent le parfait amour jusqu’au reste du voyage.

« Désires-tu des enfants, Kolona ?

— Bien sûr. Mais seulement quand nous le voudrons. C’est là l’une de nos grandes différences, nous ne sommes fertiles qu’une semaine par an. Il nous suffit d’un peu d’abstinence.

— Vraiment ? C’est formidable !

— Pourquoi cela ?

— Nous sommes fertile quasiment tout le temps. Pour éviter d’avoir trop d’enfants, nous devons prendre une pilule tous les jours. Il suffit de l’oublier une fois et hop ! Il y a un risque. Enfin, maintenant les risques sont moindres vu que les deux membres du couple prennent une contraception. Il y a quelques siècles, cela n’avait été inventé que pour les femmes. Je n’aurai pas aimé vivre à cette époque.

— À cette époque, nous ne nous serions jamais rencontré mon amour. »

Elle l’entoura de ses bras et il la serra dans les siens. Durant de longues minutes, leurs souffles s’entremêlèrent puis un sifflement strident vint les déranger.

« Ah ! C’est le signal ! La Terre est en vue. Viens voir, Kolona, viens voir ma planète natale ! »

Ils se précipitèrent sur la passerelle en riant, la main dans la main. Kolona fut émerveillée par le spectacle. Elle découvrit une planète aux couleurs vives, la verdure et le bleu ne s’arrêtaient que sur des points brillants. C’étaient les mégalopoles dans lesquels l’humanité s’était retirée pour laisser fleurir la nature. Les immeubles brillaient comme des joyaux. La hâte de visiter ces merveilles la prit.

Durant l’année suivante, elle put en effet explorer la planète soit pour des missions diplomatiques, soit en visite avec son mari. Des accords de paix et de coopération furent conclus. Les mois suivants furent l’amorce d’une prospérité financière, intellectuelle et artistique fulgurante. C’était le début d’un nouvel âge d’or.

Un soir, dans une retraite d’une réserve naturelle d’accès contrôlée, Kolona et Mickael se retrouvèrent. Ils s'allongèrent sur un canapé en face de spectaculaires chutes d’eau. Le soleil couchant teintait les cieux d’une palette fantastique pendant que ses rayons jouaient avec la brume pour créer un diadème d’arc-en-ciel. Les oiseaux exotiques volant au-dessus de la canopée poussaient des chants d’amour. Quelques insectes posés sur la rambarde apportaient leur contribution à la musique de la vie. Les deux êtres s’enlacèrent tendrement. Le terrien rompit le premier le silence.

« Chérie, je sais que tu es fertile à partir de ce soir. Cela fait plusieurs semaines que j’y réfléchis. Je me sens prêt pour fonder une famille.

— Tu en es certain ?

— Oui, vraiment, j’ai beaucoup réfléchi. Pourquoi cette question ?

— Simplement parce que je suis heureuse, seule à tes côtés. Et que plus rien ne sera jamais pareil après que nous ayons fait cette importante décision.

— Je sais que tout sera différent. Je sais aussi que tout se passera bien.

— Mon amour ! »

Kolona se sentait tellement étouffée de sentiments qu’elle ne put rien dire d’autre. Le soleil se coucha sur le début de leurs ébats. Mickael releva la fine mousseline qui recouvrait sa peau douce et délicate. Sa main glissa sur sa cuisse. Leurs bouches s’entremêlaient encore alors que vint la jouissance de part et d’autre. Après un instant d’essoufflement, ils se rallongèrent chacun près de l’autre dans une douce étreinte. Kolona caressa la joue de son bien-aimé et elle murmura :

— Je t’aimerai toujours, Mickael.

Puis, avant qu’il ne réponde, elle planta ses ongles dans son cou, le sang coula abondamment de ces blessures. Sa mâchoire se déboita et ses dents se plantèrent dans le crâne de son époux. Après quelques instants, elle lui arracha la tête d’un mouvement vif. Le sang gicla sur la terrasse en teck. Elle entreprit ensuite de dévorer son mari pour donner à leur enfant les meilleurs nutriments pour son développement. Ainsi faisait chaque couple des Mets’ets’eti, mantes-religieuses humaines.

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