Chapitre II - Elfantoh & Langoustiens (partie 2/3)

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Site d’atterrissage * Planète Oph’owr

Le vaisseau se posait, un contingent de la garde royale avait été dépêché sur place par le roi Gry’had lui-même suite à une communication indiquant une métamorphose. L’anomalie avait été transformée en un être hideux, personne n’avait jamais vu quoi que ce soit de tel dans sa vie. Le colonel Delapynsse avait donc jugé prudent de l’attacher fermement et d’appeler le roi pour obtenir de nouveaux ordres. Maitre Blue, le colonel et la passagère métamorphosée sortirent entourés par les soldats.

—Mon bon roi, voilà la créature qui vient de nulle part. Fit le colonel Delapynsse en désignant la créature avec de grandes défenses et de larges pattes.

—Qu’êtes-vous ? demanda le roi Gry’Had.

—Je suis la Reine Ivoriaah III de la planète Aphe-rycah. Commença la créature.

—Ahahah ! Enfermez-moi cette mythomane dans les cachots. Cette planète n’existe pas ! fit le roi.

—A vos ordres mon roi. Que devons-nous faire de cette femelle humaine ?

—Enfermez-la également. Nous allons rassembler un tribunal pour décider de leur sort. Donnez-leur à manger.

—C’est inacceptable ! hurla la Reine Ivoriaah en se débattant tandis qu’on la conduisait vers un véhicule.

Cachots du palais * Planète Oph’owr

Les soldats accompagnèrent donc les deux prisonnières jusqu’aux cachots, bien que le nom puisse laisser présager d’un endroit sombre, il n’en était rien. En fait on aurait pu penser que le summum de la modernité était présent dans ces cachots tellement le design des lieux était recherché. Le maitre Blue et la prétendue reine étaient désormais seules dans une cellule bien éclairée et moderne. Elles entendaient les soldats rire de leur capture tout en se rendant au réfectoire pour manger.

—Quelles manières que de traiter une reine de mon ampleur, de ma qualité, de ma stature ainsi… fit la reine Ivoriaah.

—De traiter des dames s’il vous plait ! il n’y a pas que vous !

—Des dames, des dames … on aura tout entendu … fit la reine avec dédain.

—Redescendez d’un ton Majesté. Ordonna le maitre avec une voix méprisante.

—Bon, très bien. Quand mes soldats arriveront nous allons voir. Rétorqua la Reine en s’installant sur sa couchette magnétique.

La couchette avait l’air si confortable que le maitre Blue s’installa sur la sienne. Elle contemplait cette créature, un spécimen adulte d’ Elfantoh … Jamais elle n’avait eu la chance d’en voir un ailleurs que dans les livres de légendes anciennes. Le grand Harry Stoat les avait bien décrits dans un ouvrage de biologie exotique paru il y a de cela trois cent ans, mais personne n’avait cru qu’il les avait vraiment rencontrés. En même temps, ce pauvre bougre était encore aujourd’hui exilé sur une planète désertique. Il n’avait pas bien pris les retours de la communauté scientifique sur son ouvrage. La prétendue reine avait deux paires de défenses sur le visage, l’une prenant racine sur les côtés d’une ridicule trompe devant mesure dans les trois centimètres, l’autre prenant sa source au niveau de son menton. Enfin s’il était possible d’appeler cela un menton. Ses mains, ou plutôt pattes antérieures, étaient dotées de quatre gros doigts avec lesquels imaginer coudre ou tracer des figures géométriques était impensable.

La reine était couchée, elle avait les yeux fermés et réfléchissait aux évènements, elle n’avait toujours pas reçu son polisseur pour ivoire… Ses défenses allaient devenir moins agréables à regarder. Il fallait remédier à cela rapidement. Elle prit quelques instants pour contempler la cellule et sa camarade. L’humaine avait l’air petite, un corps assez effilé et elle portait deux grandes vitres devant les yeux. Le tout posé sur une structure de métal posée sur une trompe incroyablement réduite. C’est peut-être ce que les naturalistes avaient décrit comme étant un « nez ». Jamais elle n’en avait vu, en effet aucun humain n’avait été vu depuis des millénaires. Il y a bien eu une fois un humain venu en exploration, il n’avait vu qu’un petit groupe d’adolescents en sortie pour les vacances. Les humains étaient en revanche très présents dans les légendes, ils étaient réputés pour leur désir ardent de richesses et de violence. Ils auraient décimé des villages entiers, des mondes même. Cette humaine qui était avec moi enfermée, ne leur ressemblait pas. Elle avait bien les caractéristiques des humains : orgueil, antipathie, odeur nauséabonde, yeux tout petits et corps un peu gras. Cependant elle ne semblait pas violente.

Les pensées de la reine vagabondaient à son palais, qu’était-il advenu à sa servante ? S’était-elle aperçue de sa disparition ? L’inquiétude gagnait la reine tandis qu’un garde apparut devant le champ de force qui maintenait la cellule verrouillée.

—Vous savez, ils vont nous laisser seules, nous ferions mieux de discuter. Commença le maitre.

—Vous avez sans doute raison. Quel est votre nom ? Je suis Ivoriaah III, grande reine de la planète Aphe-rycah.

—Je suis la directrice du Monastère de Lanh-Yakéa, grand maitre et spécialiste en sciences universelles.

—Oh, vous êtes donc de ces gens cultivés qui pensent que la science fait le pouvoir ?

—Oui, mais vous savez, c’est plus qu’une simple croyance c’est un fait. De plus, je pense savoir que je peux vous aider à vous échapper d’ici.

—Ah bon ? répondit la reine intriguée.

—Oui, j’ai vu ce qui s’est passé pour votre arrivée ici, je pense que vous pouvez aider à reproduire le phénomène.

—Expliquez-moi tout. La pria la reine.

—Ce ne sont que des hypothèses, mais je pense que mes camarades se sont téléportés à votre place, si je ne me trompe pas ils vont revenir et vous échanger de nouveau.

—Vous pensez ?

—Oui, c’est imminent. Si vous dites vrai et que vous êtes reine. S’il vous plait, venez nous en aide et nous vous récompenseront par un droit d’accès pour vos enfants à notre école. Une des plus réputées de la galaxie.

—Je serai honorée maitre de vous venir en aide et d’ainsi favoriser la paix entre nos peuples. Fit la reine.

Palais de la Reine Ivoriaah III * planète Aphe-Rycah

La servante de la reine était arrivée à l’entrée du palais. Elle était essoufflée et sa trompe tremblait encore des récents évènements. Elle interpela un des gardes.

—Garde ! La reine a été … enlevée et remplacée !

—Quoi ? Que dites-vous ? fit le garde visiblement paniqué

—La reine … Enlevée … Remplacée ! Humain !

—Calmez-vous ! j’espère que ce n’est pas encore une plaisanterie … Vous savez ce que vous risquez si c’est encore faux … le roi Ivorien IV a déjà annoncé votre exécution si l’on vous reprend à mentir ainsi.

—Allez donc vérifier plutôt ! fit la servante.

—J’ai déjà été vérifier deux fois rien que ce mois-ci.

Le garde se remémorait la semaine passée, la servante avait couru jusqu’à l’entrée du palais en hurlant des choses catastrophiques : la reine se serait noyée. Quand il était arrivé il pouvait l’entendre trompeter dans son bain au travers de la porte. Il fallait quand même aller vérifier, si par malheur quelque chose était réellement arrivé alors il faudrait agir. Le garde fit signe à deux collègues de prendre sa place et à un autre de l’accompagner à l’intérieur.

—Très chère, j’espère pour vous qu’il y a réellement eu quelque chose. Fit le garde.

—Oh que oui mon brave ! Je vous promets que jamais plus je ne ferai une plaisanterie de la sorte ! lui dit la servante.

—J’en doute mais, allons vérifier. Où était la reine ? la questionna le garde.

—Dans sa salle de bain. Je m’apprêtais à lui donner son polisseur. Fit-elle en montrant le polisseur dans sa poche.

Le petit groupe avançait, les gardes étaient tendus, si une quelconque catastrophe s’était produite il faudrait appeler un expert. Personne n’avait encore été confronté à un problème. A part les mam’outes, la troupe d’élite royale. Personne n’aimait avoir affaire aux mam’outes, ils n’étaient pas réputés pour leur intelligence supérieure et leur délicatesse. La porte de la salle de bain était désormais devant eux. Ils se regardèrent et restèrent muet une seconde quand une voix rompit le silence.

—Regarde-moi ça … la bague est dans un sale état.

Aucune réponse ne fut perçue par le groupe caché derrière la porte. Très rapidement, la voix retentit de nouveau.

—Il faudrait que l’on trouve ton ami pour qu’il la répare. Et aussi qu’on découvre comment inverser ce qui s’est passé.

Dans la tête de Yanh c’était le bordel le plus complet : aucun des deux colocataires ne pouvait s’entendre penser, et aucun d’eux n’entendit la porte de la salle de bain qui s’ouvrit.

—Levez les pattes en l’air l’humain ! ordonna un des gardes

—Où est là reine Ivoriaah ? demanda la servante.

—Revoila la petite servante, et cette fois elle nous amène des camarades de jeu on dirait. Fis-je.

—Cessez de parler de nous de la sorte, nous sommes les gardes du palais !

—Et moi je suis le grand Esdraël ! répondit-je sur un ton des plus sérieux.

—Vous vous fichez de nous ? Esdraël est mort depuis des milliards d’années ! fit la servante.

Parmi toutes les histoires que j’avais entendues jusque-là, celle-ci était la plus perturbante. D’où leur venait une information aussi « fiable » ? Il faudrait élucider ce mystère plus tard. Je jaugeai la situation, les gardes bloquaient la seule porte : aucune échappatoire de ce côté-là. Yanh intervint dans notre tête.

—Tu ne peux pas refaire ce que tu as fait tout à l’heure ? demanda-t-il.

—Mais quand ça ? fis-je exaspéré.

—Ben tout à l’heure, quand nous étions avec les soldats Langoustiens. Tu nous as isolés dans une bulle qui semble nous avoir téléportés et échangés avec la Reine Ivoriaah. Il serait peut-être bien de reprendre notre place et de la faire revenir ?

—Sans doute oui, tu veux vraiment ? Va savoir ce qui va arriver si l’on refait cette chose… Et puis je ne saurai pas le refaire… fis-je.

—Moi je pense pouvoir le refaire si tu me laisses accéder à tes souvenirs ! fis Yanh.

—Si c’est ce que tu souhaites… mais explore les vite… lui répondis-je, et ne met pas le bazar là-dedans ! les conséquences seraient terribles.

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