Chapitre I - La chute (partie 1/2)

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Dans une dimension supérieure * planète Lanh-Yakéa

Quel dur labeur... Je n’en pouvais plus, la fatigue n’aurait pas dû être, j’avais fait une belle connerie en la créant. Mes premiers regrets, pourtant j’avais passé ce que les humains appellent « du temps » à cette œuvre gigantesque digne de toute une vie. J’avais pensé à tout, aussi bien les propriétés des corps que les lois permettant à tous mes objets de s’articuler. Une onde étrange me parcourut. La joie de ne pas être physiquement présent fut vite chamboulée par cette voix émanant de nulle part. « Te voilà enfin toi ! je viens te régler ton compte ! » . J’étais certain que si j’avais pu être terrifié c’est à ça que ça aurait ressemblé. Une onde violente perturba mon énergie. Quelqu’un ou quelque chose approchais. « Je vais t’annihiler vile créature ! ». Je n'eus pas le temps de réagir, la demi-seconde qui suivit j’étais perdu dans le vide, tourbillonnant et secoué dans tous les sens par une force que je ne me souvenais pas d’avoir crée si violente : la gravitation. Je pensais pourtant qu’être en permanence bourlingué par des gravitons aurait été drôle… De toute évidence je me trompais. Je ressentais des picotements, bien que ce fut impossible je les sentais vraiment me parcourir. Un drôle de sentiment me gagnait au fur et à mesure que je me revoyais créer des êtres pour peupler ce monde. C’était tellement extasiant à faire … Apporter la vie et regarder ces pathétiques petits êtres se débattre dans la galère que j’avais conçue pour eux. Ils avaient même eu l’audace de s’autoproclamer « humains ». Quelle bande de vermines. Il faudrait que je les détruise un jour, mais avant cela il faudrait que je comprenne pourquoi d’un coup j’ai mal. Ainsi c’était ça la douleur ? Avoir l’impression d’être transpercé par des pointes en tout point de mon être ? Je n’aurais peut-être jamais dû créer ce terrible sentiment.

Aux abords du monastère de Lanh-Yakéa * Planète Lanh-Yakéa

L’obscurité autour de moi changeait. Désormais tout autour de moi dansaient les nuages. Ces assemblages improbables de molécules d’eau. J’étais certain lors de leur création qu’ils poseraient problème aux savants qui voudraient les étudier. Mais tant pis ! Après tout ce serait parfaitement drôle de ne pas les laisser tout comprendre. Je sentais que les choses tournaient, à moins que ce ne fut moi qui tournait ? Nul moyen de le savoir. Tout à coup je heurtais quelque chose de dur. Ce fut ma première rencontre avec le sol. Une bien douloureuse rencontre d’ailleurs.

Yanh courrait vers le monastère. Le monastère était placé à flanc de montagne, le Mont Chacré. La plus haute montagne de Lanh-Yakéa, son sommet servant de siège à l’observatoire stellaire du monastère. Première ligne de détection des menaces extra Lanh-yakéennes. Le monastère était en fait une antique base militaire qui avait servi pendant la troisième guerre de la nébuleuse de la chaussette. Les Lanh-Yakéenns avaient été victorieux lors de cette guerre et jamais la forteresse n’avait vu ses défenses pénétrées par les forces Avezéennes. Yanh courrait maintenant à en perdre son souffle. Ses poumons hurlaient qu’ils voulaient sortir, je pouvais les entendre alors qu’il était si loin encore. Bientôt le jeune homme pourrait m’apercevoir. Il fallait vite que je trouve une solution pour demeurer invisible. Sinon j’aurais probablement des problèmes. Mon impact avec le sol avait fait s’élever un nuage de poussière sur le chemin, le jeune homme s’en approcha quand il le vit. Yanh resta une minute à regarder le cratère au sol. Il me fixait désormais, j’en était sur.

- Qui es tu ?

- Miaou

- Oh ! tu n’es qu’un malheureux chat ? et noir en plus ? s’étonna-t-il.

Cette révélation me glaça le sang, j’étais donc devenu un chat ? Quelle honte. La créature la plus vile que j’avais créé dans ce monde. J’avais plutôt intérêt à comprendre vite ce qui se passait, et à régler cela. L’humain semblait être jeune, dans les quatorze ans à vue de nez. Il était assez élancé et manquait peut être un peu de gras sur les os. Son visage était ouvert et clair. Aucun pli ne parsemait sa face et seul une mèche de cheveux roux tombait sur son front. Sa chevelure assez courte atteignait à peine ses oreilles. Sa tenue était révélatrice d’un élève, une grande tunique à capuche de couleur noire avec deux bandes bleues entourant une cloche dorée. Trois lettres étaient floquées sur le haut de la tunique : MLY. Ces trois lettres me disaient vaguement quelque chose, j’avais du les voir une fois ou deux lors des différentes batailles que j’avais tant aimé admirer. Tandis que je le jaugeais, il s’approcha drastiquement de moi et me saisit.

- Tu viens avec moi le chat !

Je n’y croyais pas, il allait en plus me forcer à venir avec lui. Je sortais les griffes et les lui plantais dans les mains. Le sang jaillissait maintenant a flots et le douleur montait en Yanh. J’étais sur qu’il regretterai de m’avoir attrapé.

- Aie ! Eh oh ! calme toi Poupouille.

Et puis quoi encore ? Il se permettait maintenant de me donner un nom ? à moi le créateur de toute chose. Quel toupet. Je n’aurai jamais pensé cela possible. Un affront intergalactique. Dès que je mettrai les pattes sur une arme il le sentirait passer. Déjà je commençais à réfléchir comme un chat, c’était inquiétant. Imperturbable, toujours avec mes griffes dans la main, il avançait en reprenant sa course. Il me serrait fort et ce n’est que quand il entendit cela qu’il se décida à diminuer son étreinte sur ma pauvre cage thoracique.

La pause ne dura pas, il sortit une montre de sa poche et son expression faciale m’indiqua qu’il était inquiet. Il me saisit à nouveau, je n’eus cette fois pas le courage de le griffer. Après tout, être ainsi transporté était plus rapide que si j’avais du courir sur mes nouveaux coussinets. C’était perturbant de me sentir chat, de me sentir tout court d’ailleurs. Je n’avais encore jamais eu de corps. Comment était-ce possible ? Je ne comprenais toujours rien mais je fut sorti de mes songes par une nouvelle voix.

- Bonjour Maitre Blue !

- Te voila Yanh. Tu es en retard, encore. Soupira la belle dame.

- Pardonnez-moi Maitre. Je …

- Tais-toi ! Va t’installer dans la salle de géophysique. Nous allons commencer la leçon et la finir plus tard ce soir, tant pis pour toi.

- Mais Maitre … supplia Yanh.

- Pas de mais, nous y allons et tout de suite.

Je découvrais une salle couverte d’images, plus ou moins fidèles aux choses que j’avais crées. J’avais édicté des lois universelles qui étaient toutes écrites. Incroyable, ils avaient donc tout étudié ? Cela me perturbait, mais en même temps je leur avait laissé cinq milliards d’années d’évolution. J’avais crée l’évolution dailleurs ! j’avais un jour décidé que les individus ne pourraient transmettre fidèlement leurs caractères et que ceux qui profiteraient des variations seraient ceux qui auraient la vie sauve dans mon Univers. Les humains semblaient l’avoir découvert, surtout un certain Daar-Whyn. Quel drôle de nom… Blue se plaça devant une surface noire, se saisit d’une craie et commença à représenter une sphère.

- Aujourd’hui nous allons étudier la structure interne de Lanh Yakéa. Tu dois savoir que notre planète est sphérique et non homogène. Elle n’est en revanche pas creuse du tout ! expliquait-elle.

Yanh écoutait religieusement ce charabia inutile et complètement faux, j’avais crée un champ de camouflage pour éviter que les humains ne découvrent la structure de leur monde. Elle était bel et bien creuse cette planète, mais il ne faudrait pas le leur dire tout de suite. Cela serait tellement perturbant. Et puis, les Koriens n’apprécieraient pas une incursion des humains, une guerre serait très probablement déclenchée. Bien que ce serait drôle à voir, il faudrait d’abord que je sois de retour à ma condition divine. D’ailleurs, il faudrait peut-être communiquer avec Yanh pour trouver une personne compétente dans ce bas monde, surtout quelqu’un qui soit capable de m’aider.

- La leçon est terminée. La prochaine fois on travaillera sur l’origine hypothétique du signal …

Blue s’arrêta. Yanh semblait ne plus écouter son discours, il était donc inutile de continuer à gâcher de l’énergie pour cet ingrat. Elle se rapprocha de la porte, appuya sur un bouton et déclencha l’éjection de Yanh de la pièce. Je fut sorti de son sac et projeté au sol dans la classe. La porte se referma, j’étais désormais seul avec le Maitre. Une sonnerie se fit entendre, le Maitre se saisit d’un objet et l’approcha d’elle.

- Ben alors, qui es-tu toi ? demanda-t-elle en me regardant surprise.

Je tentais à nouveau de répondre mais aucun mot ne sortit. Il était complexe de parler avec cet appareil de vocalisation félin. J’aurai probablement dû penser à cette éventualité. Je devrais corriger cela.

- Comment ça tu aurais dû y penser ?

Ce fut un choc, elle comprenait ce que je pensais, mais par quel miracle ? je devais absolument m’enfuir. Je ne prit pas le temps de calculer une sortie, je pris mes pattes à mon cou et me dirigeai vers la porte encore entrouverte.

- Ne t’enfuis pas ! je vais te donner à manger.

Elle émit un bruit semblable à un rire, c’était un rire d’ailleurs. Puis elle continua.

- Mais non pas à toi Julie, au petit chat qui s’enfuit. Tu me disais ? tu aurais dû y penser ? Mais à quoi donc ?

L’idée de manger me semblait étrangère. Pourquoi moi, Esdraël devrais-je accepter la nourriture d’un mortel que j’avais crée ? rien ne m’y contraignait. Il fallait juste que je me ressaisisse, le jeunot était un abruti. Il faudrait que je trouve quelqu’un de plus futé pour me sortir de ce mauvais pas. La conversation du Maitre se termina et j’étais assez soulagé de voir qu’elle n’avait en fait pas de don paranormal. Je ne me souvenais pas d’avoir crée de tels pouvoirs, à part pour les Epigoo. C’était une espèce très drôle à créer. Penser à cette espèce me donnait presque un sourire. La nostalgie de la création me gagnait … Il faudrait aussi remédier à cela. La belle dame s’approcha de moi, et à ma grande surprise ne me toucha pas. Elle me donna juste un petit poisson. Je m’approchais de cette petite chose et mordit. D’étranges instincts étaient apparus, je savais manger. Quelle surprise, c’était une grande première pour moi. En près de 5 milliards d’années je n’avais pas mangé. C’était … anormal. Je sentais cette chose en moi, sur ma langue. Comme un signal, ce n’était pas agréable. Une seule pensée me traversa tandis que je repoussais le poisson de la patte « Il est pas frais ton poisson ! ».

- Eh ben alors ? Tu n’aimes pas le poisson petit chat ? Ce n’est pas grave vient je vais te remettre en liberté. Il n’avait aucun droit de te capturer.

Etre libre, j’avais également crée ce concept. Elle me prit, je ne sentais pas le besoin de la griffer mais j’en ressentais l’envie ardente. Faire souffrir un humain était vraiment très amusant. Surtout quand on pouvait le faire physiquement. Sentir ses nocicepteurs s’exciter et envoyer des milliers de signaux électriques son cerveau.

- Non mais ça ne va pas ?

Ce qui devait arriver survint. Elle me décocha rapidement un coup de pied dans l’arrière train. Ma queue s’en souviendrait certainement plus longtemps que moi-même. Et voila que je parle de ma queue comme d’une partie « normale » de moi… Tout va bien Esdraël, tu n’es pas un chat tu es toujours un Dieu… Mes pensées suivaient encore une fois leur cours quand je heurtais le sol pour la seconde fois aujourd’hui. Cette nouvelle rencontre était presque douce comparée à la première. Si la troisième pouvait suivre cette tendance cela me plairait beaucoup ! Mais je ne revais pas. J’avais conçu ce monde pour qu’il soit totalement insupportable, et j’étais probablement le seul être vivant ici qui n’allait pas réussir à m’y faire…

Au palais du Roi Gry’Had * Planète Oph’owr

La foule était rassemblée pour écouter le discours du Roi. Il avait convoqué les citoyens de tout le royaume, les scientifiques de l’Université Oph’owrienne et l’armée. Il devait avoir un message de la plus haute importance à partager. Il s’avança devant la foule, alluma son système anti-gravité et se retrouva à deux mètres du sol. Il observa quelques secondes la foule, puis ouvrit la bouche.

- Chers citoyens, chers savants, chers soldats, je m’adresse à vous aujourd’hui suite à un rapport scientifique de l’observatoire des évènements spatiaux non identifiés, le Soesni m’a appris il y a une heure que nous étions confrontés à un évènement inédit. Il semblerait qu’une quantité infime de matière soit apparue de nulle part…

Devant ces informations, la foule ne parvint pas à conserver son calme et un brouhaha prit naissance. Il fut stoppé par la garde royale qui ouvrit le feu par-dessus la foule.

- N’ayez crainte mes chers protégés, votre divin Roi va protéger notre monde et notre Univers. Je vais envoyer un contingent d’élite sur le monde où s’est produit ce phénomène. Nous allons envoyer un scientifique avec eux, et il sera chargé de découvrir l’origine de cet évènement. Je prendrai de nouveau la parole quand l’équipe aura donné ses premiers résultats, d’ici là allez en paix, soyez silencieux et obéissants mes chers protégés !

La foule se dispersa dans un ordre impeccable sous la direction de la garde royale. Aucun citoyen, aucun savant ni aucun soldat n’aurait voulu désobéir au grand Roi Gry’Had. Nul n’avait osé faire cela depuis des décennies. Les seuls à l’avoir fait s’étaient vus couper les mandibules et une bonne portion des antennes. Le peuple Langoustien ne se serait jamais laissé dominer par le peuple Homarsien sans cette terrible menace. Les soldats étaient des Langoustiens, tandis que les Homarsiens étaient membres de la garde royale.

Monastère de Lanh-Yakéa * Planète Lanh-Yakéa

Yanh qui avait tout vu par la fenêtre s’était précipité devant la porte du monastère et avait ouvert celle-ci. Il me fit signe de le rejoindre. J’hésitais longuement, je me refusais à devenir l’ami d’un humain. Ce n’était pas possible.

- Viens Poupouille, j’ai un super pain aux pépites d’orbitine.

Mes oreilles m’avaient-elles trahies ? J’avais entendu « orbitine » … La seule chose sympathique que j’avais posé sur ce monde pour les humains. Sur d’autres mondes j’avais été plus généreux, mais rien n’était aussi bon que l’orbitine. Mes pattes en tout cas m’avaient trahies, j’étais déjà parti vers Yanh qui me tendait un pain. Quand il me donna enfin ce pain, ce fut le bonheur. Je me sentais bien, parfaitement bien. J’avais dû avoir cette idée en rêvant. Je rêvais à une substance foncée, un truc qui s’appellerai « chocolat ». Sans avoir fait attention, j’étais désormais installé sur une drôle d’étoffe transparente. Le jeune humain me fixait pendant que je mangeais. Le temps passa et il activa son lit magnétique. Il lévitait désormais devant moi. Je ne me souvenais pas d’avoir planifié cette utilisation du magnétisme … mais soit. Ces humains avaient trouvé quelques idées intéressantes. Mais ils avaient détourné certaines lois de mon univers à leur avantage. Aurais-je échoué ? Mes réflexions furent interrompues par la voix de Yanh.

- Bonne nuit Poupouille. Désormais je t’appellerai pépé. J’ai l’impression que tu n’es pas tout jeune. Tu ne bouges presque pas. Demain je t’emmènerai voir Dany. Il a un dispositif pour communiquer avec les animaux. J’espère que ça te plaira.

Entendant ces mots, je compris que ma situation tendait à s’améliorer de minute en minute. Le jeune humain était peut-être un déchet plus utile que ses congénères. J’aurais dû en créer plus des comme lui. Il cessa bientôt de parler et de bouger, il avait modifié son rythme respiratoire. Il devait s’être endormi. Je ferai bien de faire pareil, mais dormir je ne connaissais pas… Encore quelque chose que je n’avais jamais expérimenté.

Le jour se levait, Yanh me secoua. Je ne l’avais même pas senti se lever et couper son lit magnétique. Il me saisit par la queue, sans doute pour se venger des griffures, je ne pouvais pas lui en vouloir mais il le regrettera bien vite. Je le suivais désormais sans broncher. Il avait peut-être encore de l’Orbitine… Si seulement il pouvait m’en donner encore un peu… Des voix se faisaient entendre dans le couloir adjacent à celui où nous nous trouvions.

- Vous êtes bien sur Nikola ? l’interrogea Blue

- Oui, il y a un vaisseau éclaireur qui s’approche de Lanh-Yakéa. Ils n’ont pas encore émis de signaux mais nous sommes inquiets. Il va falloir prendre des mesures pour verrouiller le Monastère.

- Très bien, je vais m’en occuper, retournez à l’émetteur et tentez de découvrir l’identité de nos invités.

- Bien sûr Maître.

Nous entendîmes un téléporteur s’activer, puis plus rien d’autre que des pas pressés vers notre position. Le Maître arrivait nous chercher. Une poignée de secondes plus tard elle montrait le bout de son nez en face de nous, et elle nous dévisagea.

- Yanh ! Que fait cette bête dans l’enceinte du monastère ? Je l’ai jetée dehors hier soir.

- Je sais Maître. Mais cette pauvre créature avait juste besoin d’un peu d’Orbitine pour aller mieux. Tenta de l’apitoyer le jeune humain me défendant contre son ignoble maitresse.

- Je ne veux rien entendre, tu sais pourtant que c’est interdit de récolter des fèves d’orbitine sur l’Orbitinier sacré au centre du cloitre. Il va falloir que tu rendes des comptes mon petit Yanh.

- Maître … commença-t-il avant qu’une explosion ne l’arrête et ne nous projette tous contre le mur.

Les murs du monastère tenaient bon, Blue et Yanh se relevèrent, elle se saisit de sa main et ils se téléportèrent, me laissant seul au milieu du couloir.

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