Chapitre 1 : Changement 1/2

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Je soupire longuement en daignant ouvrir les yeux. Mon réveil sonne depuis maintenant dix bonnes minutes et mon père s'acharne à me crier de descendre avant que le petit déjeuner ne refroidisse. Je finis donc par trouver la motivation pour me lever – péniblement – et me traîne jusqu'à la salle de bain. J'observe ma face affreuse dans le miroir quand un détail attire mon attention. L'indésirable est de nouveau là. Par là, j'entends ce cheveu blanc qui revient tous les matins alors que je m'évertue à l'arracher à chaque fois que je le vois. Mais il réapparait. Tout le temps. Ça fait maintenant plus d'une semaine. Et ça commence à m'agacer. Je sais que ça peut être lié au stress ou à la fatigue. Dans mon cas ça peut venir de beaucoup de choses qui ne sortent pas vraiment de l'ordinaire : le lycée, le divorce de mes parents, ma mère, les notes, notre déménagement à venir, ma petite sœur bien trop agaçante pour être réelle... bref... rien de plus classique que tout ça. Classique et terriblement ennuyant.

Je regarde rapidement l'heure affichée sur l'horloge suspendue au dessus du miroir de la salle de bain. OK... pas le temps pour un petit déjeuner. Je me dépêche de me brosser les dents, les cheveux et vais m'habiller. J'attrape aussi mon sac noir que je balance sur mon épaule et sors de ma chambre pour descendre les marches en quatrième vitesse. Mon père est dans la cuisine. Une délicieuse odeur de crêpes arrive jusqu'à mes narines et je me dis que, finalement, j'ai peut-être le temps pour un petit-déjeuner. Seulement, en me voyant arriver, ma petite sœur attrape la dernière crêpe et la gobe presque avant de m'envoyer un grand sourire innocent. Sale gosse. Mon père m'adresse un sourire quant à lui désolé – avec un petit air "je t'avais bien dit de te grouiller" –. Je lève donc les yeux au ciel et me dirige vers la porte avec un "à ce soir". Une fois dehors, je prend le temps de respirer profondément l'air frais, pour bien me réveiller.

Je mets mes écouteurs dans mes oreilles et "Show Must Go On" se fait entendre. C'est fou comme une simple chanson peut me motiver autant et me rendre si mélancolique en même temps. Je marche rapidement vers mon arrêt et arrive juste avant que le conducteur ne referme les portes. Je présente ma carte puis me laisse tomber à ma place habituelle, c'est à dire tout devant, côté fenêtre. Je soupire doucement et ferme les yeux tandis que le bus démarre.

Quelques arrêts plus tard, une jeune fille aux cheveux roux vient s'asseoir sur la place libre à côté de moi avec un grand sourire. Je lui retourne ce dernier poliment tandis que je baisse légèrement le volume de ma musique.

— Salut Aiden !

— Salut Sophia.

Sophia fait parti de mon groupe d'amis. Disons que nous ne sommes pas les meilleurs amis du monde mais d'une entente commune nous avons décidé de rester ensemble pour ne pas se retrouver seuls. Et puis, globalement, on s'entend pas mal. Ils sont sympathiques et on rigole bien. On est certainement pas les plus populaires mais au moins, on s'apprécie !

On parle de choses banales avec Sophia, comme les cours, le trajet toujours aussi long, les devoirs à faire, ou encore les potins – même si personnellement, je me fiche pas mal de la vie des gens –. Bref, pas des choses des plus passionnantes mais ça reste tout de même une discussion correcte pour passer le temps.

Le bus finit par arriver au lycée et on se dépêche de sortir. On avance au milieu du tumulte habituel. On y croise nos amis et on se rend donc en cours ensemble. La matinée se passe bien. Lentement, mais bien. Le midi, on va manger ensemble à la cafétéria pendant notre pause. Je marche sans me presser avec mon plateau dans les mains, cherchant du regard une place où m'installer, sous le regard moqueur des brutes du lycée. Ils m'horripilent. Mais bon, je ne suis pas leur cible préférée ; je ne suis pas spécialement isolée, ou mal dans ma peau, ni très franchement sensible à leurs remarques. Oui, ils préfèrent généralement les cibles plus faibles. Mais ça ne m'empêche pas de recevoir parfois des piques de leur part, ou qu'ils se contentent simplement de m'insulter dans mon dos. Je ne peux pas y faire grand chose. Je les ignore donc. Je mange tranquillement avec mes amis et rentre chez moi après une autre longue après-midi de cours. Une journée totalement banale en somme. Ni désastreuse, ni très intéressante non plus.

Lorsque je suis enfin dans mon bus, j'enfonce mes écouteurs dans mes oreilles et une douce musique m'emporte loin... je ferme les yeux et me laisse bercer tranquillement.

Mon bus arrive à mon arrêt, je descend et marche lentement vers ma maison.

En entrant, mon père me sourit et je balance un "je suis rentrée", après avoir retiré mes écouteurs. Je monte les marches quatre à quatre et vais dans ma chambre où je me jette littéralement sur mon lit, fermant les yeux. Tant pis pour les devoirs, je les ferais demain dans le bus, mais là, je suis crevée. Je m'endors très vite, le ventre vide. C'est étrange, j'ai pour habitude d'être fatiguée en rentrant du lycée mais jamais autant... c'est comme si mon corps et mon esprit étaient totalement engourdis.

Lorsque je me réveille, je n'ai toujours pas l'impression d'avoir assez dormi. Il me semble d'ailleurs qu'il est très tôt... je n'entends aucun réveil sonner. Ma maison est d'ailleurs silencieuse, calme, comme elle l'a rarement été. Je jette un regard à mon réveil qui m'indique 4h56. Comment est-ce que c'est possible que je sois déjà réveillée ? Je me suis sûrement couchée trop tôt... mais c'est quand même surprenant...

Ma bouche est pâteuse... j'ai tellement soif. Je me lève donc, encore un peu endormie, et marche à pas de loup jusqu'à la salle de bain. Là, je passe une main dans mes cheveux en baillant et allume la lumière. Je croise alors le regard de mon reflet dans le miroir. Je vois ce dernier devenir de plus en plus horrifié parce qui se trouve devant lui. Je reste figée. Ce n'est pas un cheveu blanc, seul, isolé, mais bien des mèches entières qui ont blanchi. Je m'approche et m'appuie sur le lavabo pour ne pas tomber. Comment... comment est-ce que ça a pu se produire ?

J'approche une main tremblante vers le haut de ma tête et remarque que le blanc gagne du terrain. C'est sûrement mon imagination... je dois être... très fatiguée... c'est tout... tout ça est impossible. Je passe avec lenteur une main tremblante dans mes cheveux devenus totalement blancs.

C'est un rêve, n'est-ce pas ?

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