CHAPITRE 9

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Le soleil venait à peine de se lever, mais moi, j'avais déjà les yeux ouverts depuis un moment. Une nuit agitée avait laissé son empreinte sur mon corps endolori. Je m'étais finalement assoupi sur le canapé, mais le sommeil avait été léger et insatisfaisant. Mon dos était raide, mes membres engourdis, et ma tête pesait lourdement sur mes épaules. Seule la perspective d'un bon café semblait pouvoir dissiper cette torpeur.

Je me levai péniblement, sentant chaque articulation crier de douleur. L'idée d'une douche chaude me tentait, mais les souvenirs de la veille vinrent me hanter. Les grognements menaçants qui avaient retenti dans la nuit m'incitèrent à éviter d'entrer dans la pièce. Je préférais me concentrer sur le présent, sur le simple fait de me réveiller et d'oublier les événements troublants de la veille.

Je m'habillai rapidement, espérant croiser Rafe pour lui demander l'usage de sa douche. Alors que je sortais précipitamment, mon empressement me fit entrer en collision avec quelqu'un. Je perdis l'équilibre et chutai lourdement. En me relevant, je fus accueilli par le regard glacial de Nova, qui me toisait avec un mépris évident, comme si je n'étais qu'un insecte importun qui s'était aventuré sur son chemin.

— Excuse-moi, je ne t’avais pas vu, m'excusai-je, tentant de dissiper le malaise de notre rencontre malencontreuse.

— J’imagine, oui, répondit-il d'un ton cinglant, ses yeux me dévisageant avec mépris.

Il s'éloigna d'un pas décidé, m'abandonnant à mes pensées bouillonnantes. Mes poings se serrèrent instinctivement dans les poches de mon sweat, et je laissai échapper quelques jurons à voix basse, ma frustration montant en flèche face à son attitude hautaine.

La cantine était déserte, à l'exception de Nova qui trônait au milieu d'une table à gauche. La perspective d'une douche bien méritée s'éloignait, mais je n'avais plus qu'à me contenter de celle de ma chambre. L'arôme alléchant du café chatouilla mes narines, suscitant une envie irrépressible. Je me hâtai vers la machine à café, emplissant une tasse de ce liquide revigorant. La première gorgée eut un effet instantané, apaisant les tensions qui m'assaillaient.

Enzo arriva quelques instants plus tard, arborant d'énormes cernes sous ses yeux fatigués. Il semblait avoir passé une nuit agitée, traînant des pieds jusqu'à s'asseoir à côté de Nova, qui lui tendit un bol. Le rouquin ne toucha pas à son repas, ce qui me fendit le cœur. Je pouvais seulement imaginer ce qu'il traversait, mais le voir jouer avec sa nourriture sans y toucher me nouait l'estomac.

Tara fit son entrée quelques minutes après, sa voix résonnant haut et fort comme si elle voulait être au centre de l'attention dès le matin. Nous étions désormais quatre, et je pouvais affirmer que ni Enzo, ni Nova, ni moi-même ne souhaitions écouter ses diatribes à cette heure. Nova se leva brusquement lorsque Tara s'approcha de leur table, sa colère palpable. Intriguée par la tournure des événements, je fixais le garçon, ma tasse de café fumant entre les mains, attendant de voir ce qu'il allait faire. Il se détourna de Tara et sembla d'abord se diriger vers la sortie, puis s'arrêta, changeant de direction pour se tourner vers moi, son regard intense braqué sur moi.

-Ce visage… Je le connais, j’en suis sûre… -

Bien que son visage m'était familier, j'espérais secrètement qu'il ferait demi-tour. Mais, bien sûr, cela ne se produisit pas. Il s'arrêta juste devant moi, debout et droit, ses yeux toujours rivés aux miens.

-Ses yeux… Cette lumière qui danse à l'intérieur, je la connais… J'en suis sûre… -

Bien que surpris par sa présence insistante, je tentai de dissimuler mon malaise en lui adressant une question polie. Cependant, il choisit de s'asseoir en face de moi sans même répondre. Mes yeux s'écarquillèrent sous le choc, tandis que ma bouche s'entrouvrit involontairement.

— Je peux t’aider ? demandai-je, espérant qu'il comprendrait l'invitation à partir.

Son silence persistant me laissa perplexe alors qu'il s'installa face à moi. J'étais interloquée, mais avant que je puisse formuler une autre question, il prit la parole d'un ton désobligeant.

— Tu devrais la fermer avant de gober une mouche et de t’étouffer lamentablement, lâcha-t-il avec dédain, son visage crispé par une expression de dégoût.

Ses mots me firent sursauter, mes dents se heurtant violemment les unes contre les autres. Même après avoir choisi de s'asseoir avec moi, il se montrait toujours aussi désagréable. Dans cette situation inconfortable, je me demandais qui était le plus à plaindre : Enzo, coincé avec Tara, ou moi, contrainte de partager la table avec Nova. Un rapide coup d'œil vers Enzo révéla qu'il était toujours absorbé par son propre malaise, ignorant complètement Tara qui s'exprimait toujours bruyamment. Décidant de suivre son exemple, je me concentrai sur ma tasse, malgré le poids du regard scrutateur de Nova sur moi. L'arrivée de Rafe, peu de temps après, me soulagea temporairement. Envoyant un regard implorant dans sa direction, je fus soulagée lorsqu'il vint s'installer à côté de moi. Son parfum enivrant me submergea immédiatement, provoquant un léger hoquet alors que je tentais de reprendre une gorgée de café. Son rire, en réaction à ma réaction, et la grimace de dégoût de Nova ne firent qu'ajouter à mon embarras.

— Il faut en plus que tu apprennes à boire ? Tara me paraît bien plus agréable finalement, grogna Nova avec un mépris non dissimulé.

— Tu n’as qu’à retourner là-bas, je ne t’ai pas demandé de venir à ma connaissance, ripostai-je, piquée dans mon amour-propre.

Le rire franc de Rafe résonna à mes côtés, m'encourageant dans ma réplique. Nova, toujours aussi taciturne, se contenta de lever les sourcils en signe de désapprobation, son expression en dit long sur sa pensée. Alors que nous étions plongés dans notre échange teinté de sarcasme, une nouvelle venue s'approcha de notre table. C'était la jolie métisse qui m'avait abordée la veille, la seule dont je ne connaissais pas le nom.

— Puis-je m’asseoir avec vous ? demanda-t-elle doucement, cherchant notre approbation.

— Il faut voir avec le petit oiseau, déclara Rafe, provoquant un nouvel éclat de rire chez moi.

Je manquai de m'étouffer avec ma propre salive, incrédule qu'il ait osé utiliser ce surnom devant les autres. Nova, d'un sourire moqueur, semblait apprécier la situation, tandis que la fille peinait à retenir son propre rire. Un oui étouffé par l'embarras s'échappa de mes lèvres, tandis que je lançai un regard furieux à Rafe, qui semblait se délecter de mon inconfort.

— Pour la énième fois, j’ai un prénom. J’adorerais que tu l’utilises, lançai-je d'un ton légèrement agacé, espérant qu'il comprendrait enfin.

— Effectivement, j’aimerais bien le connaître, répliqua-t-il avec un sourire espiègle dans le regard, comme s'il appréciait particulièrement cette petite joute verbale.

Une chaleur intense envahit mes joues tandis que je détournai rapidement le regard. Je n’avais jamais partagé mon prénom avec lui. La nouvelle venue, assise à ma droite, semblait observer la scène avec un mélange d'amusement et de curiosité.

— Je n’ai aucune raison de te le dire, Rafe. Mon prénom est une chose précieuse, je ne le donne pas à n’importe qui, répondis-je avec fermeté, déterminée à ne pas fléchir.

Ils hochèrent tous la tête en signe de compréhension, sauf Rafe, qui, toujours aussi taquin, fit mine d'être profondément blessé, mettant ainsi une touche d'humour dans l'atmosphère.

— Je m’appelle Lyriélle, enchantée ! Tu parais bien plus gentille que Tara en tout cas, c’est un plaisir, déclara la nouvelle venue à ma droite, rompant momentanément la tension.

Son sourire chaleureux et ses yeux pétillants étaient accueillants. Je lui tendis une main amicale, et malgré son léger étonnement, elle finit par la serrer avec enthousiasme. Pendant ce temps, Nova, manifestant son impatience, se leva, faisant grincer sa chaise, signe qu'il souhaitait prendre congé.

— Il est temps pour moi d’aller à la rescousse d’Enzo. Au revoir, toi, dit Nova en me désignant de son doigt. Rafe, Lyriélle, continua-t-il, avant de s'éloigner rapidement dans la direction où se trouvait son camarade. Je lui adressai un geste peu amène en réponse à son départ précipité, tandis qu'il s'éclipsait pour affronter le flot incessant de paroles de Tara.

— J’ai de la peine pour Enzo, je ne souhaiterais pas Tara à ma pire ennemie, déclara Lyriélle, son visage exprimant une compassion sincère pour notre camarade.

Rafe, approuvant silencieusement ses paroles, récupéra ma tasse vide et se dirigea vers la machine à café. Son geste inattendu attira mon attention, et je le scrutai avec méfiance. Il avait toujours eu un comportement imprévisible, mais cette fois-ci, cela semblait encore plus étrange.

— Qu’as-tu fait ? Donne-moi ton secret ! s’exclama Lyriélle, son regard pétillant d'excitation.

— Comment ça ? demandai-je, surprise par sa question. Je n’avais aucune idée de ce dont elle parlait, mais l'insistance dans son ton commençait à m'inquiéter.

— Comment as-tu fait pour transformer Rafe ? Il ne fait jamais rien pour personne, expliqua-t-elle, cherchant avidement une explication.

Je haussai les épaules, déconcertée par sa curiosité insatiable. Je n'avais aucun pouvoir sur Rafe, ni aucun secret magique pour le changer. Son comportement restait un mystère pour moi, et je n'avais pas l'intention de m'attarder sur le sujet.

Elle soupira, semblant espérer que je lui dévoile une technique secrète. Je me tournai alors vers Rafe qui revenait, deux tasses de café en main. À sa vue, un sourire illumina mon visage. Mais sa réaction me surprit : il sembla figé, sa bouche entrebâillée et ses yeux grands ouverts, comme s'il était pris au dépourvu.

— Est-ce que c’est un sourire, petit oiseau ? lança-t-il d'un ton taquin.

Mes yeux roulèrent dans leurs orbites, agacée par sa remarque. Je lui arrachai ma tasse des mains et commençai à siroter ma boisson, laissant échapper un soupir. Un coup d’œil vers Lyriélle me confirma qu'elle se retenait de pouffer. Mais je fus prise d'un rire incontrôlable.

— Tu devrais rire plus souvent, c’est un son splendide, peut-être le plus beau que j’aie jamais entendu, petit oiseau, murmura Rafe d'une voix douce.

Mes joues s'enflammèrent instantanément, mais je décidai de saisir cette opportunité pour aborder le sujet qui me taraudait.

— Je peux t’emprunter ta douche, Rafe ?

— Aux dernières nouvelles, la tienne marchait parfaitement. Après, si tu veux fureter chez moi, tu n’as qu’à me le demander.

Je laissai échapper un grognement, mon nez se retroussant en une moue désapprobatrice. J'avais la confirmation qu’il n’était pas bête et qu’il savait parfaitement ce qu’il faisait

— Je ne suis pas rassurée depuis hier soir. Je n’arrive pas à rentrer dans ma salle de bain, marmonnai-je.

Il éclata de rire en entendant ce que je venais de dire, mais accepta de me prêter sa douche. Son regard avait repris son air malicieux, ses yeux verts brillaient d’amusement.

-Il sait. Il sait que je mens.-

— Attends juste que je finisse mon café et on monte, répondit-il hilare, un éclat espiègle dans le regard.

Je pouffai à la suite, son rire grave et léger était contagieux. Les reflets dansants de la lumière matinale jouaient sur ses traits, accentuant l'éclat de ses yeux verts. Lyriélle, assise à côté de moi, observait la scène avec un mélange de curiosité et d'amusement, ses yeux pétillants de malice. Je sentais la chaleur monter à mes joues, un mélange de gêne et de complicité s'installant entre nous trois.

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