17. On rentre dans le vif du sujet

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Anubis informe le vaisseau que Sébeknefer est recluse dans son bureau pour consulter et étudier le dossier sur les pirates. Interdiction de la déranger. Tout passe par lui. Et il ne rigole pas ! Les membres de l’équipage qui se réveillent entendent cette nouvelle avec effroi. Puis il convoque tous les officiers présents à la Beuverie dans la salle de Conférences du Pont 3. Il a des informations à communiquer.

Le petit groupe se retrouve à l’endroit indiqué sans trop savoir, sauf le Prof qui lui, fut contraint de se réveiller un peu brutalement après l’arrivée en fanfare de Hache-Kaa-Thée.

Anubis commence par les tancer vertement sur leur « comportement abject l’autre soir au mess » Ils ont failli mettre leur vaisseau en péril. Tous ensemble, ivres morts ! Même Bacchus ! C’est ce qui lui a fait comprendre qu’ils étaient tous tombés dans un piège. Les services de la médecine ont révélé que toutes les boissons alcoolisées avaient été droguées par un ingrédient inconnu qui agi tant sur les Mortels que sur les Dieux, avec des effets divers. Bacchus a ronflé, sans plus, tandis qu’eux ont frôlé le coma éthylique. Et d’après les dossiers médicaux, il en faut plus à Hache-Kaa-Thée et Rothonddho pour rouler sous la table…

Devant leurs mines effarées, il se rend compte qu’ils ignorent tout de la situation. Ils n’ont pas encore été mis au courant. Il range son air courroucé et calmement leur explique les rebondissements.

Lucius, l’officier Pyrotechnique, responsable des munitions, murmure alors :

- Puissant Monseigneur, vous pensez que le livre d’agriculture en langue chinoise était le ver qu’on a volontairement introduit dans notre fruit ?

- Tu ne vas pas bien ? Puissant Monseigneur ? C’est Anubis ! Pas de fayotage et c’est Puissant Seigneur ! Tu n’as pas fini de cuver, on dirait !

- Je suppose, Rothonddho que toi, tu es en meilleure forme ?

C’est ce qu’il lui rétorque acerbe, en se frottant la tempe.

- Bon, les calme Anubis, je suis assez d’accord avec l’analyse de Lucius le Pyromane…

Ce bon mot a le don de détendre ses auditeurs. Ils le retiennent. Le Pyromane, voilà qui correspond à sa fonction. Le dieu les rappelle à l’ordre. Ne pas se disperser est une évidence.

- Les pirates savent qu’on est à leur recherche. Ils nous ont retardés ! Et avec intelligence. L’influence de ce qui était dans la boîte en bambou était puissante puisque, indirectement toutes les « têtes pensantes » se sont retrouvées neutralisées pour un bon moment. Grâce au cuistot. Quel est son nom ?

- Il a honte de son nom. Il préfère de loin son sobriquet, Le Cambusier… C’est donc ainsi qu’on l’appelle !

- Le Cambusier a joué un rôle important, grâce à sa vigilance. Il ignore, cependant à quel moment quelqu’un a introduit le produit. Et je ne sais pas trop… Faire parler les murs n’est pas une solution. Ça nous retarderait aussi.

Faire parler les murs ! Un tour de magie que seuls les dieux maîtrisent. Personne ne sait la procédure, mais c’est spectaculaire… et dérangeant. Ils peuvent remonter jusqu’à leur construction et projeter les images des actions… mais sans le son. Ce qui, parfois est dommage, pour la découverte de la vérité, songe Nico Nightlaw.

- On va attendre que ce truc revienne, soupire Rothonddho. Il a trouvé que Hache-Kaa-Thée était une porte, il reviendra… On doit rester vigilant et… Et si on faisait croire à la « chose » qu’on était tombé dans le piège ?

- Je me demande ce que Sébeknefer a trouvé dans les dossiers de Santander, réfléchit pensive Lee Chan, remise à présent de son indisposition intestinale.

- Le moment venu, elle vous convoquera, répond Anubis en souriant. On va s’en sortir, mes Petits ! On trouvera une solution.

Par son discours encourageant et plein de bonté, il les réconforte. Il ne les a pas accusés de négligence. Ils ont été victimes d’une manipulation à grande échelle. Et cela ne lui plaît pas plus qu’aux autres. Il leur demande de réfléchir à une parade. Après que Sébeknefer aura fait le point avec eux sur ce qu’elle a appris, il sera toujours temps d’élaborer un plan et surtout il faut en prévoir deux. Le premier vise à se débarrasser de la « chose », le second à éliminer les pirates. Et l’autre est à respecter.

- On devrait peut-être fouiller « mollement » le navire, pour ne pas éveiller ses soupçons et attendre une nouvelle apparition, propose Lucius Le Pyromane.

- Et on note, tous les endroits un peu glauques, répond Rothonddho.

- Des endroits glauques sur mon bateau ? gronde Lee Chan. C’est un peu fort !

- Mais non ! On va juste noter les endroits où ce truc peut se dissimuler, la calme le Prof.

- Je vous laisse, je vais voir où en est ma fille. Je vous abandonne à votre réflexion communautaire.

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Sébeknefer est dans son bureau. Assise est un bien grand mot, elle s’est mise à plat ventre, sur sa moquette moelleuse et lit les documents avec attention. Au bout de dix minutes, elle se dit qu’elle ne peut pas prendre de notes. Et donc, contrainte et forcée s’assoit à sa table de travail, dans son fauteuil. Elle prend un bloc de papier et une plume de paon équipée d’une bille à encre. Junon lui en a fait cadeau. Elle est ensorcelée. Selon l’épouse de Jupiter, elle saura lui donner de l’inspiration…

Pourtant, ces murs, aussi réconfortants soient-ils, ne l’inspirent pas. Elle saisit son dossier et une pile de feuilles vierges pour inscrire ses cogitations et ses idées. Et à la grande stupeur des soldats qu’elle croise, elle se dirige vers le jardin Botanique. Elle contrevient aux ordres de son père ! Elle se cherche un arbre agréable et un banc pour étudier sa documentation à l’air libre. Puis elle débute sa lecture.

Elle apprend ainsi que le nom de la flottille recherchée, celle de leurs barbares est nommée par les survivants l’Escadron Spectral ! Voilà qui n’augure rien de bon. Les témoignages varient en fonction des personnes et des lieux. Mais une chose est certaine. Tous concordent vers une affirmation l’un des pirates, peut-être un chef, se déplace rapidement grâce à une plaque étrange dans un matériau inconnu. Des Humains sont les plus précis ! Ils sont déjà allés sur Terre et ont vu un objet s’en rapprochant le plus ! Une planche de surf !

QUOI ? Une planche de surf ? Dans l’espace ? Oh-oh ! Voilà qui mériterait d’être creusé ! Selon des Callottins qui ont pu fuir à bord d’une cosse de survie, les pirates n’étaient pas des Hommes. Entendons-nous bien : ni des hommes ni des femmes, pas des Humains, ni des Terriens. Hommes opposés à Elfes, Orques et autres créatures de légendes.

Deux Rigelliennes ont aperçu des Gobelins, avec leurs museaux hideux et leurs doigts décharnés… Un steward originaire de Crux, habitué à évaluer les personnes montant à bord, un physionomiste, donc, a quant à lui, vu des Orques et une poignée de nains !

Ce n’est pas possible, on nage en plein cours de fantasy ! Et puis, elle se souvient que des dieux voulaient sortir autrefois des sentiers battus ! Ils avaient lu le Seigneur des Anneaux, Bilbo le Hobbit et tout un tas de contes pour enfants… L’idée de créer ces personnages leur a traversé l’esprit. Ainsi, ils sont passés à l’acte !

Elle découvre avec stupeur parmi les témoignages, des portraits-robots réalisés par les différents services de la police fédérale. Certains proviennent même de la Prison Centrale de Kraken, une planète aquatique réputée imprenable. On ne peut pas fuir.

Pourtant, il faut se rendre à l’évidence, six des pirates ont réussi à se faire la belle en utilisant la ruse d’Edmond Dantès fuyant à la place de l’Abbé Faria… (Je vous invite à vous reporter au fabuleux Comte de Monté Christo, d’Alexandre Dumas… Vous comprendrez le procédé !)

Elle est furieuse ! Elle a lu le livre en question et écrit sur son papier qu’il faudra impérativement supprimer tous les livres dans lesquels on indique des modes d’évasion. Cependant, elle admire l’audace de ces gens ! Six, quand même ont réussi sur une durée de quelques mois. Il faudra revoir les prisons…

Elle se redresse, étire ses mains, fait des moulinets pour renforcer la circulation du sang. Elle agite la main en direction de deux spécialistes de l’armement qui se baladent dans le bois. Les filles lui répondent. Puis elles passent leur chemin pour ne pas la distraire.

Il y aurait aussi, dans la bande, des Géants et leurs opposés, des Nains. Et personne ne peut dire avec exactitude leur nombre et la proportion des ethnies. Sont-ils seulement sûrs ? Ne pourrait-il pas s’agir de gens affublés de masques, comme en portaient sur la Terre, les membres du Gang des Postiches ? Cette question pas si saugrenue, un enquêteur civil l’a posée.

Par contre, le dossier est plus précis sur les armes abandonnées par les malfrats. Pour égarer la maréchaussée ? Par maladresse ? Une chose est garantie, elles ont servi ! Et sont couvertes de sang. Ces créatures ne sont pas répertoriées dans les dossiers secrets de la Fédération ni dans ceux de la police, encore moins dans ceux conservés par l’armée. Il y aurait, cependant, un fond de vérité. À voir et à creuser, griffonne-t-elle dans la marge. Leurs armes ne le sont pas plus : personne ne prend au sérieux des espèces issues des récits d’horreur collectifs !

Un autre point lui paraît crucial ! Le témoignage d’un prêtre de Baal est important. Il indique que le dieu fut questionné pour savoir s’il avait créé ce genre de créatures qui ne sont pas dans les fichiers. Non. Ce n’est pas lui ! Il n’est pas « une balance » et de toute façon, les divinités n’ont pas à se justifier. Il a promis de donner des nouvelles. Il se renseignera. Le religieux estime que Baal est tenu au secret professionnel. Il n’en dira pas plus. Il a fait cette promesse vague pour se débarrasser du problème. Il explique cependant qu’ils ont obtenu une information capitale. Baal n’a pas nié leur existence. Donc ce que les témoins ont vu, ou cru voir, est fort plausible.

C’est pourquoi des Mages Fédéraux ont été mis à contribution, avec des Guerriers, des Nains et des Clercs. Un groupe d’élite a été mis sur pied pour accompagner les policiers. Il a été nommé : La Force des Purgateurs de Pirates

Il est écrit que Néfertari est un membre de cette Force… Bien… Elle transmettra donc ses renseignements à ses collègues. Cette information doit-elle être divulguée ? Une suivante de Diane ? Autorisée à voyager dans un vaisseau ? Il est vrai qu’elle participe à une Chasse, sur le long terme.

Le soleil artificiel la dérange, au travers des feuilles du chêne vert. Juste à sa place, malin, un rayon lui perce l’œil. Le coin n’est plus si bien, d’autant plus qu’un oiseau libre chante en se moquant d’elle… Pas de doute, ce volatile lui conseille de rentrer… Elle parle le langage des animaux, don des déesses agricoles pour la remercier de prendre leur parti contre les Bouillants Guerriers !

Revenue entre ses quatre murs familiers, dans son fauteuil, elle reprend son dossier. Elle étudie l’armement employé : c’est quoi, ça, cette photo floue ? On dirait une bibliothèque ! Si c’était possible d’avoir les titres des livres ? Serait-il probable que ces bouquins recèlent des infos sur le matériel de destruction utilisé ? Et les armes… brrr ! Elles sont flippantes. Des trucs du Moyen Âge ! Un fléau d’armes, avec un manche en bois, des chaînes métalliques auxquelles sont fixées des boules denses hérissées de piques. Hmm un vrai plaisir ! Une épée à deux mains et des machettes. C’est plus classique ! Ils n’ont pas d’armes à projectiles ? À voir…

Et elle lit tout. De A à Z en étudiant chaque photo, chaque croquis. Elle en oublie son ventre qui grogne que c’est l’heure. Elle le fait taire d’une claque ! Plus de temps à perdre en balivernes ! Lorsqu’elle lève le nez du dossier, elle regarde la pendule qui s’est mise en mode projection murale. Il est 23 h 30. Le mess, à cette heure, est fermé. Heureusement qu’elle a dans ses quartiers un frigo identique à celui de Hache-Kaa-Thée. De quoi se remplir la panse et puis au lit ! Demain sera un autre jour.

Pourtant, ce n’est pas ce qu’il advient. Devant son frigo, elle voit une forme bipède, avec une queue de chien fouettant l’air, poussant des grognements inhumains.

- Papa ? Tu sais que tu peux demander au chef de te préparer un petit en-cas. Tu n’as pas besoin de cambrioler ma cuisine personnelle !

Ça se retourne violemment, toutes griffes dehors et ça lui saute à la gorge. Par réflexe elle le projette contre la cloison séparant ses quartiers de ceux du Pyromane. Ce qui a deux effets : le premier, la créature est quasi assommée, en tout cas, suffisamment amochée pour l’empêcher de fuir. Le second tire Lucius de son lit. Qui accourt aussi sec pour voir ce qui a généré la colère de sa voisine ! Pas fou, il prend une arme dans son armurerie personnelle (privilège de chef de Département) et appelle Nico Nightlaw, le tueur de monstres, chef de la Sécurité du Vaisseau. Dans la panique il a simplement oublié que Sébeknefer est apte à se défendre !

Cette dernière ne rigole pas ! Elle tient peut-être le monstre de Hache-Kaa-Thée… Elle fouille dans sa cervelle pour trouver un sort d’immobilisme. Non, il faut le paralyser mais pas sa langue. Il s’est retourné donc il a compris qu’on lui parlait. Il semble intelligent. Tout est relatif.

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