Chapitre 25 : Confrontation

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La jeune femme avait les mains attachées dans le dos, bâillonnée par un morceau de drap. Elle écarquilla des yeux lorsqu'elle me vit. En un éclair, son regard passa de la surprise à la supplication. Je me méfiais de Clover, elle avait toujours été une très bonne actrice. Cependant je me précipitai vers elle. L'un des hommes de Trent m'arrêta, regardant son chef afin de savoir quoi faire. Celui-ci fit un signe de tête et me retint contre lui.

- Nous avons arrêté Clover avant qu'elle ne s'éclipse. Elle avait sur elle une fiole contenant un vomitif. J'imagine qu'elle comptait le verser dans la fontaine à punch.

Je fus choquée d'apprendre qu'elle voulait réellement saboter le mariage de Bia. Je m'adressai alors directement à mon ancienne amie :

- Je ne comprends toujours pas pourquoi tu nous en veux. Je n'en reviens pas : tu voulais gâcher le mariage d'une de tes amies.

Elle me fit comprendre qu'elle voulait répondre, je lui ôtai son bâillon. Son regard de comédienne passa alors de la supplique à la haine féroce.

- Des amies ? Tu parles ! Vous n'avez eu de cesse de me rabaisser ! De me voler ce qui me revenait de droit. J'ai dû faire une croix sur celui que j'aimais puisqu'il a préféré Bia à moi. Il l'épouse alors que je n'ai jamais été qu'un jouet pour lui. Il m'a larguée alors que j'étais prête à rester la femme cachée. Non, monsieur était trop intègre, il n'était l'homme que d'une femme !

Son visage devint monstrueux, se déformant sous sa colère haineuse. Elle continua à déverser son venin :

- Et quand ce n'est pas elle ! C'est toi ! J'ai eu beau t'humilier, même Mike s'intéresse à toi ! Il n'arrêtait pas de me poser des questions ! Sur toi, tes origines, ta famille ! Pff comme si je savais ou voulais savoir quoique ce soit sur toi ! Il m'a virée comme un malpropre. Encore un qui n'en voulait qu'à mon cul et une fois servi, c'est merci, au revoir !

Trent intervint :

- Tu sais pourquoi Mike voulait savoir tout ça ?

- Tu crois franchement que j'en avais quelque chose à foutre ? J'ai essayé de le détourner d'elle, j'ai des arguments plus convaincants, éructa-t-elle en bombant sa poitrine sous le nez de mon amant.

Celui-ci n'y jeta même pas un œil. Je voyais bien qu'il était inquiet des informations que nous donnait cette peste. Quand il lui demanda si elle avait retourné mon appartement, elle nia férocement, arguant qu'elle était dans un bar à se saouler après sa rupture avec Mike. Sam qui se trouvait dans un coin de la pièce passa un coup de fil et confirma les dires de Clover.

Si ce n'était pas elle, qui cela pouvait être ? J'étais au fond de mes pensées lorsque les paroles qu'elle crachait atteignirent mes oreilles. Elle m'insultait copieusement, dévoilant à mon amant et ses hommes des informations que seules mes amies savaient comme le fait que je n'avais pas eu de petit copain avant mes dix-neuf ans, que j'étais, selon elle une salope qui aimait se faire sauter par des inconnus dans des boîtes, ... Elle poursuivit son monologue d'insultes, me rabaissant encore et encore, elle jubilait de me voir me décomposer, surtout quand elle aborda la fois où je m'étais faite avorter...

Sous le choc, mon esprit se replongea dans cette année-là, jeune étudiante, première soirée, alcool, drogue. La perte de mes repères, la liberté totale puisque j'avais quitté la dernière famille d'accueil, étant alors autonome financièrement grâce à l'héritage de mes parents que j'avais touché à mes dix-huit ans. Je profitais un peu, ... beaucoup de cette liberté. Trop jeune et livrée à moi-même, je m'étais retrouvé enceinte sans aucun souvenir de l'homme, des hommes avec qui j'avais couché. Je ne me sentais pas prête à me débrouiller seule surtout lorsque je me suis rendue compte que j'étais enceinte. J'avais préféré interrompre cette grossesse non désirée.

Cette expérience traumatisante avait été le déclic : je ne pouvais plus continuer mes bêtises. Ce fut à cette période que je découvris le centre social. J'y avais été aidé, pour apprendre à me gérer et aussi pour me remettre de cet avortement, qui fut, somme toute, traumatisant. Le secours que j'y avais trouvé, j'avais voulu le rendre ensuite. Je ne sais combien de temps je restais perdue dans mes souvenirs, mais soudain je n'entendis plus la litanie de Clover. La main de Trent vint se poser sur ma joue, il me releva le visage et essuya les larmes qui coulaient sur mes joues. Il me reconnecta à la réalité lorsqu'il m'embrassa avec tendresse. Ses lèvres douces effacèrent le poids des doutes qui me comprimaient le cœur. Il m'acceptait comme j'étais avec mon passé et mes erreurs.

Je lui soufflais un merci et me détournai de lui pour regarder le monstre qu'était devenue Clover. Elle jubilait de m'avoir blessée encore une fois. Mais je n'étais plus la même Lana, j'avais Trent avec moi, de son amour je tirais une force extraordinaire. Je m'avançai vers mon ancienne amie et la toisai.

- Tu peux bien chercher à me blesser, à m'humilier encore et encore, je me relèverai toujours. Tu ne mérites même pas que j'use ma salive pour te répondre et te dire tes quatre vérités. Tu souffres bien assez et tu te punies très bien toute seule !

Je levais alors la main pour la gifler. Mes doigts frappèrent sa joue si fort que sa tête pivota.

- Ça, c'est pour Bia et ça c'est pour toutes les horreurs que tu débites, lui déclarai-je après lui avoir retourné une seconde gifle.

Elle resta sonnée. Je me retournai et partis de la suite sans lui jeter un regard. J'entendis Trent donné des consignes et il me rattrapa dans le couloir. Il me plaqua contre le mur et pressa mon corps contre le sien. Je constatai son excitation contre mon ventre. Ses yeux avaient un éclat particulier, de la tendresse, de l'excitation mais aussi de la fierté.

- Si tu savais à quel point tu as été sexy quand tu l'as remise à sa place !

Et il emporta toutes mes inquiétudes dans un baiser torride.

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