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14 minutes de lecture

 Derreck est dans la bibliothèque. Il feuillette les livres interdits. En ce qui concerne la conversion de Catlyn, il attend de demander son aide à Dokkrus, et le vieil homme se repose. En patientant il consulte le Recueil de formules et sortilèges obscènes. Le premier tiers du tome, recense et catalogues les incantations propres au domaine de l’illusion. Comment modifier son apparence ou sa voix. Puis il y a les altérations de souvenirs, ce chapitre l’intéresse davantage, notamment lorsqu’il pense à Layla. Faire oublier leur rencontre à la ménestrelle serait un bon moyen de l’aider, bien que cette idée lui brise le cœur. Enfin il y a les sorts de métamorphoses partielles et totales. Il s’intéresse à ces passages et tombe sur un paragraphe expliquant comment changer de sexe. Fébrilement il lit l’article avec attention. Les préparatifs sont terriblement complexes et rebutant, le livre fait mention de l’acquisition d’un organe reproducteur frais sur une victime humaine. Il s’apprête à fermer le livre, quand une note manuscrite en bas de page attire son œil. Il est écrit :

Trop compliqué, préférez utiliser une baie charnelle de dualité.

Il cherche une référence à ce fruit partout, mais n’en trouve pas. Frustré il quitte la bibliothèque avec le grimoire et va trouver Dokkrus. Le vieil homme est dans sa chambre, allongé. Quand Derreck arrive, il ouvre les yeux, puis se lève et tente de faire une révérence en restant assis. Le Grand Dépravé le salue puis demande : « J’ai trouvé ceci, mais aucune information concernant cette baie. De quoi s’agit-il ? » L’ancêtre regarde l’article, puis la note, avant d’offrir une œillade étrange à Derreck :

-Le pouvoir de la baie charnelle ne fonctionne pas sur un Grand Dépravé. » Le jeune homme soupire avec agacement :

-C’est pour Catlyn, elle souhaite devenir un homme. » Dokkrus hoche la tête :

-Dans ce cas, ce fruit pourrait effectivement lui permettre d’atteindre cet objectif… temporairement.

-Comment l’obtenir ? » Son vis à vis pouffe d’un rire amusé :

-Avec moult difficultés, c’est… ce n’est pas... » Il bredouille : « C’est infiniment compliqué…

-Explique moi. » Dokkrus s’assoit plus confortablement sur le bord du lit. Derreck fait de même et le vieillard raconte :

-Dans un premier temps, il faut pouvoir se rendre dans le Royaume de la Chair, la prison de Yag. Ce qui nécessite que le temple ait reprit assez de puissance pour s’étendre et créer un portail vers cette dimension. Pour te donner un ordre d’idée, j’ai aperçu l’arche permettant un tel prodige, après avoir converti dix filles de Yag, soit un an après ma nomination. Quand tu pourras te rendre là bas, il te faudra amener une femme pour qu’elle reçoive une graine de Lys lubrique. Ça nécessite de s’accoupler avec la fleur, ce qui implique : pollen aphrodisiaque et racines tentaculaires à forme phalliques, sans parler du pistil qu’il faudra qu’elle s’introduise dans le vagin. » Il soupire et reprend : « Là, si la graine prend, elle grandira dans son utérus pendant une semaine, il faudra qu’elle soit arrosée avec de la semence humaine, sans l’écraser. Puis, une fois qu’elle pourra croître dans notre monde, il faudra que la porteuse enfante cette chose. Enfin, pour nourrir la plante, il faudra qu’elle s’accouple avec des femmes et consomme leurs fluides sexuels, afin de produire sa propre énergie magique. Si toutes ces étapes sont passées, environ une fois par mois, ou après avoir absorbé une certaine quantité de mana, le Lys lubrique obtenu produira un fruit : la baie charnelle de dualité. Avant que tu ne poses la question, le Lys Lubrique poussant dans le Royaume de la Chair ne génère pas la baie. Il faut utiliser le procédé que je viens de t’expliquer pour en créer une version mutante. Altérée par l’homme. » Derreck se pince l’arrête nasale et gémit :

-Ça a l’air aussi compliqué que le sort de métamorphose partielle.

-Au moins tout autant ! Mais au final le Lys lubrique t’apportera d’autres avantages. En l’utilisant à bon escient, cette plante pourrait être un véritable atout pour le temple. Elle ne se nourrit pas des orgasmes, mais des fluides. La plante et le temple pourraient cohabiter et offrir ainsi un cercle vertueux de ressources précieuses au culte de Yag. » Derreck fronce les sourcils :

-Comment ça ?

-Le pollen du Lys attirera des femmes qui viendront au temple. Certaines pour copuler avec la fleur, d’autres pour simplement prendre du bon temps. Le temple et la plante en profiteront alors. » Derreck saisit le concept, il déclare :

-Il va falloir nous y mettre dans ce cas. » Il se lève et Dokkrus bredouille :

-Mon garçon, si je puis me permettre. » Le jeune homme s’interrompt et le regarde. Le vieillard s’incline : « Attends que je te fabrique l’anneau de dissimulation. Ce n’est pas une protection négligeable. D’autre part, je prévoyais un plan à court terme afin d’accroître la puissance du temple, je peux t’en parler si tu le souhaites. » Derreck soupire :

-Vas-y, mais je ne te garantis pas que je vais accepter. » Dokkrus se lance dans son explication. Il n’épargne aucun détail à Derreck qui est partagé entre dégoût et vif intérêt. Il alterne entre refuser certains aspects du plan, et interrogations quant aux bénéfices de ce dernier. Quand leur échange est terminé, le jeune homme a le sourire aux lèvres : « J’aime cette idée… C’est efficace, fiable et sans danger. Je préfère cependant le faire à ma manière.

-Pas complètement sans danger, mais disons que d’ici à ce que nous soyons découverts, nous serons déjà loin. » Derreck approuve :

-L’idéal serait que je prenne des leçons d’équitation pour nous permettre de procéder de manière plus rapide. » Dokkrus est d’accord. La première idée du jeune homme est de demander de l’aide à Eden, mais il l’imagine très bien vouloir le retenir. Or il doit quitter Langekan pour relancer le culte. Il compte revenir, mais pas avant quelques mois, peut-être même un an. Il réalise soudain : Layla… Il va l’abandonner à son chagrin… Mais il se rend compte que c’est déjà le cas. Il veut l’aider, la soulager, néanmoins aucune idée ne lui vient. Utiliser le Verbe va à l’encontre de son souhait, et la magie laisserait une trace. Avec difficulté, il se résigne donc à laisser la ménestrelle, son premier amour. Il envisage de demander à Catlyn de rester avec elle, mais ce n’est pas possible là aussi. Si son emprise sur la roublarde venait à diminuer, elle pourrait révéler ses secrets, et il serait alors en grand danger. Il annonce à Dokkrus : « Nous avons assez d’argent, je vais aller chercher un cheval et un instructeur pour m’apprendre à m’en servir.

-Un tel investissement coûte cher…

-Ce ne sera pas un problème. J’ai eu une idée. » Il explique son plan à Dokkrus qui sourit et hoche la tête :

-Très judicieux, nous aurons une indépendance financière ! » Le vieillard semble réfréner un besoin d’enlacer Derreck, et le jeune homme pose sa main sur son épaule :

-Nous allons ressusciter le culte. Ensemble. » Dokkrus couine, les larmes aux yeux :

-Je ne te décevrai plus... » Il sèche s’essuie le visage, se recompose et déclare : « Je me sens mieux, je vais aller faire des courses, histoire d’avoir des réserves pour quelques jours. » Derreck opine du chef et regarde le vieil homme aller vers l’armoire et prendre des affaires pour s’habiller. Puis il lui demande :

-En ce qui concerne Catlyn, pour lui faire rejoindre le culte. Il suffit de faire comme avec Rose ? » Le vieux va se cacher derrière un paravent et répond :

-Oui et non. Si elle est prête à se vouer corps et âme au culte, ça fonctionnera. Mais si il y a le moindre doute dans son cœur… » Il ressort, habillé d’une bure de lin brun : « Le rituel échouera… Il faut vérifier son bas-ventre pour y voir le sceau de Yag. La formule est dans le Tome des secrets de Yagdramor’Ernalghalertai. Si ça ne fonctionne pas… surtout ne la laisse pas s’en aller. Retiens-la avec le Verbe, il faudra la briser. » Derreck serre les dents :

-Je ne sais pas si on pourra… Des gens vont la chercher si elle disparaît trop longtemps.

-C’est une aventurière non ? Elle pourra prétendre aller effectuer une quête et revenir ici. » Le jeune homme hoche la tête. Il quitte la chambre avec Dokkrus, puis ils se séparent. Derreck va trouver Catlyn et lui demande de le suivre à la bibliothèque. La roublarde lui obéit. Une fois dans la pièce il lui explique : « J’ai trouvé un moyen d’exaucer ton souhait. Tu pourras faire l’amour à Layla. » Catlyn est extatique :

-Vraiment ? Quand ? » Derreck lui fait signe de se calmer :

-Pas tout de suite malheureusement. C’est un processus long et fastidieux. Il va falloir augmenter la puissance du culte avant toute chose. Je vais avoir besoin que nous quittions Langekan. » Catlyn fronce le nez et répond :

-Hors de question. Et Lilou dans tout ça ? » Derreck soupire :

-Oui, moi aussi je suis inquiet pour elle. C’est pourquoi je veux que tu te convertisses. Ainsi je pourrais te faire confiance et tu pourras rester auprès d’elle le temps que je revienne. » Le roublarde affiche une moue dubitative, Derreck ajoute : « Je regagnerai Langekan dès que j’aurais obtenu le moyen d’honorer la promesse que je t’ai faite. » Catlyn lui demande comment il compte s’y prendre. Le jeune homme lui montre l’Encyclopédie du Royaume de la Chair et l’ouvre à la page du Lys lubrique. Il explique à la roublarde comment obtenir la baie charnelle de dualité et son effet. Catlyn est captivée, elle demande sans parvenir à masquer son impatience :

-Tu l’auras bientôt ?

-Difficile à dire. Mais j’ai une stratégie, ça prendra du temps, mais j’obtiendrai ce fruit. » Catlyn hoche la tête :

-J’attendrai avec Layla. » Derreck attrape la formule pour la conversion et procède comme pour Rose. Il lui fait répéter : « Ily Catlyn Conran eluli ishishishe egol asias… » Elle lui demande plusieurs fois de recommencer et fourche. Derreck réalise que quelque chose cloche. Il utilise le Verbe, sa voix devient presque caverneuse : « Pourquoi refuses-tu d’entrer dans le culte ? » La roublarde détourne le regard et semble souffrir alors que ses lèvres tremblent :

-Je… je ne… je ne sais pas... » Derreck demande à nouveau :

-Tu ne veux pas nous rejoindre ? » Elle commence à pleurer, il ne l’avait jamais vu comme ça :

-Non… ce n’est pas ça... » Il se met à gronder :

-Pourquoi ?! » Elle sursaute et crie avec détresse :

-Parce que je n’ai pas confiance ! » Derreck recule d’un pas :

-Explique toi. » La roublarde est en larmes :

-Je ne fais confiance à personne. À personne en dehors de Lilou… Je n’y peux rien ! » Derreck soupire. Que faire ? La prudence lui dicte de contraindre Catlyn, mais il n’en a pas le cœur. L’idée de convertir Layla lui traverse l’esprit, ainsi Catlyn serait forcée de le suivre. Puis il la met de côté presque aussitôt, non, il aime la barde et refuse de la voir sombrer dans les dépravation. Il ne lui reste pas beaucoup d’options. Il inspire à fond et lui propose :

-Un an. » Catlyn sursaute et il continue : « Donne-moi une année. Durant ce laps de temps, je préparerai ce qu’il faut pour la baie de dualité charnelle, et je viendrai te l’offrir. Lorsque tu auras couché avec Layla, tu me rejoindras. » Il laisse planer son ordre et insiste : « Un an, après quoi si tu penses que je t’ai trahie, tu pourras faire ce que tu veux. » La roublarde hoche la tête, elle accepte. Ensuite Derreck use du Verbe pour la forcer à respecter sa parole quoi qu’il arrive. Il lui parle du plan de Dokkrus et de son besoin d’obtenir un cheval. Elle lui recommande une adresse, une écurie en dehors de la ville avec un joli domaine. Puis arrive le moment fatidique. Derreck lui annonce : « J’ai confiance en toi. Je sais que tu veilleras sur Layla. » Il ne sait pas pourquoi, mais il décide de l’enlacer affectueusement. Rien de libidineux, juste un peu de tendresse. Elle est d’abord surprise, puis elle lui rend son étreinte. Ils se séparent et avec un sourire triste elle murmure :

-Reviens vite, d’accord ? » Il hoche la tête en silence et la regarde quitter la pièce. Il a des regrets immédiatement et une part de lui veut la rattraper. Mais il l’étouffe et se ressaisit. Il veut aller chercher un cheval immédiatement, mais préfère attendre d’avoir son anneau de dissimulation pour retourner en ville en pleine journée. Il patiente jusqu’à la tombée de la nuit pour se rendre au 12 Rue de l’Horizon. Il y trouve un paquet contenant tous les ingrédients qu’il avait demandés à Eden. Il l’emporte jusqu’au temple et le dépose à la cuisine, après quoi il va à sa chambre et y trouve Rose qui est allongée dans son lit. Elle se redresse avec un sourire coquin, Derreck la rejoint pour lui faire l’amour pendant quelques heures. Ils s’endorment dans les bras l’un de l’autre. Le lendemain, Dokkrus est dans la salle à manger et travaille déjà sur la confection de l’anneau. Il grave de petites rainures sur l’argent de la bague à l’aide de petits outils. Il travaille avec une grande concentration et Derreck vient l’observer sans un mot. Rose s’occupe de leur préparer un en-cas et le vieillard s’arrête pour grignoter. Il transpire et boit beaucoup d’eau dans un godet en expliquant : « Je dois fais attention de bien tracer les runes… Quand j’aurais fini, il faudra sceller l’onyx, tout en chauffant l’anneau avec du bois d’ébène. Mais avant... » Il lui tend la pierre et lui demande : « Infuse ton essence dedans. Je ne vais pas te mentir, je ne sais pas comment tu dois t’y prendre. Essaye de la garder près de toi tandis que tu médites... » Derreck l’écoute et hoche la tête. Il va s’installer dans la cour et s’assoit en tailleur. Il laisse le mana couler à travers lui et tente de l’orienter vers l’onyx. Il a la sensation d’y parvenir, et continue de le faire. Après deux bonnes heures Dokkrus le rejoint. Il a terminé son ouvrage mais l’inspecte encore et encore. Puis il soupire : « Je ne pourrais pas faire mieux que ça. J’ai préparé la suite, si tu es prêt, nous pouvons y aller. » Le jeune homme se lève, époussette son pantalon et emboîte le pas à Dokkrus. Une fois dans la cuisine, ils retrouvent Rose qui attend devant le four, prête à l’allumer. Le vieil homme tient L’anneau dans une pince et le tend à Derreck : « Pose la gemme dans la châsse… Doucement. » La petite pierre noir jais, vient s’encastrer en équilibre dans l’anneau. Mais un sorte de magnétisme l’y maintient, et une fumée épaisse, de la même couleur, s’en échappe. Dokkrus se met à trembler : « Ça marche… Vite... » Il se dirige vers le four et Rose allume l’ébène. Le vieil homme tient l’anneau dans les flammes et le laisse ainsi pendant de longues minutes, puis des heures. Derreck le relaye de temps à autres, jusqu’à ce que le bois soit complètement consumé. Enfin, Dokkrus sort l’anneau du four, le nettoie et pousse un soupir de satisfaction en le présentant à Derreck. Les rainures sont désormais noires comme la nuit, et une sorte de petite fumée semble en émaner. Lorsqu’il passe la bague à son doigt, il a l’impression qu’un léger manteau se pose sur ses épaules. Dokkrus le regarde avec fierté, puis il s’essuie le front et annonce : « Je vais aller me laver et me reposer… Tout cette histoire m’a épuisé... » Derreck le remercie une fois de plus pour le cadeau, et le vieil homme lui recommande de dissimuler l’anneau à l’aide de gants. Car bien qu’il soit désormais impossible de deviner qu’il est un mage, un œil avisé comprendra rapidement l’utilité de l’artefact, ce qui aura pour effet d’éveiller les suspicions à son encontre.

 L’après-midi Derreck et Rose vont faire quelques emplettes pour préparer le plan. Le jeune homme reste dissimulé autant que possible, craignant qu’un aventurier ne l’interpelle à chaque coin de rue. Lui et la fille de Yag font des provisions, investissent dans du matériel pour leur plan. Ils rentrent les bras chargés et croisent des Vierges de Barona. Le cœur de Derreck fait un tour complet dans sa poitrine. Il évite leur regard et n’éveille pas leur soupçon, mais une fois hors de vue, il reprend son souffle, et réalise qu’il avait cessé de respirer. Son désir de quitter la ville se solidifie, Langekan est bien trop dangereuse pour lui actuellement. L’ennemi y est trop présent. Ils rentrent au temple, Derreck décide d’écrire une lettre à Eden, dans laquelle il lui sert le même mensonge qu’aux Stenbock. Son grand-père est décédé, il doit retourner auprès de sa famille. Il imagine que la noble voudra le voir, et s’autorise à la rencontrer une dernière fois. Après quoi il va se coucher avec Rose à qui il fait l’amour tendrement.

 Le lendemain il se dirige vers l’extérieur de la ville, et cherche une écurie. Là il demande si quelqu’un serait en mesure de lui apprendre à monter à cheval. Il est presque tenté d’en acheter un, mais lors du petit déjeuner, Dokkrus l’a encouragé à attendre. Pour deux raisons. La première étant qu’il risque de se faire arnaquer en ne sachant pas reconnaître un bon cheval, d’un mauvais. La seconde, c’est qu’en l’achetant dès aujourd’hui, il allait falloir lui louer un box pour la durée de sa formation. Un palefrenier accepte de lui enseigner les bases. Comment monter, descendre d’une selle. Installer et enlever cette dernière. La nourriture à préférer pour sa monture, connaître sa fatigue, curer ses sabots, vérifier ses fers et prendre le temps de panser la bête. À la mi-journée, Derreck a une vague idée de comment s’occuper de l’animal, il demande si il peut s’entraîner, et le propriétaire des écuries accepte. Il déjeune et revient ensuite pour pratiquer les gestes un par un. À la tombée de la nuit, il remercie ses instructeurs, promet de reprendre les leçons le lendemain et s’en va. Il poste sa lettre à Eden, et va se coucher. Les jours suivants, il les passe à apprendre à devenir un cavalier compétent. Il rend visite à dame Redman et lui offre une nuit d’amour, lui promettant de revenir dès qu’il le pourrait. Leur séparation est douloureuse, mais elle le laisse s’en aller.

 Puis vient le jour du départ. Derreck s’organise avec Dokkrus. Le vieillard lui explique comment utiliser la clé du temple. Un cristal pourpre et rouge, long et large comme un doigt : « C’est un objet prodigieux, mais il a des particularités. Lorsque tu va l’approcher d’une serrure, il va prendre la forme et l’apparence correspondantes pour l’ouvrir. Mais au lieu de te permettre d’entrer dans le bâtiment, tu pénétrera dans le temple, pour créer un nouvel accès à ce dernier. » Derreck s’émerveille, Dokkrus ajoute : « Cependant ! Le précédent accès sera fermé. La clé ne peut ouvrir qu’une seule et unique porte vers le temple. » Le jeune homme fronce les sourcils :

-En quoi est-ce un problème ?

-Que se passera-t-il si, Rose ou moi-même sommes en dehors du temple à arpenter les rues de Langekan, quand tu ouvriras un nouvel accès ? » Derreck ne comprend pas, Dokkrus lui explique :

-Nous serons coincés à Langekan, sans possibilité de revenir au temple. La porte que nous utilisons actuellement sera fermée. » Le Grand Dépravé est horrifié :

-Comment faire alors ? » Dokkrus sourit :

-Nous attendrons ton retour pour sortir. Nous resterons dans le temple jusqu’à ton retour. D’où la nécessité de faire des provisions.

-Je comprends… Je ferai au plus vite pour vous rejoindre. » Dokkrus hoche la tête et Derreck le laisse. Il embrasse Rose et quitte le lieu de culte. Il se dirige vers l’écurie où il a appris à monter, et demande à leur acheter un cheval. Le propriétaire lui en présente trois, Derreck choisit celui avec lequel il s’est entraîné les jours précédents. Une magnifique jument à la robe brune et au crin noir du nom de Chantevent. Un lien affectif s’était créé entre eux, durant son apprentissage. Derreck ne veut aucune autre monture et il est heureux de payer pour en obtenir la propriété. Il achète la selle, le nécessaire pour entretenir les sabot et un sac de grain. Après quoi, il grimpe sur la dos de Chantevent et prend la route du sud-ouest, vers Tor Lagos.

-Fin de la première partie-

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