Prologue

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Encore haut dans le ciel, le soleil n’offrait cependant pas une énergie lumineuse assez puissante pour éclairer comme il se devrait l’immense forêt. L’épais feuillage des arbres ainsi que le brouillard qui dansait entre les branches et tapissait le sol, rendaient l’étendue naturelle très sombre lorsqu’on se trouvait sous les cimes. Comme si elle avait une aura maudite. Comme si elle était condamnée à porter la mort en elle... Mais ce n’était peut-être pas juste un “comme si”: elle s’étendait jusqu'à l’horizon, gigantesque; s’y perdre serait chose aisée. Cet immense espace semé d’embûches était le terrain de chasse de bon nombre d’espèces… Animales ou monstrueuses.

Pourtant, dans ce labyrinthe, s'élançaient une vingtaine de silhouettes encapuchonnées. Mêlant rapidité et discrétion, ces individus couraient à vive allure et faisaient danser le brouillard sur leur passage. Croire qu’ils étaient les chassés étaient une grave erreur. Ils portaient tous une longue cape, noire ou rouge, munie d’une capuche. Ils étaient très rapides et agiles, évitant tous les obstacles au sol sans même les voir, à cause du brouillard. Ils semblaient parfaitement savoir où ils souhaitaient se rendre.

Certains sautaient d’arbre en arbre, les branches les plus solides leur servaient d'appui, et menaient ainsi l’expédition grâce à leur vue plus intéressante sur le terrain.

Après un certain temps de course effrénée, une capuche rouge, accroupie sur une branche, fit un signe très spécifique à l’intention de ses camarades au sol. Alors ils ralentirent doucement. Leur balade sportive s’acheva lorsqu’ils se positionnèrent en cercle, d’environ 4 mètres de rayon. À cet endroit, on pouvait distinguer les ruines d’un village détruit par la nature qui avait repris ses droits. Des cadavres de maisons se retrouvaient transpercés par des arbres, démolis par le temps.

Au centre de ce cercle, des râles répugnants brisaient le silence, accompagnés par des bruits de chairs déchirées, d’os écrasés et de sang compressé. Mais il était impossible pour un novice d'identifier quoi que ce soit à cause du brouillard environnant.

  • Ils ont mordu aux pièges. Vel, à toi de jouer.

Le chef de l’expédition fit un bref signe de la main et le prénommé Vel sortit alors des rangs. Sa cape rouge recouvrait presque entièrement son corps, tout comme sa capuche camouflait son visage sous une ombre dense. Seul un sourire dérangé se laissait entrevoir.

La simple phrase prononcée par le meneur en cape noire avait suffi cependant à faire s’intensifier les grognements infects. Doucement des silhouettes, lasse, à l’allure maladroite et défigurée par la faim, se redressèrent pour faire face aux encapuchonnés.

Au nombre de 10, elles se mirent à avancer lentement mais dès que Vel sifflota, elles reportèrent leur attention entière sur lui.

  • Ah… Que vous êtes laids… Laissez-moi donc vous renvoyer à votre place.

Vel posa son regard dans celui du premier cadavre boiteux. Il lui manquait un oeil, dévoré par de petites bestioles qui couraient partout sur son corps, l’autre était vitreux et menaçait de quitter son orbite. Sa peau grise, parsemée de pustules et blessures en tous genres, se détachait du reste de son corps. Il n’avait plus un seul cheveu, plus beaucoup de dents non plus et traînait derrière lui une jambe dont le pied ne ressemblait plus à rien.

La capuche rouge n’avait aucune pitié pour ces choses répugnantes et puantes. Il se contenta de courir vers celui qu’il regardait. Il n’eut pas énormément de pas à faire avant de l’atteindre, l’arène formée par ses collègues étant plutôt restreinte. Un peu avant d’être à son niveau, Vel sauta, venant écraser son pied sur une épaule du mort-vivant. Il utilisa ensuite ce nouvel appui, qui essayait de lui dévorer la jambe, pour se projeter dans les airs.

Avec le courant d’air qu’il créait à travers ses vifs mouvements, sa cape, repoussée vers l'arrière, libéra ses bras.

Et là commença le massacre.

Pendant son saut, Vel avait sorti de son fourreau une dague. Cette dernière possédait une forme bien particulière: dû à sa courbure, l’un de ses deux bords semblait bien plus tranchant et son centre était percé sur toute sa longueur pour la rendre plus aérodynamique. Très sobre et ergonomique, sa poignée embrassait les courbures de la main de Vel à la perfection, personne ne pouvait l'utiliser mieux que lui.

D’un mouvement rapide, il vint glisser le bord de son arme sur son propre bras, s’entaillant ainsi la peau assez profondément que pour laisser s’écouler de longs filets de sang.

Le zombie sur lequel il s’était appuyé était évidemment tombé sur le coup mais, lui comme les autres s’étaient mis à grogner encore plus fort depuis qu’ils sentaient le sang.

Vel ne put s'empêcher d’en sourire. De son bras armé, il s’agrippa à la branche qu’il avait réussi à atteindre, une position peu confortable mais ce n’était pas le but recherché. Le sang coulait doucement jusqu’à sa main mais, au lieu de tomber goutte à goutte au sol, il s'arrêtait là. Le liquide rubis n'obéissait plus à la loi de la gravité mais uniquement à la volonté de son propriétaire. Cela ne prit que quelques secondes pour former une première courte lame qu’il envoya s’enfoncer dans la gueule béante d’un zombie. Une fois celle-ci enfoncée, l’encapuchonné fit un vif mouvement de la main, ce qui eut comme conséquence le changement de forme de son arme sanglante, devenant un véritable oursin, des piques rougeâtres sortaient maintenant par les yeux et le crâne de l’être qui venait de mourir à nouveau.

Deux autres connurent le même destin avant que Vel ne change de stratégie. Cette fois-ci, il utilisa plus de son sang pour former une véritable épée, très longue mais très fine. Du bras qui le maintenait suspendu, il se tira vers le haut pour réussir à se retourner d’un mouvement rapide. Le combattant vint poser ses pieds sur la branche et se propulsa ainsi vers ses ennemis.

Suite à cette pirouette, il arriva au sol tête la première et s’engagea dans une roulade pour retrouver une position offensive. Le jeune homme se retrouvait encerclé de 6 zombies affamés. D’un simple 360 degrés en positionnant son épée à l’horizontale au-dessus de sa tête, il s’en débarrassa. Cette facilité à gagner le fit malgré tout soupirer, aucun challenge. Pensant s’être débarrassé des gêneurs, il leva sa lame au ciel pour que doucement elle ne redevienne liquide et que son sang retourne à ses veines. Bien évidemment, il n’était pas inconscient, il brisa la lame de l’épée de son autre main et laissa ce sang souillé par celui des zombies couler au sol.

Il plissa les sourcils en entendant malgré tout encore ce bruit si répugnant qu’était celui des morts-vivants. Se retournant d’un vif mouvement, le tueur remarqua alors le zombie qu’il avait fait tomber quelques secondes plus tôt. Il l’avait oublié à cause du brouillard, qui l’avait à nouveau camouflé, mais maintenant qu’il était en train de se relever, et avec ses râles hideux, il ne pouvaient pas le louper. Vel avança alors jusqu’à lui sans crainte. Il se permit même de poser une main sur le front répugnant de la chose qui tentait de le mordre. Le jeune homme ne lui laissa cependant pas le temps de le toucher ne serait-ce que du bout de ses ongles souillés par d'innombrables bactéries. Dans un bruit atroce, le zombie explosa, répandant de partout ses organes moisis et son sang noir. Vel en reçut d’ailleurs beaucoup sur lui : sa cape rouge était maintenant tachée, tout comme son visage, mais il ne semblait pas avoir peur d’être infecté malgré les gouttes noirâtres qui venaient se glisser non loin de ses lèvres.

Alors qu’il observait la tête en lambeaux du zombie tombée à ses pieds, un sourire malsain vint éclairer son visage, il était amusé par la scène.

  • C'est tout ? Demanda Vel d'une voix lasse. Un simple groupe de classe 4… C'est presque vexant.

Cette réflexion provoqua un bref rire général mais la discrétion étant toujours demandée, le calme revint très rapidement.

Peu après, le meneur, couvert d'une cape noire, se détacha du reste du groupe pour s’approcher du jeune exterminateur. De sa large main, il emprisonna presque entièrement le maigre épaule de Vel. Mais ce contact était doux et, surtout, rempli de fierté, il souriait d’un air bien plus chaleureux.

  • C’est bon, tu es prêt.

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