« loin des yeux, près du coeur » ou « loin des yeux, loin du coeur » ? (Poème Properce)

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Je suis loin d’être une grande romantique. Je ne suis pas fleurs bleues, je suis souvent gênée des mots d’amour qui me sont destinés et je ne les dis pas non plus. « Je t’aime », « mon amour » ne sont pas des mots que je banalise. Je pense plutôt que les sens des mots d’amour sont si importants qu’ils ne doivent pas être dit ou utilisé à tort et à travers.

J’ai eu beaucoup de mal à raconter mon histoire alors que j’étais si prompt à mettre sur papier mes imaginaires ou les péripéties des autres. Mon histoire est très longue et au fil du temps que j’avançais dans ma vie et que j’expérimentais l’amour, je pensais aux citations. J’ai un jour banalisais le poids des mots dans l’amour et pourtant aujourd’hui je me rends compte que tout tombait dans son sens. Que ce soit pour les citations heureuses ou malheureuses, je souris quand l’une des phrases des auteurs des citations d’amour les plus connus me vient en tête.

Entre manque de confiance, influence, crise identitaire, imaginaire et paradoxe entre celle que je suis et celle qu’« il » voulait que je sois, j’ai bataillé et croyez-moi que cela n’a pas été évident. Je ne veux pas vous vendre la mèche tout de suite et ne vous inquiétez pas car au fil des lignes de ce livre, vous apprendrez à me cerner.

« Loin des yeux près du cœur » ou « loin des yeux loin du cœur » ?

Cette citation est de loin ma préférée. Pourquoi ? Juste parce qu’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours cru que la fameuse citation était « loin des yeux, loin du cœur ». J’imagine que ma croyance ferme en cette confusion m’a emmené à penser dans cette optique. Encore aujourd’hui, je suis loin d’être convaincu que les relations à distances fonctionneraient pour moi.

Au lycée, tous les scénarios concouraient à me dire que ma version de la citation sur l’amour et la distance était exacte. Je me rappelle l’amie de mon frère qui prévoyait déjà larguer son petit ami car elle était en dernière année et aspirait à étudier dans un pays différent du sien. Ou parlons des ambiguïtés presque déplacées de Louis avec d’autres filles quand sa copine qui s’avérait être mon amie avait dû s’en aller dans le sud en plein milieu d’année.

Allons dans le vif du sujet, je pensais que ce genre de scénario s’appliquait uniquement aux autres jusqu’au jour ou il m’ait tombé déçut aussi subitement que l’hiver dans le Québec ! Thomas, un charmant jeune homme, gentille qui a réussi à laisser sur mon âme une trace indélébile. Eh oui, je ne suis peut-être pas une grande romantique en surface mais quand il s’agit de le faire par écrit, tout devient plus fluide.

La relation avec Thomas était assez compliquée, ce qui la rendait d’autant plus excitante. On habitait dans la même maison à cause des circonstances particulières avec sa famille dont je n’ai pas eu grande information. C’est mon frère qui avait demandé aux parents s’il pouvait rester à la maison jusqu’à son voyage vers l’Australie. Quand il a emménagé, j’avais aucun intérêt pour lui. Oui bien sûr qu’on s’accordait avec les autres filles qu’il était agréable à la vue mais jamais il ne m’était venu à l’esprit de le voir autrement que comme l’ami de mon frère. On ne s’était jamais adressé la parole auparavant appart pour des salutations rapides parce qu’on pouvait se trouver dans la même pièce. Dites vous que c’était pareil pendant les premiers jours avec Thomas dans la maison. On se saluait les matins, j’allais le chercher dans la chambre pour lui dire que le repas était prêt quand on me le demandait (ou plutôt qu’on m’y forçait) et la relation s’est établi progressivement.

C’était bon enfant et donc très innocent. On se taquinait, on parlait de multiples choses de la vie et je pense avoir été la première à être tombé sous le charme. Que voulez-vous, il s’agissait d’un beau jeune homme, qui plus est, très gentil. Quand on s’est mit ensemble, ma vision s’arrêtait au jour où il prendrait l’avion, alors j’ai agi dans la relation en étant influé par cette limite. Je voulais profiter de chaque moment avec Thomas et c’est exactement ce que je fis, tout en faisant attention à ne pas y mettre trop d’espoir. Il aurait été dommage de le voir comme l’homme de ma vie et être brutalement désillusionner si notre relation ne venait pas à se pérenniser. Je voyais Thomas plutôt comme l’âme sœur qu’on rencontre une seule fois dans la vie mais qui n’est pas forcément l’homme avec qui je fonderais une famille et que je vivrais avec le restant de mes jours. L’envie y était mais ma raison m’incitait à la prudence.

Les moments passés avec Thomas ont été l’un des plus beaux moments de ma vie mais aussi l’un des plus tristes. On se cherchait du regard, on se faisait du pied quand on mangeait tous à table le soir, il me consolait quand il remarquait mes craintes, on se volait des bisous dans le couloir, dehors sous le ciel étoilé, dans la voiture pendant que tous le monde était concentré sur la route…On aurait dit qu’on était dans un film ou un roman. On ne pouvait pas exposer notre amour à cause de deux circonstances majeures. C’était l’ami de mon frère et on craignait que notre relation soit mal prise. Mais le plus terrible n’était pas mes frères protecteurs mais plutôt que Thomas avait quitté l’une de mes amies les plus proches pour être avec moi.

Je vous vois venir avec vos multiples questions, les sourcils peut être froncé ou encore vous dire « mais quel fille immorale ! ». Cependant, je réserve cette histoire rocambolesque digne d’un film sans titre pour plus tard.

Comme vous le saviez déjà, Thomas n’était là que pour un court moment. Voilà pourquoi voir l’avenir avec lui me paraissait impossible. Jamais mes parents ne m’auraient laissé continuer mes études en Australie si ce n’était pas au moins pour l’université. Pourtant les années qui me restaient encore au secondaire me paraissait être une éternité. Cette réflexion difficile et cruelle avait réussi à mettre un coup à mon moral. Je n’arrivais plus à correctement profiter des derniers instants avec Thomas. J’avais peur. J’avais l’impression que je me retrouverais seule quand il serait parti et que jamais je ne pourrais trouver quelqu’un comme lui ou qui le surpasserait. Il réussissait à me rassurer et il s’apprêtait à laisser un grand vide.

Le jour du départ de Thomas, je n’arrivais plus à penser. J’avais passé un long moment à me résoudre d’une chose, ce qu’il y aurait une fin à ce petit conte de fée. On n’oublie pas facilement son premier petit ami, son premier amour, son premier baisé. Notre relation étant caché, je n’ai pas eu un au revoir romantique comme dans les romans et les films à l’eau de rose. J’étais pensive et bizarrement très calme. Dans la voiture, nous avons encore joué ce petit jeu de risque qui nous faisait tant rire. Un baisé volé, qu’à mon grand étonnement n’a pas été vue par ma mère assise côté passager, ni mon frère, ni ma sœur. C’était le dernier baisé car à l’aéroport, nous nous sommes juste pris dans les bras. C’était une accolade semblable à celui qu’on ferait à un ami. On ne devait pas éveiller les soupçons mais son regard était triste de me quitter, du moins je le pense. Tout est devenu si brumeux après des années passées après ce moment. Moi, ma famille ainsi que la tante de Thomas avons attendu jusqu’à ce que l’avion décolle. J’ai eu ce même ressentiment que quand on termine un long roman de 800 pages qui nous a passionnés ou quand on s’apprête à entamer un nouveau chapitre de notre vie.

Après le départ de Thomas, les premiers jours ont été rempli de mots mielleux sur les réseaux sociaux. Je sentais son parfum préféré qu’il avait laissé, je regardais le certificat de réussite à son épreuve d’écriture si je me souviens bien et je pensais à ce qu’aurait été notre vie s’il était resté. Comme je l’imaginais, plus le temps s’étoilait, plus notre complicité se détériorait. Persuadé qu’on ne pouvait penser à un avenir lui et moi avec une distance aussi grande, j’ai commencé à penser aux raisons qui me poussaient à ne pas croire à l’amour à distance. La lassitude, le manque de complicité avec de moins en moins de sujets à parler lors de nos discussions sur internet, il y aura toujours plus belle que toi qui tournera autour de lui et la chère est, hélas, bien faible. Toutes ses choses m’ont peut-être rendu aigri et je cherchais malgré moi le conflit. « Un gros investissement de ma part serait inutile, il allait me quitter de toute façon » me disais-je.

Ni moi, ni Thomas avons eu à formuler explicitement que c’était fini. Je lui ai posé une question tout en sachant ce qu’il allait probablement répondre. En fait, j’en été quasiment sûr et j’espérais entendre ces paroles de sa part.

« Est-ce que tu m’aimes, Thomas ? »

« Je ne sais pas… »

Cela ne m’a pas brisé le cœur. Je me sentais bizarrement libéré. Libéré de la torture de l’incertitude. Libéré de la peur qu’il me qu’il me trompe en ayant mieux dans la ville ou il habite. Libéré d’un fardeau que je ne me sentais pas capable d’assumer car j’étais incapable de retenir mes émotions. En fermant mon ordinateur, j’ai regardé par la fenêtre qui menait au balcon et j’ai souri. Une certaine mélancolie flottait sur ce rictus.

J’ai oublié Thomas assez rapidement mais personne n’avait réussi à atteindre mon cœur comme il l’avait fait. Je suis sorti avec quelqu’un certes beau et adorable dans ses gestes mais la relation m’était difficile car je la voyais davantage comme une corvée. Jeune, on s’imagine que sortir avec quelqu’un nous rends plus cool ou on le fait de fois juste parce qu’on se sent seule et qu’on a besoin d’un peu d’aventure dans notre quotidien tristounet. Je me suis séparé d’Erick sans le moindre remords. 6 ans étaient passés après le départ de Thomas et je me demandais avec une impatiente d’enfant pourquoi je n’arrivais pas à aimer. Je ne parlais plus à Thomas. Après des souhaits de noël et de nouvel an après la rupture, on était vite passé à un néant complet ou il m’inspirait l’indifférence.

Près de 9 ans plus tard, Thomas m’a écrit. Je ne sais pas pourquoi il l’a fait et j’aurais voulu qu’il ne le fasse pas afin de ne pas me trouver horrible. Notre relation comptait à ses yeux et la nostalgie l’avait pris en ce réveillon du nouvel an. Il m’a posé une question à laquelle je me suis surprise à réfléchir.

« As-tu des regrets ? »

Et ma réponse fut « non ». Cette expérience m’avait fait réfléchir. Il regrettait de ne pas avoir fait mieux et après cette conversation, je me demandais aussi pourquoi je n’avais pas fait plus. Ce n’est pas seulement cette conversation qui m’a fait cogiter mais aussi la situation amoureuse de mes proches amis qui avaient réussi à me convaincre que la véritable citation était « loin des yeux, près du cœur ».

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