Tuée par la société

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« Adieu.

Ce mot, pourtant simple, tourne dans ma tête, s’impose à moi, et me donne mal au ventre.

Il me reste à peine quelques minutes, alors j’essayerais d’être brève.

Je ne sais même pas pour qui j’écris cette lettre. Je ne sais même pas si quelqu’un arrivera à la trouver, sous cette paillasse qui me servait de matelas.

Je crois que ce qui est le plus dur lorsque l’on écrit une lettre d’adieu, c’est de conjuguer ses verbes à l’imparfait…

La vie est courte, je l’ai toujours su. Mais à ce point là…

Voyez-vous… Cette mort prématurée me donne envie de pleurer, et je pense que l’on peut me comprendre. Mais ce qui me donne encore plus envie de pleurer c’est la cause.

En un mot : L’humanité.

Elle n’a pas respecté mes choix, et dans le pays où je me trouve, ils l’approuvent encore moins.

Car oui, ce soir je me ferais exécuter à cause de mon orientation sexuelle.

Je vais mourir pour avoir essayer de vivre heureuse.

Je vais mourir pour avoir aimé.

Je vais mourir pour avoir pensé différemment.

Je vais mourir à cause de la société.

Et j’aimerais vous dire, à tous ceux qui m’ont accepté comme je suis : Merci.

Même si je pense que cela devrait être naturel, je vous dit merci.

Merci de ne pas vous être enfui quand je vous l’ai dit.

Merci de ne pas avoir eu de réactions étrange quand je vous ai présenté celle que j’aimais.

Merci.

Et j’aimerais te dire quelque chose. A toi, l’élue de mon cœur.

Ne te sens pas coupable. Tu n’y est pour rien. Vis ta vie et sois heureuse. Ne sois pas triste pour moi, ne sois pas en colère contre ceux et m’ont arraché à toi. Tu sais… Je voulais te demander en mariage… Je n’ai jamais osé… La bague est dans le tiroir de ma table de nuit, dans un sachet violet. Prends là, je t’en pris !

Cela me rattachera à toi. De là haut je veillerais sur toi, chaque jour lorsque tu partiras et chaque nuit quand tu dormiras. Mais surtout, si tu aimes à nouveau, sache que je ne t’en voudrais pas.

Mais s’il te plais, vie. Fait le pour moi ! Je t’en pris !

Leïla »

« Je suis désolé.

Ne m’en veut pas mais je ne pouvais pas vivre sans toi. Tu étais celle qui me faisait vivre Leïla !

Si tu savais comme je m’étais inquiétée de ne pas te voir revenir ! Je t’ai attendu, assise dans l’entré pendant un mois. Ne bougeant que pour manger ou me laver. Je ne faisais rien d’autre. J’étais là, statique. Et bien sûr, je pensais au pire. Je ne faisais que ça. Et je ne dormais pas. Peut peu je me transformais en fantôme.

Si tu savais combien de fois je t’ai appelé et combien de fois je t’ai laissé des messages…

Lorsque ta mère est arrivée chez moi, les yeux rouges, une lettre serrée contre sa poitrine, je ne vivais presque plus. Elle me la tendu, et m’a parlé mais je ne comprenais rien. Mais lorsque j’ai lu ta lettre… Mes larmes se sont misent à couler, intarissables. Chaque morceaux d’espoir se sont échappé avec elles. J’ai hurlé. Moi qui n’avais pas prononcé un mot depuis un mois, cela me déchira la gorge, mais je criai, encore et encore. Je me maudisais de t'avoir laissé partir. Je maudisais ceux qui t'ont prie la vie. Je maudisais l'Humanité.

Ta mère a essayé de me calmer et je l’ai envoyé balader. Je m’en veux terriblement. Elle aussi venait de perdre quelqu’un qu’elle aimait plus que sa propre vie…

J’ai dû hurler pendant une heure. Des voisins sont venus me voir pour tapage nocturne. Je l’ai aient jeté à la porte, ils m’ont dit qu’il préviendront la police. Si ils avaient su comment je m’en tapais…

Ma chérie je veux te rejoindre. Je sais que ce n’était pas ce que tu voulais mais je ne plus vivre.

Le pont en face de chez nous m’attends. Je prendrais ta bague. Elle ne me quittera pas.

Je suis désolée, j’arrive.

Je t’aime,

           Célia »

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