Dans la salle d’interrogatoire, François Bourrasse n’en revenait toujours pas, il faisait face à la justicière du troisième âge décrite par Anita. La jeune fumeuse de cannabis n’avait donc pas menti !

Agacé, l’enquêteur répéta une deuxième fois :

— Micheline ! J’ai bien compris que vous habitez à Vergisson, et que vous avez tué cet homme, mais je voudrais les circonstances. Expliquez-moi pourquoi vous l’avez poussé dans le vide ?

La vieille dame se figea plusieurs secondes, puis d’une voix chevrotante, elle raconta :

— Quand je suis arrivé proche du sommet, j’ai entendu des cris. Je me suis dépêchée pour voir ce qui se passait. Et j’ai vu cet homme nu, avec un couteau à la main en train de violer une jeune femme. Après plusieurs minutes, il s’est levé, puis il a fouillé dans ses affaires avant de s’approcher du précipice. Il gueulait en boucle : « JE VAIS TE FAIRE LE CUL SALOPE ».

Micheline marqua un temps d’arrêt, puis elle continua :

— Le jour de mes vingt ans, j’ai subi le même calvaire et il n’y avait personne pour m’aider. Je ne pouvais pas l’abandonner ! Quand j’ai vu ce monstre fumer sa clope face aux vignobles, je n’ai pas hésité et j’ai foncé pour le pousser !

François Bourrasse frotta longuement son bouc, puis en fixant Micheline, il déclara :

— Je pense que la machine judiciaire sera clémente à votre égard.