Entre les mines
Jamais un mot plus haut que l’autre,
jamais un bruit,
Tu recommences chaque jour
les mêmes gestes
En retraçant toujours tes pas
d’ombre modeste ;
Rien de travers, rien ne doit faire
le moindre pli.
Pas d’étincelle ni d’éclat
dans les chaumines
Que tu polis et que tu frottes
en flux tendu ;
À découvert, il n’est de place
pour l’imprévu
Puisqu’un regard peut déclencher
la moindre mine.
Rêvant d’envol, tu te défiles
de l’horizon,
Maux à tâtons, mâchant tes peurs
dans ton séquestre.
Autour de toi croît le champ des
mines terrestres
Que tu appelles ton mariage
et ta prison.
Tu tiens debout, mais en dessous,
les traits se creusent.
Tu reviendras demain encore
désamorcer
Des bombes sales destinées
à te percer,
Toi l’infirmière, la maman,
la démineuse.
Laisse crouler ces vieilles ruines,
sans compromis ;
Dans tous les cas, une explosion
sera ta faute
Même si les ans ont passé
lorsque tout saute.
On ne peut que perdre une guerre
sans ennemi.
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