Prologue

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- Raconte moi la guerre.

   Par où commencer...Je suis née en 1894 en France, dans un village au nord est, un peu éloigné de tout le reste, à campagne.
Nous sommes le 28 et, je suis dehors en train de nourrir les oies quand le tocsin retentit dans toute la France. Ce n'est pas l'annonce d'un incendie cette fois, mais celle de la guerre. Je rentre aussi vite que possible, laissant derrière moi les volailles. Je trouve mon frère et mon père assis devant le poste de radio les yeux fixés sur ce dernier. Ma mère, elle, s'est arrêtée de cuisiner,son torchon toujours à la main. L'air dans la pièce est tellement irrespirable que je suis obligée de sortir.
-Madeleine attend!
J'entends mon frère Georges m'appeler, mais je ne l'attends pas. Il finit par me rattraper aux portes de la ferme, ses chaussures à moitié enfilées.
- Madeleine s'il te plaît...
Je réprime un hoquet de douleur.
- Georges! Nous savons tous ce que cela veut dire!
Il baisse la tête. Tout le monde sait ce que cela veut dire.
- Que papa et moi devrons aller nous battre.
Je m'en veux. Je sais que cette perspective l'effraie. Georges n'a que dix mois de plus que moi et nous sommes encore des enfants. Mais je ne supporte pas l'idée qu'il puisse partir à la guerre. Étrangement ça me paraît plus insupportable que tout le reste. Je le serre fort dans mes bras, du plus fort que je peux, comme si cela pouvait l'empêcher de partir au combat.

    Mon père et mon frère sont sur le quai du train, prêts à embarquer, destination le cauchemar. J'embrasse mon père. A quelques années près, il serait resté à la maison. Je n'ai plus l'âge qu'il me prenne sur ses genoux, pourtant j'aurais aimé qu'il le fasse une dernière fois.
Quant à Georges...Je le regarde avec désespoir. Mon frère représente tout pour moi. Il porte un uniforme vert comme celui de mon père, sauf que le sien lui donne un air malade, à moins que ce ne soit vraiment le cas. Je sais que je devrais lui dire quelque chose, mais je ne sais pas quoi.
- Sois courageuse Mady, tout ira bien. Sois prudente.
Puis il m'embrasse sur la joue et monte dans le train. Je reste là, les bras ballants. J'aimerais lui dire que je l'aime, que je suis fière de lui et tellement d'autres choses encore, mais tout ces mots restent coincés dans ma gorge.
Quand il passe la main par la fenêtre je la saisie d'un bond. J'ai l'horrible sensation que c'est la dernière fois que je pourrais la tenir. Lorsque le train se met en route je ne le lâche pas. Je cours à côté du train comme nombre d'épouses, de fiancées, de mères et de soeurs.
Je le regarde s'éloigner dans un panache de fumée. Les femmes pleurent, mais pas moi.
Maman n'est pas venue avec nous, c'était au delà de ses forces.
J'aperçois la ferme familiale au loin, alors que je suis encore à vélo sur le chemin. Elle va sembler bien vide maintenant. Je trouve maman attablée dans la cuisine, les yeux gonflés et rougis par les larmes en train de s'acharner à couper une pomme de terre.
Je la prends par les épaules.
- Non! Ne dis rien.
Elle se dégage de ma douce étreinte et va s'enfermer dans sa chambre. Je me retrouve donc seule avec mes états d'âme. Je m'en vais faire le tour de la ferme, terminer de nourrir les animaux. Nous devons continuer à vivre n'est-ce pas ?
Puis un jour Ils sont arrivés

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