Révélations sur l'oreiller.

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  • Je suppose que tu te sens un peu perdu. 


Le grand gars avec l'imper et les lunettes ferme la porte et s'approche de moi. Pour tout dire, j'ai aucune idée d'où on est. Ni de qui c'est ce mec d'ailleurs. Et merde c'est le blackout ! J'espère que j'ai pas trop déconné hier soir...


  • Un peu comme Alice.


Qui ? Attends ça me revient.


  • Ouais bha elle avait un beau cul. Et alors ? Me dis pas que c'est ta gonzesse. 


Il me fixe toujours avec ses petites lunettes rondes. La vache je me vois dedans ! Ah là c'est sûr j'ai fait une connerie. Faut que je rattrape le coup.


  • Sérieux, si c'est ça j'en savais rien !


  • Tu es tombé dans le terrier du lapin blanc, Salt.

Oooh je le sens pas là ! Ça va partir en couille cette histoire, pas comme y faudrait. Cela dit, je suis pas attaché et la porte est grande ouverte. Bon, je reste calme.

  • Comment tu connais ce blase ? Y a que mes potes au Pillow qui m'appellent Salt. 

Il sourit. Putain cette armoire à glace ! Et avec sa tenue de Gestapo ça arrange pas les choses.

  • Tu es celui que nous cherchons, je le vois dans ton regard. Tu as les yeux d'un homme qui s'attend à s'éveiller à tout moment.


  • Pour être honnête mon gars, j'aurais plutôt envie d'aller me pieuter, là tout d'suite.


  • Tu détiens la connaissance. La connaissance de quelque chose d'énorme. Cette même connaissance qui t'a conduit jusqu'à moi.

Je le connais ? Il connaît mon pseudo en tout cas. Peut-être l'un des videurs du Pillow ? Nan, Je ne l'ai jamais vu. C'est dingue pourtant, sa façon de parler me rappelle un truc. Énigmatique, un peu casse couille... Moisteus ! Mais ouai c'est ça ! On s'est croisé sur un forum... de célibataires. On avait convenu d'un rendez-vous avec sa copine là... Deputy je crois. Ils voulaient me parler de quelque chose d'énorme... un complot ou un truc du genre.

  • Sais-tu exactement de quoi je parle ?


  • Du POLOCHON ? Wow, je pensais pas que t'étais sérieux !

Je me souviens de tout maintenant, ce type est vraiment taré ! Il faut que je me barre avant que ça parte en sucette ! En plus, y a ces trois gugusses en costard cravate et lunettes noires qui sont venus me les briser avec ça au boulot. Franchement, ils ont quoi avec les lunettes ? Comme quoi je devrais arrêter de penser au POLOCHON et que tout était normal, ils m'ont même donné un oreiller tout neuf. Mais je l'ai paumé je crois. Moisteus reprend.

  • Le POLOCHON ou Partenariat Organisé pour la Libéralisation Objectivement Confortable, Hédoniste, Obligatoire et Népotique, est universel. Il est omniprésent. Il est là quand tu rentres crevé du travail. Quand tu as pris une bonne douche après t'être mis minable dans un quelconque club et que tu t'effondres comme une loque sur ton lit.


  • Ouah ! Presque tous les jours alors ?


  • Il est avec nous en ce moment même.


  • Quoi ? 


  • Tu as les fesses posées dessus.

C'est vrai que le fauteuil dans lequel je suis avachi est plutôt confortable.

  • Tu parles des coussins ?


  • Coussins, édredons, traversins...


  • Mon travers préféré.


  • ... couette, sac de couchage. Tout cela est le POLOCHON. Il est le monde que l'on glisse gentiment sous ta tête pour t'empêcher de voir la vérité.

Deux secondes coco, tu m'as perdu.

  • Quelle vérité ? Je comprends rien !


  • Le fait que tu es un esclave Salt.


  • Okaaaaay ! Alors déjà, arrête de m'appeler comme ça, mon vrai nom c'est Jean-François. Ensuite, le cuir te va super bien mais désolé c'est pas trop mon style si tu vois ce que je veux dire. Donc...


  • Avec lui, le monde n'a plus aucune saveur, plus aucune odeur.


  • Oui. Ça s'appelle dormir.

Il me fait suer le village people !

  • C'est ce qu'il veut te faire croire. Le repos est une fausse notion implantée dans ton esprit depuis ta naissance pour brider tes capacités. Pour brider les capacités de tous ceux qui pourraient menacer l'équilibre. Ne dit-on pas, pour parler d'un arnaqueur qu'il veut nous "endormir" ?

Pas con.

  • Et donc vous. Vous ne dormez...? 


  • Jamais.


  • Ça explique les lunettes de soleil...

Il farfouille derrière son fauteuil. Pourquoi il n'y a que deux fauteuils dans cette pièce ? En plus, la tapisserie est moche ! 

Moisteus me tend deux oreillers. Je les regarde. Celui dans sa main gauche est en velours et l'autre en soie je dirais.

  • Tu ne peux plus faire marche arrière maintenant. Choisis la soie, et tout s'arrête. Après tu pourras faire un gros dodo sur tes deux oreilles. Choisis le velours et la vérité t'éclatera au visage, un nouveau monde de possibilités s'offrira à toi et tu verras l'existence comme nous la voyons. Mais n'oublie pas, je ne t'offre que la vérité... et plus si affinités. 

Autant y aller direct, c'est pas comme si je risquais quelque chose. Je vais pour prendre l'oreiller en velours mais j'ai encore une question.

  • Deputy, enfin...ta copine... y aurait moyen de...


  • Elle n'est pas ma "copine".


  • Fais péter l'coussin !

Je pose ma tête sur le tissu rugueux. Pouah ! Il pue le renfermé. C'est marrant. J'me sens partir...


Je sais que vous êtes là, que vous écoutez. Je sais qui vous êtes. J'arrêterai le POLOCHON et je leur montrerai, à tous, ce qu'il peuvent accomplir sans lui. La suite ne dépend que de vous. Sachez juste que la meilleure façon d'utiliser un coussin, c'est de l'avoir sous les fesses. 

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