En retard, elle est toujours en retard. Suzanne peste contre elle-même tout en dévalant les innombrables escaliers de Saint-Malo. Quelle idée d’avoir oublié son réveil justement ce matin ! Tout en courant à perdre haleine, elle s’efforce d’enfiler son imper jaune vif sans perdre le précieux contenu de son sac à dos. Arrivée sur le ponton, à bout de souffle et le cœur battant à tout rompre, Suzanne cherche, paniquée, son point de départ pour une nouvelle vie : ouf, la goélette est toujours là à l’attendre. Un sourire radieux sur le visage, la jeune aventurière embarque gaiement, saluant avec enthousiasme les matins au teint buriné par le soleil et la mer. Les yeux fixés sur l’horizon, le cœur à peine remis de sa course, Suzanne inspire profondément l’air empli d’embruns. C’est parti.