Mort de Laocoon (déso pour le spoil)

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"Pourtant, reprend Enée, visible était le leurre

Et l'on n'aurait pas cru ce Sinon de malheur

Sans cet événement qui au fond de mon coeur

A laissé une plaie infectée de rancoeur."

Didon se tait, pendue à ce récit tragique;

Moi-même, je m'abstiens de remarque ironique.

"Laocoon, homme pieux et prêtre de Neptune,

Immolait deux taureaux lorsque deux ombres brunes,

Engluant en glissant les algues et les flots,

De l'air en un instant troublèrent le repos.

Jusqu'au fond de nos coeurs, notre sang s'est glacé

Comme les deux serpents, la poitrine dressée,

Des vagues surgissaient comme une écume noire.

Ils chevauchaient les eaux, et l'on aurait cru voir

Un monstre chevauchant une plaine liquide,

Sous deux serpents de sang, une montagne humide.

Leurs croupes épousaient le mouvement des vagues

Tandis que leurs échines pareilles à deux dagues

Pourfendaient cette houle en un éclat furieux

Et d'un seul mouvement l'approchaient de nos yeux.

Paraissent les serpents, telle une hydre à deux têtes,

Fermement enlacés en une seule bête.

Son oeil, d'un éclat rouge ainsi que la rocaille,

Brille au milieu d'un corps tout verdâtre d'écailles;

Il pousse des hénissements impétueux,

Et son corps se distord en replis tortueux.

A ces mugissements, appeurés, se rallient

Et la terre qui tremble et le ciel qui pâlit.

Tout crie, tout fuit, tout suit. Seul reste Laocoon,

Malheureux passereau mis face à un faucon.

Les serpents, cependant, hurlent à fendre l'air

Et jaugent le héros de leur unique flair.

En un mugissement, les voilà qui l'étreignent,

Et déjà sur le mort, ils proclament leur règne.

Laocoon, héroïque, étreint ses javelots,

Mais ce ne sont qu'autant de coups d'épée dans l'eau:

Car le monstre hideux se repait de ses membres

Et dans ses yeux cruels brille l'éclat de l'ambre.

Laocoon lui oppose une force impétueuse,

Rien n'y fait: car de sa double échine écailleuse,

Il entoure son flanc et sa taille et son cou

Bientôt son bras guerrier ne porte plus de coup.

Neptune l'abandonne: on dit même qu'un dieu

D'aiguillons affutés blessa ses flancs poudreux.

En efforts impuissants, le prêtre se consume

Et le monstre marin regagne son écume".

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