Chapitre Neuf

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Les arbres lui semblaient bien plus touffus de ce côté-ci du mur.


En sautant, Matt s'était griffé à une branche, déchirant par la même occasion sa chemise. Il jura à mi-voix en examinant le tissu abîmé et les gouttes de sang qui perlaient. Voilà ce que c'était, que de porter un uniforme aussi peu pratique.


Le ballon de basket n'était pas en vue, probablement était-il retombé de l'autre côté de la rangée d'arbres. Matt n'avait pas vraiment prévu de s'avancer autant sur cette propriété, et il croisa les doigts pour ne pas tomber sur le ou les propriétaires. Il espéra que les gens qui vivaient sur cet imposant terrain ne verrait pas mal le fait qu'il s'y soit introduit sans leur en demander la permission au préalable, et cela pour un simple ballon de basket. Il songea également que la situation serait encore plus compliquée si le ballon avait brisé une vitre. Finalement, ce n'était peut-être pas une si bonne idée que ça.


Il ne pouvait de toutes façons plus faire demi-tour, autant ne pas être venu pour rien. En se faufilant au milieu des branches basses et des troncs, Matt se fraya un chemin.


En vérité, le terrain lui semblait... abandonné. Les arbres poussaient comme bon leur semblait, et le sol était jonché de feuilles mortes et d'herbes folles. Il était peut-être entré sur une propriété privée, mais il avait la nette impression que plus personne ne vivait ici. Rassuré, Matt s'enfonça un peu plus.


Il finit par retrouver le ballon de basket, qui avait bien roulé plus loin. C'est en se penchant pour l'attraper, qu'il la vit.


Surpris, il se figea, un genoux à terre. Tournée comme elle l'était, avec ses longs cheveux noirs qui masquait son visage, elle ne pouvait pas le remarquer. Penchée en avant, elle arrachait de mauvaises herbes sur un bout de terre aménagé en potager, ou à quelque chose qui y ressemblait. Des plantes y poussaient, bien alignées. De là où il se trouvait, Matt se dit qu'il s'agissait d'herbes aromatiques, mais il n'en reconnut aucune. La jeune femme en avait ramassée quelques unes, qu'elle avait disposé dans un petit panier en osier près d'elle. Lorsqu'elle se tourna à demi pour ajouter une nouvelle plante à celles déjà cueillies, Matt réalisa qu'elle portait le même uniforme que la rouquine et la petite blonde qu'il avait croisé à la pâtisserie. Elle avait ôté son blazer et remonté les manches de sa chemise, mais c'était bien la même cravate et le même kilt noir.


Sans le savoir, Matt venait de trouver Warren Hall.


Quelque chose qu'il ne put entendre attira l'attention de la jeune femme, et elle se releva souplement en époussetant ses genoux.


Matt eut le loisir de l'observer avant qu'elle ne s'éloigne. Il ne s'était pas trompé, l'uniforme était bien celui de Warren Hall. Peut-être pour casser l'image austère de sa tenue noire, la jeune femme portait de nombreux colliers à breloques, et une longue tresse qui se terminait par des plumes ornait sa chevelure d'ébène. Après avoir ôté ses gants et ramassé son panier, elle s'éloigna.


Stupéfait par sa découverte inattendue, Matt cligna des yeux et mit un moment avant de bouger. Il attrapa le ballon, et fit marche arrière jusqu'au mur de pierre.


Warren Hall. Il avait enfin trouvé Warren Hall.


C'est en sautant de l'autre côté du mur qu'il comprit qu'il venait de commettre une erreur.


Des élèves de St John l'attendaient fermement, les bras croisés et la mine sombre. Parmi eux, William.


« Je croyais que nous avions été clairs. »


Matt esquissa un sourire, certain qu'il ne risquait rien. Il jeta le ballon aux pieds des garçons.


« Je crois que ce que tu veux dire, c'est : merci d'avoir récupéré... »


Le coup de poing expulsa tout l'air de ses poumons, et il se plia en deux en hoquetant. William l'attrapa par les cheveux, le forçant à rester debout alors que Matt chancelait, étourdi par la douleur et par cette attaque.


« On t'avait dit de ne pas t'approcher de Warren Hall. Il faut croire que nos avertissements n'ont pas eu d'effets. Ou bien tu aimes avoir des ennuis, hein ? » lui susurra William en approchant son visage du sien.


Derrière lui, derrière tout le monde, Jules assistait à la scène. Sans broncher.


« Alors, tant pis pour toi, Matt. » ajouta William en serrant le poing.


Un second coup dans l'estomac fit tomber Matt à quatre pattes. Il se contracta, dans l'attente d'un déferlement de violence. Mais le petit groupe tournait déjà les talons, l'ignorant et le laissant dans sa douleur. Jules les suivit sans se retourner. William fut le dernier à partir.


« Si vous aimez tant les ennuis, vous allez en avoir. » conclut-il en s'éloignant, l'oeil mauvais.


Merde... Matt posa le front sur le sol et ferma les yeux.

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