chapitre 1

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Ce matin-là, accoudé à la petite table de mon appartement, mes cheveux relevés en un chignon défait et portant toujours mon short noir, je regardais le ciel. L’automne venait de s’installer, inondant la ville de ses couleurs chaudes et lumineuses. Les arbres avaient revêtu leurs plus belles tenues, les fleurs d’arrière-saison avaient sorti leurs robes de bal et l’herbe se voulait verdoyante à souhait. Assis à la table, je remuais mollement mon café, les effets du sommeil n’ayant pas encore totalement disparu de mon corps. Tout était calme dans la pièce, seuls le chant des oiseaux et les bruits de moteurs des voitures perçaient le silence. Je portai la tasse de liquide noir chaud à mes lippes quand une silhouette gracile apparut devant moi. Une brune aux longs cheveux et aux yeux verts me fixait. Ne m’attendant pas à ce qu’elle s’éveille tout de suite, je sursautai et renversai mon café sur la table. Habillée d’un pyjama licorne rose, de chaussons en forme de panda, une marque de sommeil sur le visage et un sourire moqueur dessiné sur sa bouche, ma femme déposa un chaste baiser sur mes lèvres et se plaça en face de moi. Je secouai la tête pour recouvrer mes esprits et me levai pour aller prendre l’éponge. J’essuyai ma bêtise, jetai l’accessoire de nettoyage dans l’évier et repartis me servir. Je sortis une deuxième tasse du placard et versai un peu de boisson brûlante dans chacune d’elle. En revenant vers ma chaise, j’ouvris le dialogue :

  • Alors comment s’est passée ta garde ? Je pensais que tu allais dormir encore un peu.
  • Tu sais bien que les grasses matinées ce n’est pas mon fort, répondit-elle la voix légèrement cassée. Et puis, je voulais profiter de toi !
  • Tu avais le temps, je ne travaille que ce soir. Alors ta garde ?
  • Un enfer, s’exclama-t-elle. Le tueur d’Halloween est de retour.
  • Vraiment ? Je le croyais sous les verrous, interrogeai-je.
  • Oui, moi aussi ! mais les caméras sont formelles, c’est bien le même assassin que l’année dernière. Poe est déjà sur le coup, mais la brigade ne le laisse pas entrer.
  • Je vois. Heureusement que tu es son amie, inspecteur Rey. Et l’on a des pistes ?
  • Pas tellement, on a retrouvé qu’un simple morceau de tissu et un portable cassé.
  • Pas de cadavre ? demandai-je, surpris.
  • Non, comme la dernière fois.
  • Mais est-on sûr qu’il tue ?
  • Là aussi, nous sommes dans une impasse. Nous avons bien arrêté un meurtrier d’Halloween l’année passée, mais il semble que ce ne soit pas le même.
  • Comment ça ? Tu veux que je fasse des recherches dessus, ce soir ?
  • Tu pourras suivre ce que j’ai commencé. J’ai épluché le dossier de l’année dernière et j’y ai noté des divergences. Par exemple, le procédé est subtilement différent. Ce tueur-là laisse volontairement des empreintes. Alors que l’autre, on l’a pincé à cause d’une erreur qu’il a commise. C’est comme s’il brouillait les pistes. En plus, je n’arrive pas à l’expliquer clairement, mais mon instinct me dit que rien de tout ça n’est normal. Et puis, j’ai retrouvé des traces gluantes non loin du portable.
  • Gluantes ? Bizarre ! Je vais me pencher sur ce mystère ce soir.
  • Merci, Ben, je suis contente que tu m’assistes dans cette investigation ! Tu sais très bien que je ferai n’importe quoi pour toi, même risquer ma place de commissaire.
  • Je ne t’en demande pas tant ! s’exclama-t-elle, vexée par ma remarque.
  • Je disais cela parce que normalement, je ne peux pas intervenir sur les enquêtes de ma femme !
  • Je suis au courant ! Mais tu le fais quand même ! Dis-toi bien que si tu te fais pincer, ce sera de ta faute. Me rabroua-t-elle.
  • Et ça m’est égal ! rétorquai-je.
  • Ben, tu es incorrigible !

En guise de réponse, je lui offris un sourire. Elle abandonna son air renfrogné et boudeur pour faire la moue.

  • Je déteste quand tu joues à ça ! déclara-t-elle.

Je me levai, m’approchai d’elle, puis, je plaquai mes lèvres sur les siennes. Réticente au début, elle se laissa très vite prendre au piège de mes baisers. Elle noua ses bras autour des miens et s’accrocha à ma taille. Puis, entre deux souffles, elle demanda :

  • Tu n’as pas envie de retourner te coucher avec moi ?
  • Me coucher ? Vraiment ?
  • OK j’avais autre chose en tête, mais je suis trop fatiguée. Viens au lit avec moi, s’il te plaît !

Quand elle se comportait de cette façon, que sa candeur et sa franchise réapparaissaient, je ne réussissais pas à lui résister. Elle pouvait faire ce qu’elle voulait de moi. J’étais l’un des commissaires les plus redoutables de la police, on me surnommait le loup de la criminelle. Tout le monde me craignait et me respectait. Pourtant, chaque fois que je passais les portes de ce petit appartement de New York, je me transformais en agneau et lui obéissais aveuglément. Alors, sans même prendre le temps de réfléchir, je répondis :

  • D’accord, mais tu te reposes, c’est un ordre ! clamai-je
  • Oui chef ! se moqua-t-elle.

Nous nous dirigeâmes tous deux vers la chambre et regagnâmes notre lit.

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