Épilogue.

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Lorsqu'il vit Wilhelmina pour la dernière fois, en ce jour glacé de décembre, il neigeait. De gros flocons tombaient sur Berlin et les sans-abris se pelotonnaient dans leurs couvertures afin de se garder au chaud.

Andreï était de retour dans la capitale allemande, sous une autre identité. Cette fois, il espionnait aussi pour le compte du gouvernement allemand, ça rapportait plus ainsi. Pour ce que valait sa "patrie", de toute façon...

Il n'avait pas de temps à perdre, et cela se voyait à son air déterminé et à ses pas rapides. À vrai dire, la seule chose qui parvint à le freiner fut une voix bien connue murmurant un prénom qu'il espérait ne plus jamais entendre :

  • Linas...

Refroidi, le jeune soviétique se retourna et ce qu'il vit lui serra le cœur.

La magnifique femme qu'avait été Wilhelmina... réduite à une pâle ombre de son ancien soi. La peau blême et sale, les cheveux courts et emmêlés, l'expression perdue de ses traits creusés et le pauvre corps fondu de son ancienne amante le fit se sentir plus coupable encore.

Il s'agenouilla à ses côtés pour glisser quelques pièces dans son gobelet d'étain.

De quoi lui offrir quelques repas.

  • Willie, je suis désolé.

Baissant le regard, il s'aperçut que malgré tout, elle portait encore sa bague de fiançailles. Il se mordit la lèvre.

  • Tu devrais la vendre. Ça te donnerait de quoi louer un appartement, au moins quelques semaines...
  • Je pensais que tu étais mort, mais t'es un putain de flic déguisé, cracha-t-elle avec dédain.

Il sursauta ; sa salive l'avait manqué de peu.

Ainsi, elle savait tout, désormais...

  • Vends-la, insista-t-il tout en lui glissant dans la main un billet. Va aux bains publics et achète-toi une nouvelle tenue pour qu'on accepte la bague. Je suis... Je suis sincèrement désolé.

Il se releva et la regarda une dernière fois avant de se rediriger vers son lieu de rendez-vous.

Envers et contre tout, les affaires continuaient ; seulement, trop troublé par la vision de son ancienne fiancée, il n'avait pas remarqué qu'on le suivait.

Wilhelmina le fila pendant quelques centaines de mètres après avoir empoché son argent, le cœur plein de haine.

Cet homme avait tué son enfant. Cet homme avait détruit son travail, son amour, ses espoirs et réduit son futur à néant, et elle comptait bien se venger.

Après l'avoir vu disparaître dans une maison des quartiers populaires, elle partit rejoindre la police du coin.

Ce soir, elle pourrait enfin se payer une chambre chauffée.

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