London on Wednesday

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9 avril, Londres, Angleterre, Europe.

Le métro de dix heures trente débarqua cinq jeunes filles à son troisième arrêt londonien.

— On se retrouve ici à quinze heures.

Et elles se séparèrent.

Honor et Felicia avaient rendez-vous à dix heures trente dans un café au bord de la Tamise. Elles pressèrent donc le pas. Pourtant, elles eurent beau marcher le plus vite possible, elles arrivèrent avec dix bonnes minutes de retard. Les Baxter s'étaient installés à l'intérieur, au fond de la salle et elles les rejoignirent. Il y avait Liz et Jack – s'étaient d'eux-mêmes que venait l'invitation – ainsi que, à la grande surprise d'Honor, Edward. Les trois frangins, côte à côte, semblaient identiques avec leurs yeux enfoncés et leur cheveux dressés.

Ils se saluèrent puis prirent place autour de la table. Si Felicia parvint à entamer une conversation animée et familière avec leurs amis, Honor resta silencieuse, les sourcils froncés dans l'incompréhension. Ne devait-il pas être en cours ? On est mercredi et, d'ordinaire, il reste plongé dans ses études jusqu'à ce que le soleil se couche. Elle l'observa suivre d'un œil distrait la discussion. Son regard allait de l'horloge mural, à sa montre, puis s'arrêtait sur son téléphone posé sur la table. Honor se rassura « Ilen se disant qu'il attendait sûrement un cpou de fil. Cette pensée la calma et elle s'adossa au dossier de sa chaise. Elle se mit à fixer Edward intensément, cherchant dans sa physionomie quelque chose qui aurait pu l'attirer lorsqu'elle était plus jeune. Ils avaient commencé à sortir ensemble à l'école primaire, bien avant que KOBSE ne se soit formé. Il n'était pas beau. Il ne l'avait jamais été. Honor en avait toujours été consciente. Ses dents mal arrangées, sa chevelure toujours mal en point, ses oreilles décollées et ses yeux souvent rouge de fatigue ne l'avaient pas rebutée lorsqu'ils s'étaient révélés au fil des ans. Elle était habitué. Mais, enfant, elle lui avait trouvé un petit charme qui faisait qu'elle avait coché Yes sous le petit Do you want to date me ?, rédigé sur une feuille cadrillée et glissé sous une pierre sous sa boîte aux lettres. Désormais, elle regrettait presque de ne pas avoir suivi son premier instinc. Qu'aurait-elle perdu si elle avait refusé sa proposition ? Ses amis ? Non, sans doute pas. La sécurité, les câlins réconfortants et ses cakes à la banane. Voilà ce qui lui aurait manqué si elle ne s'était jamais mise avec lui. Et voilà ce qu'elle perdrait s'ils rompaient. Cette idée provoqua un trouble dans l'esprit d'Honor. Quitter Ed ? C'était une chose inimaginable. Elle n'avait jamais été qu'avec lui et elle ne pouvait visualiser une vie où il ne serait pas. Bien sûr, c'était dur. Ils ne vivaient que très rarement, dans le même pays, ni même parfois sur le même continent. Mais ils avaient toujours fait avec.

Le téléphone d'Ed vibrant sur la table la tira de ses pensées. Elle jeta un coup d'œil sur l'écran tourné vers le plafond. Appel entrant de Shan♥. Edward se leva de sa chaise, saisit son téléphone, et prit l'appel à l'extérieur. Qui était Shan ? Et pourquoi y avait-il un cœur après son nom alors qu'il n'y en avait jamais eu après celui d'Honor ?

Pendant ce temps, Ekaterina vagabondait dans les galeries marchandes en attendant que sonne onze trente, heure à laquelle elle devait retrouver son parrain dans un restaurant indien. Elle examina quelques châles et s'acheta un magnet à placer sur le frigo de leur maison à Reppe. Elle avait pris l'habitude de ramener une décoration à chaque voyage à l'étranger qu'elle faisait. Cette pratique était en place depuis ses quatorze ans et les trois quarts du meuble étaient recouverts d'aimants et de cartes postales en différentes langues. Lorsqu'elle eut fini de chiner, elle se dirigea vers le restaurant. Kristof n'était pas là. Elle était en avance, aussi, elle attendit à l'extérieur le temps de le voir apparaître au coin de la rue. Il se présenta à elle les deux bras ouverts et il la reçut contre son torse. Kristof n'avait pas reservé de table mais il avait l'avantage d'être un habitué très apprécié de la maison. Il avait réussi à obtenir un rôle au fils aîné des propriétaires dans un film anglais et la famille se sentait toujours redevable.

— Comment vas-tu, Kattie ?

— Oh, bien. Je suis de passage à Londres pour la journée et je me suis dis que, puisque tu avais un tournage ici cette semaine, tu trouverais un peu de temps pour qu'on discute.

— J'ai toujours du temps pour ma filleule préféré !

— Je suis ta seule filleule.

— Ah, oui. Tu dis vrai. J'oublie toujours ce point.

Il jeta un coup d'œil au menu sans même le lire, débita sa commande de tête à la serveuse qui attendait puis retourna son regard vers Ekaterina qui souriait car il avait commandé pour elle exactement ce qu'elle voulait.

— Je n'ai pas beaucoup de temps. Le tournage est très speed. On n'a des dates trop courtes pour chômer.

— De quoi parle celui-ci ? demanda la jeune fille en grignotant un morceau de pain.

— C'est... compliqué à résumer rapidement.

Lui qui avait toujours eu des tonnes de choses à dire sur chacun des films qu'il réalisait semblait pourtant manquer de mots pour qualifier celui-ci.

— Donne-moi au moins le titre.

— Je ne voudrais pas te gâcher le film.

— Un indice sur le casting ?

— Secret défense.

— Rien du tout ?

— Tu découvriras la totalité du film à sa sortie au cinéma.

— Ouf... J'ai bien cru que tu allais aussi m'interdire de le voir !

— Bien sûr que non. Ce serait complètement contraire à l'effet recherché !

Sur ces paroles mystérieuses, les plats arrivèrent et ils commencèrent à manger. Lorsqu'il eut payé l'addition une demi-heure plus tard, embrassé sa filleule et quitté le restaurant, Ekaterina se retrouva seule sur le trottoir. Qu'est-ce que ce film pouvait-il aaoir de si secret ? Et pourquoi ne devait-elle rien savoir ?

Terence avait donné rendez-vous à Blake dans une galerie d'art semi-professionelle. Elle appartenait à une cousine d'Oakley et il avait été ravi de la découvrir l'année précédente. Il avait proposé à Blake de le retouver ici pour qu'elle la découvre à son tour mais il trouvait désormais que ça sonnait comme une mauvaise idée. Oakley lui donna une tape sur l'épaule.

— T'inquiète pas, ça va bien se passer. C'est pas un rencard.

— Et si...

— Je serais là pour tenir la chandelle !

La sonette de la porte d'entrée retentit et Terence se précipita pour accueillir Blake. Elle n'était pas seule.

— Salut T ! le salua Blake. Ça ne te dérange pas que j'ai amené Sun Mei ?

— Bien sûr que non ! Aucun problème, s'entendit-il répondre alors qu'il pensait le contraire.

Il jeta un coup d'œil derrière lui. Oakley haussa les pouces en signe de soutien.

Les deux filles se débarrassèrent ensuite de leurs manteaux et Terence les guida dans la galerie.

— Salut Blake, ça boume ? s'exclama Oakley avant de la serrer dans ses bras.

« Pourquoi a-t-il droit de la serrer dans la bras ? Pourquoi n'y ai-je pas pensé plus tôt ? » bougonna-t-il intérièrement en les regardant.

— Super ! Alors, comme ça, c'est ta cousine qui tient la galerie ?

— Oui, oui. Gwladys a toujours aimé l'art. Moi, j'y ai jamais rien compris.

L'éclat de rire de Blake lui parvint douloureusement aux oreilles. Était-il en train de devenir jaloux ?  Et de son meilleur ami, par-dessus le marché ?

Lorsque les trois coups de cloche secouèrent le clocher, il ne manquait plus que Sun Mei et Blake devant la bouche de métro Les deux jeunes filles étaient en retard et aucune ne répondait aux appels. C'est Felicia qui les vit arriver, à quinze heure vingt-trois, montre en main. Essoufflées et couvertes de sueur, elles expliquèrent qu'elles avaient rencontré un de leurs danseurs, Grahama Overstreet, et sa compagne du moment, Paola Palma, et que, au fil de leurs échanges, le temps leur avait échappé. Enfin, les cinq filles, certaines impatientes, d'autres haletantes, montèrent dans la rame suivante.

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