(AR GENT) ET PARENTS

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Un silence de mort tombe sur la pièce. Tous dévisagent Diana comme s'ils la voyaient pour la première fois. Personnellement, je n'arrive tout simplement plus à la regarder, car assimiler la vérité sur mes origines de cette façon me fout carrément en l'air.

Je remarque aigrement que maître Zeeder est aussi ébranlé que nous. Il tente cependant d'éveiller de nouveau l'attention sur lui en simulant une toux, mais son intervention arrive bien trop tard. Maintenant que le vin a été pressé, il faut le boire.

- Si je puis me permettre mesdames, messieurs, débite-t-il tout de même confus.

Il souffle dépité.

-Mon cabinet n'est pas un ring de boxe. Je vous saurai gré de démêler vos problèmes familiaux dans un lieu et dans un contexte plus approprié que celui-ci. À mon grand regret et à celui de Louis, nous n'avons jamais voulu voir les choses prendre une tournure si dramatique.

La tension reste plus que palpable, mais les paroles tranchées de l'avocat coupent court pour l'instant à la débride de haine entre mon oncle et ma tante.

Contrairement aux membres de ma famille qui semblent reprendre une certaine contenance, je suis agitée de l'intérieur comme de l'extérieur. Les paroles de Roger tournent en boucle dans ma tête. Je demande si notre famille peut descendre plus bas, après tous ces secrets révélés.

Même si je ne l'espère pas, je sais qu'avec eux rien n'est gagné d'avance. Ils m'ont prouvé que tout peut basculer en un instant. Venant de leur part maintenant rien ne m'étonne plus.

J'observe les gens supposés représenter ma famille et mon ventre ce tort d'amertume. Alors que mon esprit veut me pousser à une réflexion de plus grandes ampleurs, celui-ci est interrompu par maître Zeeder qui reprend la parole comme si de rien n'était.

- Si vous le permettez, mesdames, messieurs, il ne reste qu'à poser vos signatures et la procédure sera effective.

De rage, Diana intervient à nouveau.

- Et si je refuse de signer et conteste ce sinistre document.

L'avocat soupire et répond sans aucune inquiétude.

- Je vous souhaite bonne chance madame Castillon parce que votre père à parer toutes éventualités. Ce testament est en béton, plus que les clauses, ce sont les outils patrimoniaux utilisés par monsieur Laugier qui fait de ce document une cause perdue pour vous. Mais bien sûr, libre à vous de consulter quelqu'un d'autre et de faire valoir vos supposés droits.

Ma tante semble prête à mordre.

Mais maître Zeeder, affiche un sourire de requin sournois devant la tentative désespérée de Diana. Et pour une raison qui m'échappe elle abandonne trop aisément et finit par retourner à sa place avec des mouvements d'humeur.

Sans perdre de temps l'homme de loi présente à nouveau les documents à signer. Puis tour à tour nous apposons nos noms dans un calme assourdissant.

Pour moi, ma signature présente sur ces papiers représente une conclusion erronée, sauf que je n'y peux rien. Submergée et résignée par ce trop-plein d'émotions, je me lève et réussi cette fois à fuir sans écouter les derniers mots de l'avocat.

Mais bien évidemment cela aurait été trop facile, car c'est sans compter sur Arnaud qui me rattrape dans l'escalier et me tire le bras.

- Putain Aélys, tu vas vraiment partir comme ça.

Il ne manquait plus que lui.

Je laisse traîner mes orbes sur lui furieuse d'être de nouveau arrêté dans ma vaine tentative de fuite.

Outrée, je me défais de sa prise d'un mouvement brusque.

- Et tu peux m'expliquer en quoi, cela te concerne ? dis-je ivre de rage cette fois.

Il souffle comme d'exaspération et reprend calmement.

- Cela ne me regarde peut-être pas selon toi, mais après ce qui s'est passé aujourd'hui, je pense que tu te trompes. Nous devons parler Aélys.

En l'entendant me soumettre cette suggestion ridicule, je ne peux m'empêcher d'éclater d'un rire froid.

- Nous n'avons rien à nous dire Arnaud. Je ne sais pas ce qui t'a laissé penser que nous entretiendrons une quelconque conversation ; mais je te prie de croire que je n'ai pas changé d'avis te concernant. Nous ne sommes plus rien l'un pour l'autre, si tentés que nous ayons été quelque chose.

Je secoue la tête avec une expression de dégoût et tente de partir de nouveau. Mais il ne me laisse pas faire et me retient par la taille en me rapprochant de lui.

- Nier notre ancienne relation ne va pas la faire disparaître Aélys. Tu peux essayer de l'effacer de ta mémoire, mais crois-moi, elle reviendra continuellement te hanter.

Sa voix se fait plus douce, me faisant frissonner.

- Moi aussi, je veux pouvoir omettre certaines choses, mais je ne sais pas par où commencer et je n'en ai pas vraiment envie. Quoique je ne fasse pas un seul jour, ne passe sans que tu sois sous ma peau.

Il saisit ma main et la pose sur sa poitrine et chuchote carrément.

- Tu es toujours là. Peux-tu comprendre à quel point te voir me déchire ?

Il prend mon visage en coupe et fixe mes iris dans les siens.

- Je ne peux pas te sortir de ma tête Aélys. Chaque mot, chaque souffle, chaque baiser sont des souvenirs indélébiles. Je ne peux pas te laisser partir.

Il ne peut sans doute pas, mais moi, je n'en peux plus de le voir.

Pour une raison inexpliquée, j'ai envie de pleurer. Comment peut-il seulement me dire toutes ces choses ? Il m'a fait souffrir, m'a blessé, m'a abandonné devant l'autel en robe de mariée et pour toutes ces raisons, je ne peux pas lui pardonner. Bien qu'il soit possible que je l'aime, plus que probable que je l'aime toute ma vie, il ne mérite pas l'absolution. En tous cas, pas ici, pas maintenant et surtout pas comme ça.

Certainement pas alors que je suis le jeu d'un stupide héritage.

Je me demande à quoi pensait Papi Lou en ajoutant cette farce de mariage à son testament. Je ne vais pas sûrement pas me marier pour le domaine Laugier. Cette maison ne fera pas de moi une marionnette. De toute manière, je n'en veux pas, il y a bien trop de fantômes entre les murs de cette maison.

Ce que j'ai reçu est au-delà de tout ce que j'ai toujours voulu. L'argent ne me suscitera jamais l'amour que je recherchais auprès de mes proches.

Les vieille histoires me refusent une page vierge parce que notre famille a franchi une ligne. Celle qui indique, que rien ne peut être réparé. Et bien que cela soit regrettable, il faut parfois savoir accepter de voir son monde s'écrouler.

Je suis une orpheline.

Je ne connais est pas mon père.

Ma mère est morte.

Ma grand-mère m'a quitté sans que je la connaisse.

Mon grand-père qui disait m'aimer plus que tout me laisse un héritage qui fait de moi une cible à abattre.

L'homme que j'aime est aussi la personne que je hais le plus.

Et celle qui m'a élevé, Diana est cette mère qui n'en est pas une.

Je m'écarte d'Arnaud.

- Je ne suis plus cette femme Arnaud. Il va bien falloir t'y faire. Je ne t'aime plus comme tu l'as si bien dit c'est de l'histoire ancienne alors si tu veux te compter des mensonges continue seul.

Sans lui laisser le temps de répliquer, je dévale les escaliers.

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