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— Un café, je vous prie !

Presque instantanément, le liquide que vous espériez voir noirâtre coule dans votre tasse depuis le thermos de la serveuse, seulement, il est brun transparent. A ce stade ce n'est plus du café, mais du thé, tout au plus une infusion de caféine.

Vous la congédiez d'une rudesse molle (Rappelons-le : les femmes vous terrifient) et vous penchez sur vos livres. Que l'étude commence !

Vous étiez sur un os, vous y restez. Ludvig Prinn sera votre quête du jour, pensez-vous, comme si vous étiez un aventurier.

Votre humeur retombe rapidement en vous rendant compte des références emportées. Vous êtes partis un peu vite, pour ne pas dire que vous avez fui comme un lâche ! Résultat, il vous manque des ouvrages ! Peste de piqueuse de pupitre !

Tant pis, retour à votre étude habituelle, relecture de vos notes, vérification de vos sources, mises en relation de vos textes.

Dans la brume tabacologique, des volutes tracent sous vos yeux des formes arbitraires. Des visages s'y forment et s'y déforment. Ça vous le fait souvent et vous trouvez toujours cela flippant. Craignant de basculer dans la folie ou pire, dans l'ésotérisme, vous préférez vous replonger dans vos écrits.

Une main décharnée vous saisit, émergeant du brouillard. Horreur, une momie ! Pensez-vous tout de suite. Mais un regard plus attentif vous permet d'identifier l'allure des doigts en question, pas décharné, plutôt ridés. Un visage suit, perçant le nuage. Mrs Tingle.

Bon... Qui est Mrs Tingle ?

Si les cimetières ont leurs morts-vivants, les marchés ont leurs mendiants, les hôpitaux ont leurs pestiférés, et bien les universités, elles, ont leurs errants. Mrs Tingle. C'est la folle du bahut. Elle va de ci, de là, trainant ses hallucinations et ses délires. Tout le monde la connait, Mrs Tingle. Une célébrité, une star locale. Certains disent même qu'elle était parmi les meilleurs étudiants du fameux professeur West.

En regardant ses yeux pâles, emplis de folie, vous doutez fermement qu'elle ait pu figurer parmi ces brillants étudiants.

— Méfie-toi de l'eau qui pisse ! annonce-t-elle, d'un coup.

— Plaît-il ? marmottez-vous, en essayant de rester poli.

— Les vers s'y noient. Ils se noient déjà, dans ton verre !

— Les vers, les verres ou les verts ? questionnez-vous, prompt à repérer les homophonies.

— Pervers, dans sa cave, le livre verse.

— Je suis occupé à travailler, là, madame. Je n'ai pas de monnaie, tentez-vous, piètrement.

— Se taire, le mystère déterre les vers !

Entendant ça, vos yeux s'exorbitent à tel point que vous commencez à ressembler à un poulpe. Ces mots abscons vous évoquent bien sûr le livre trouvé à la bilbiothèque bibliothèque, De vermis Mysteriis, de Prinn. Faites face à la folie au 88

Si vous préférez vous barrer, au risque de n'avoir plus aucun refuge et de ne pas avancer dans vos recherches, redressez-vous, grimacez des excuses en disant que vous ne comprenez pas et taillez-vous vers le 34

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