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L'herbe vous toise.

Narquoise, elle se sait remplie de vie. Une vie qui vous veut du mal.

Ledit mal navigue, invisible, dans sa toison verte. Il vous regarde, il vous attend.

Prudemment, vous retirez votre veston, il vous servira de matelas de fortune pour vous protéger des pointes molles des graminées.

Vous vous apprêtez à commettre une chose que vous n'avez plus tenté depuis 1920 : vous installer sur du gazon. Si vos parents vous voyaient. Ils ne seraient pas fiers, non ; ils seraient abasourdis ! Robby dans l'herbe... Robby allongé dans un parc ! Sur de l'herbe ! Un miracle, une épiphanie ! Noël au printemps !

Vous préférez phaser votre épreuve, n'y allez pas trop vite. A l'instar de l'hydrocution dans l'eau des piscines mal chauffées, vous risquez la verdicution. Soit trop de verdure trop vite !

Phase un : vous aventurez d'abord vos mains. Celles-ci tentent fiévreusement d'étaler bien correctement le veston sur le tapis sournois. Vous êtes un peu obsessionnel parfois.

Phase deux : vous risquez vos pieds sur le tissu protecteur. Vos chaussures vous protègent, mais vous savez que les plus petites bestioles sont capables de s'y infiltrer. Vous mordez sur votre chique.

Phase trois : vous aventurez une fesse courageuse sur la surface plumeuse, une fois sécurisée, vous laissez aller la seconde, qui n'était pas loin.

Phase quatre : vous... – Horreur, un insecte volumineux tente de s'enfoncer dans votre cerveau via votre conduit auditif !

Exit les phases, fini les herbes folles ! Vous sautez tel le lapin surpris par le renard. Un dernier brin de courage vous permet d'encore extirper votre veston de la maudite plaine avant de disparaitre dans les sous-bois.

Mais quel sous-bois ? Qu'est-ce que vous foutez ? L'angoisse vous fait elle perdre toute raison et discernement ? Dans les buissons (qui ne sont d'ailleurs pas des sous-bois, on est en pleine ville tout de même !) d'autres créatures invertébrées résident et n'attendent qu'une chose, infiltrer vos lobes !

Vous revenez derechef vers l'orée et débouchez sur une clairière réconfortante. Vos mains tremblent sur vos oreilles qu'elles recouvrent.

Votre cœur n'est pas très content et vous le fait bien sentir. Votre esprit également, vous perdez d'ailleurs un point de santé mentale (attention, si vous arrivez à zéro, allez au 100).

Pour revenir au calme, vous avez le choix.

Soit, vous êtes téméraire et allez-vous poster sur un banc libre. A la fin de la journée vous pourrez dire que vous avez gagné en courage, bravo ! Ça se passe au 50

Soit, vous en avez soupé de dame nature et sa verdure narquoise, vous vous barrez en jurant qu'on ne vous y reprendrait plus ! Suivez l'allée jusqu'à la lisière au 42

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