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La porte de la bibliothèque grince derrière vous pour signifier qu'elle se sent abandonnée. Vous la quittez le cœur au bord des lèvres. Je reviendrai, ma chérie ! murmure votre cerveau à l'adresse de cette colosse de pierre imitant un temple romain ou étrusque – ou Grec, difficile à dire.

Le soleil, décidément glorieux, vous inflige à nouveau ses rayons. Vos lunettes les décuplent, c'est une horreur. Vite, un intérieur !

L’Herbert West Student Union n'est malheureusement pas la porte à côté, il va vous falloir marcher sous cette lueur déplaisante.

Ne vous laissez pas prendre par ce nom pompeux, « Student union », avec ses relents de communisme, il ne relève en fait que du fait divers, érigé malheureusement en exemple : des élèves s'étant opposé à un professeur qui menait des expériences douteuses. Un mythe, bien entendu, de la science-fiction de bas étages (on raconte qu'il ressuscitait les morts !). Comme si un universitaire pouvait mener des expériences tordues, allons bon ! Toujours est-il qu'en hommage au groupement triomphal de ces jeunes gens, la cafétaria – Oui, la cafétaria, c'est dire l'estime qu'on leur prête – a été nommée ainsi en hommage à ceux qui ont pu détrôner l'enseignant.

Leur café est passable, mais surtout, il s'y trouve des recoins pour avoir la paix et étudier tranquille. C’est devenu la succursale de votre recherche. Il ne devrait pas y avoir de russesse là-bas...

Marika Petruskova... Cette soi-disant fille d'ambassadeur Russe, perdue en nouvelle Angleterre, dans une bibliothèque réputée pour ses ouvrages sur l'occultisme. Par-dessus le marché, à la recherche des traces d'un alchimiste du onzième siècle.

On vous faisait une farce.

Et une pas drôle !

Allez-y donc, vous tapir dans les odeurs de tabac mêlées de café, le nez perdu dans vos pages (vous avez emporté vos ouvrages, bien entendu), loin de ces intruses bolchéviques. Pas de distractions dans votre monde !

En mode tunnel, vous traversez le campus et atteignez votre destination de paix. La Herbert West Student Union se dresse au milieu du campus telle une cohue populaire. C'est le point de rencontre de tous, sauf qu'à cette heure, la plupart des étudiants sont en cours, déjà caféinés. L'endroit est à vous. En pénétrant dans ces lieux, une brume de tabac vous accueille. Vous parvenez à trouver votre "spot" habituel. Durant un instant de pure frayeur vous avez l'impression d'y voir la barbare staliniste, vous chipant votre pupitre secondaire, mais il ne s'agit que de la serveuse qui nettoie la table. Ouf.

Vous vous attablez en déversant vos livres et fardes comme la montagne crache ses avalanches. Plus un instant à perdre.

Sauf que la serveuse ne semble pas du même avis.

— Bonjour, qu'est-ce que je peux vous servir ?

Ce qui vous vient en premier est "du silence" mais vous vous gardez bien de le dire.

Si vous commandez machinalement du café, faites-le au 28

Si vous commandez un jus d'orange parce que vous en avez marre de leur café allongé infâme, signifiez-le donc au 54

Si vous préférez ne rien prendre, sinon un verre d'eau, pour consommer – avant de vous rappeler que l'eau qu'ils servent c'est la locale, celle du Miskatonic – et qu'après maintes hésitations – comprenant du thé (avec la même eau, chauffée), du bourbon (mais vous ne buvez jamais) – vous prenez finalement un café allongé infâme, histoire d'enfin avoir la paix, fulminez donc au 28

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