Je sais pas quand j’ai commencé à me construire cette image de moi, cette image que je voulais projeter… J’ai l’impression que c’est depuis toujours, que j’ai fait ça par mimétisme parce que ma mère est un sacré masque bien froid à elle toute seule. Pour moi c’était synonyme de force de caractère, et pour être honnête, je pense que se créer un personnage, c’est se construire une carapace qui protège drôlement bien en général. L’autre jour j’ai écouté des podcasts de self-improvment, et dans l’ensemble ils m’ont tous mis mal à l’aise. Déjà parce que même si je suis seule dans mon canapé et que personne ne sait que j’en écoute, je me sens ridicule, mais surtout par leur contenu.

Un en particulier disait qu’il fallait se donner un surnom pour l’utiliser quand on se parle à soi même dans sa tête. Le surnom devait être doux, pour éviter d’avoir des pensées dures envers soi même. Par exemple, c’est facile de se dire “t’es vraiment bonne à rien connasse”, alors que se dire “bichette, t’es vraiment bonne à rien”, c’est moins naturel. BREF, du coup, je me suis rendue compte que quand on avait construit un personnage facile, eh bien on l’a tellement intégré qu’on n’arrive plus à se dire bichette. J’ai essayé pourtant, mais j’ai eu l’impression de trahir ma carapace. On a vécu tellement de choses ensemble ma carapace et moi, on a résisté aux attaques extérieures, et là d’un coup je l’appelle bichette ? Impossible, c’est une trahison.

Résultat, j’ai arrêter d’écouter le podcast, en me trouvant une excuse du style “oh non je n’aime pas la voix de la présentatrice”, le tout en me disant “pourquoi tu t’inventes des excuses connasse, c’est entre toi et toi même tout ça !”.