La prestidigitatrice

D’abord ce fut l’étrange dame Domina

Maniant cravache, souffrance et plaisir subtil

Puis très vite sa nature profonde et vile

De vampire assoiffée surgit et prit le pas

Je parvins à m’échapper loin de la furie.

Je n’y songeais plus quand un soir de pleine lune,

Hasard de la vie, je la croisai à Béthune

Elle me sourit et me dit : j’habite ici

Je t’invite, demain soir je pends la crémaillère,

Je fais un méchoui, il y aura plein d’amis

Du passé faisons table rase comme on dit

Et ce sera sympa, tu verras, viens très cher

La lueur dans ses yeux m’avertit : n’y va pas

C’est que, rancunière comme elle est, la bougresse

C’est moi qui cuirais à la broche pour l’ogresse

Je n’avais pourtant rien fait pour mériter ça !

La belle, oh, la, la, n’était que dévergondée

Et moi qui voulais l’épouser quel imbécile

Je l’imagine bien maniant sa faucille

Transformant en veuve noire la jeune épousée.

Lorsque poursuivi par sa haine vengeresse

Car voulant à tout prix m’expédier ad patres

Elle se transforme en sirène ou en papesse

Telle Sade, elle use sa cravach' sur mes fesses

Ouf ! Je me réveille, ce n’était qu’un mauvais rêve

Machiavélique la prestidigitatrice ?

Mais non, dit-elle, je ne possède aucun vice

Sauf le mensonge, mais ingénument, comme Ève !

JI 29/10/19