chapitre 11 - Eva

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Je sors épuisée du central de chimie. On a bien bossé avec Elio, mais j'ai les neurones en compote. Je resserre mon écharpe et ferme mon manteau. Je balaie la rue du regard et mes yeux se braquent sur Jay, en jean, T-shirt, un blouson de cuir simplement ouvert pour le protéger du froid. Il est à tomber. Et je ne suis pas là seule à le remarquer. De nombreuses étudiantes de passage devant notre batiment le dévorent du regard, mais ses yeux sont braqués sur moi. Il se déplace lentement dans ma direction. Il a du enlever son plâtre aujourd'hui et va surement devoir entamer sa rééducation. Il n'y a que parce que je le sais que je remarque son léger boitement, mais même avec ça, il respire une virilité hors norme, s'en est agaçant.

- Tu n'as jamais froid ? dis-je en observant sa peau dénudée et bronzée.

- Tu te proposerais de me réchauffer, mouton ? me demande-t-il une petite fossette au bord des lèvres.

- Pourquoi t'es là ?

- Marcus a un match de basket ce soir. Il nous invite. Je penserai que ça te ferait plaisir de retrouver l'ambiance d'un stade.

- Ah merci, dis-je un peu honteuse de mon ton mordant. Oui, cela fait un moment que je n'ai pas assisté à un match.

- Tu viens ? Je suis à moto.

- C'est prudent avec ta cheville ?

- Rien qui m'empêche de passer les vitesses. Ne t'inquiètes pas s'il y avait le moindre danger à ce niveau-là, je ne monterai pas.

Il me fait signe de le suivre et on se met à marcher côte à côte. Jay fait bien deux têtes de plus que moi. Je me rappelle de notre première rencontre qui s'est terminée aux Urgences, ma cheville dans un platre. A l'époque, il m'arrivait à la poitrine, un vrai gringalet, et pourtant il adorait déjà me provoquer.

Ca c'était avant, car à force de sauter après le panier, ses membres se sont allongés. Ses épaules et ses bras se sont développés, son corps est bardé de muscles à force de faire rebondir le ballon. Deux ans après notre rencontre, toutes les filles du bahut étaient folles de lui. Son sourire, ses yeux verts, ses cheveux blond mi-long, son corps et son statut d'atlhètes, et en plus, il a un aura avec les autres, il attire les gens comme du miel. Alors vous croyez bien que les filles avaient qu'une hate... se régaler du nectare de Jay Miller.

Je soupire profondément... J'ai vu ce mec grandir, passer d'une crevette à un étalon de compétition. Comment je peux être attiré par lui ?

- A quoi penses-tu, mouton ?

A toi... nan, je peux pas dire ça.

- Pourquoi t'es sympa avec moi ? Tu m'emmènes à ce match sans rien demander en retour.

- Et pourquoi je ne serais pas sympa avec toi ? T'es la soeur de mon meilleur pote, me rétorque-t-il avec un sourire.

- Je ne sais pas. Toi et moi, ça n'a jamais été ça. Plus jeune, on passait notre temps à se chamailler. T'avais tes... occupations, dis-je avec une certaine hésitation en me rémémorant les soirées où ses groopies se collaient, et faisait oublier mon existence.

- Je n'ai pas ce souvenir-là, dit-il en glissant un bras autour de mes épaules. Tu as toujours été importante pour moi, mouton.

Ce surnom... Je me mords les lèvres. Je le deteste, et l'adore en même temps. J'ai appris à l'associé à Jay, il n'y a que lui qui m'appelle ainsi (et heureusement !). J'ai passé ma vie à me battre avec lui pour qu'il m'appelle par mon prénom et c'est devenu un jeu entre nous. J'ai voulu lui trouver un pseudo ridicule, mais malheureusement, rien n'est ridicule chez Jay... j'ai pensé à l'attaquer sur le côté viril de sa personnalité, mais le surnommer "étalon", "baiseur compulsif", "vibro" aurait plutot flatter son Ego. Et ça, il en a vraiment pas besoin.

Je suis donc restée "mouton" à ses yeux et lui "Jay, l'emmerdeur" pour moi.

Je ne comptais plus le nombre de fois où il faisait irruption dans ma chambre sans prévenir. Je le chassais en lui balançant des livres à la tête. Il me piquait mes affaires pour pouvoir me faire chanter et m'obliger le servir comme un roi : lui apporter sa part de pizza, son téléphone, un coca du frigo... Ah, et je vous raconte les fois où ils bouffaient tout dans le frigo ? les fois où il cachait la télécommande de la TV pour que je ne puisse pas zapper ? les fois où ils m'ont balancé dans la piscine pour s'amuser ? Vraiment. Je n'ai que des souvenirs où je n'avais qu'une envie : trucider Jay, car c'était lui qui était à l'origine de toutes ces idées démoniaques pour me faire péter les plombs au grand plaisir de mon frère.

On était jeune, et maintenant je me rends compte qu'on rigolait bien. Q veillait sur moi. Il n'aurai rien fait qui puisse me faire du mal, bien au contraire. Ils ont toujours été là quand j'ai eu besoin d'eux.

On arrive face à sa moto, un bel engin. Jay est fils unique. Ses parents occupent d'importants postes au sein de Miller Entreprise, la plus grosse boîte de la région. Certainement que ses parents auraient voulu qu'il fasse autre chose, mais pour Q et Jay, c'était le basket avant tout. Un choix qu'il leur a réussi pour l'instant.

- Tu montes ? me demande-t-il en me tendant un casque.

Mes doigts frôlent les siens quand je saisis le casque pour l'enfiler, et mon coeur rate un battement. Idiote ! C'est tout ces souvenirs qui me font tourner la tete. On est grand maintenant. Jay est déjà sur sa moto et démarre le moteur, je m'installe à l'arrière et passe mes bras autour de lui, juste à temps avant que l'engin ne bondisse en avant. Jay zigzague de façon fluide à travers les voitures. Je me sens en sécurité avec lui. J'enfouis mon visage dans le cuir de son manteau et sens la chaleur de son corps. J'adore être aussi proche de lui. Là, j'ai le droit, mais pas autrement.

J'aurai tellement aimé que ça soit possible, de pouvoir compter sur lui. Entre ma thèse, les factures à payer, mes déboires sentimentaux il y a bien des fois où je me sens seule. Jay a toujours été sûr de lui, il a toujours su ce qu'il voulait. Q a eu de la chance de l'avoir comme ami, car avec lui tout paraît envisageable. Il a cette aura, comme je vous le disais, mais le problème majeur est que Jay me plait beaucoup trop.

On ne s'arrête pas devant l'immense stade, mais nous continuons plus bas. Face à une grille métallique, Jay sort une carte magnétique de la poche intérieure de son blouson et bipe un mécanisme. La porte à volet roulant s'ouvre. Il s'avance et roule quelques moments avant de s'arrêter à un angle où se trouve un parking privatif. Jay gare sa moto et éteint le moteur. Nous sommes face à une entrée privée. Je lève un sourcil impressionnée vers lui.

- Tu as le droit de te mettre ici ?

- C'est réservé au membre du club. Marcus nous prête sa place. Vu qu'il vient avec l'équipe, il n'en a pas besoin.

Je hoche la tête et Jay glisse une main sur mes hanches et m'entraîne vers une porte à battant. Des picotements parcourent mon corps. Sa main chaude me brule à travers le tissu, et je n'ai aucune envie de ça s'arrete, mais une fois la porte passée, il me relâche. Une frustration m'enveloppe. On gravit l'escalier ensemble. Il est incroyablement sexy, des boucles blondes ondulent légèrement sur sa nuque. Il a toujours eu les cheveux longs et porte un bandeau lors des matchs. Le genre de chose qui pourrait paraître efféminée chez certains, mais qui chez lui, rend hommage à sa virilité. Son corps est moulé dans un jean brut et un t-shirt noir, il monte les marches d'un pas souple, à une allure qui me permet de le suivre. Son odeur flotte autour de moi et je me sens troublée.

Son regard se pose sur moi et il me sourit.

Je me mets à rougir, qu'est-ce qu'il m'arrive ?

Un ange passe... mon coeur se débat dans ma poitrine et je n'arrive pas à enlever le sourire idiot qui étire mes joues.

Arrivés dans les tribunes, on se dirige vers le haut des gradins. Les amis de Marcus sont déjà là, et nous font des signes de la main pour qu'on les rejoigne. Il y a Jo, mon danseur latino aux mains baladeuses, la fille blonde qui était aussi à la soirée et que j'ai arbitrairement nommé Britany (je me fiche pas mal de son nom, je me souviens juste qu'elle était pendue eu cou de Jay) et un mec afro-américain que je n'ai pas le plaisir de connaitre. Jay tape des accolades à ses potes et tente d'esquiver le baiser de la blonde, qui se jète sur ses lèvres.

Je me détourne. Je vais vomir... Heureusement que Jo est là pour me changer les idées.

- Je suis contente de te revoir, Éva, me dit-il en se penchant vers moi pour embrasser ma joue.

- Moi aussi, lui dis-je.

- Je m'appelle Jack, se présente le grand black à la carrure impressionnante. Rien qu'au physique, je sais qu'il est basketteur.

Nous nous asseyons sur la même rangée. Moi, en bout de file, et à ma droite, Jay. J'ai bien vu qu'il faisait barrage à Jo qui essayait de s'avancer vers moi, ne bougeant pas d'un pouce. Jo a dû se résigner à s'asseoir à la droite de Jay.

Le premier tire temps commence, match de St Andrews contre Michigan. On est bien sûr pour St Andrews qui est l'équipe de Marcus. Les joueurs sont concentrés. Le jeu est technique. Le ballon passe à une vitesse folle entre les mains des joueurs de St Andrews qui marque les premiers paniers. Deux points pour l'équipe de Marcus ! Le match continu Michigan est plus agressif, le ballon est récupéré en défense et le joueur tire de la ligne adverse et marque, donnant trois points d'un coup à son équipe. Les supporters hurlent leur satisfaction et nous grognons à voix basse. J'observe à la dérobée Jay qui reste concentré sur le match les yeux plissés, les cheveux rejetés en arrière. Il est sexy en diable. Son attention est entièrement accordée au match même si je sens son regard se poser sur moi régulièrement. Tel un stratège, il étudie chaque mouvement, fait des remarques sur les occasions manquées. Il doit enrager d'être cloué à ne pas pouvoir jouer.

Je file aux toilettes et quand je reviens, ma copine blonde s'est installée à ma place. Elle me jette un regard incendiaire et condescendant me faisant bien comprendre qu'il n'y aura jamais les moindres prémices d'amitié entre nous.

À ma grande surprise, je suis décalée d'une place et me trouve à côté de Kelly, au lieu de Jay. Après tout, je m'en fiche complètement. Je serai enfin tranquille ! Pendant le second tiers temps, Jay est accaparé par sa nouvelle voisine. Pendue à son bras, elle l'attire à elle pour lui chuchoter des choses à l'oreille. Certaines fois, il hoche la tête, d'autre fois, il lui répond à voix basse. Cette intimité entre eux crée un pincement douloureux au fond de moi. Qu'est-ce qu'il m'arrive ? Jay peut bien être proche de cette fille. Qu'est-ce que cela peut bien me faire ? J'essaie de rester concentrée sur le match, admirant le jeu technique des deux équipes, l'aisance de Marcus sur le terrain. On voit tout de suite qu'il est le capitaine. Marcus sait motiver son équipe. St Andrews a bien remonté le score. D'un geste, il encourage un équipier en attaque à faire une passe qui se révèle décisive. Un dernier panier est marqué et c'est la fin du premier tire temps. Jay se lève précipitamment et me tire par le bras pour m'emmener à l'écart. Je proteste vivement. Mais Jay est beaucoup plus fort que moi.

- Il faut que tu me sortes de là Éva, me dit-il sérieusement. Si Kelly me demande une nouvelle fois combien il y a de joueurs dans une équipe de basket, je serai capable de l'étranger sur place.

- Elle n'est pas capable de les compter sur le terrain ? ou... ah ! J'ai compris, m'exclamé-je en me tapant sur le front. Elle ne sait pas compter. Tu pourrais lui donner des cours, elle en serait ravie, ajouté-je en tournant les talons.

- Vraiment Éva, insiste-t-il en me prenant par le bras. Il faut absolument que tu m'aides. Cette fille est pire qu'un pitbull. Tant qu'elle croira que je suis célibataire, elle ne me laissera pas.

- et qu'est-ce que je suis censée faire, lui demandé-je en croisant les bras sur ma poitrine et en levant un sourcil.

- il faut que tu te fasses passer pour ma petite amie.

- quoi !! m'exclamé-je offusquée.

- comprends-moi, tu es la seule fille de la bande à part Kelly !

- rien ne t'empêche de faire ton coming out, mon vieux !

- très drôle. Tu crois vraiment que ça serait crédible ? Et ça pourrait même attiser les emmerdes. Je serai une sorte de défi pour elle.

- ok, dis-je boudeuse. Et qu'est-ce que j'aurai en retour ?

- tout ce que tu veux.

- tu patirais de l'appartement ! demandé-je aussitôt.

- Éva ! s'exclame-t-il faussement blessé. Tu es bien la seule fille qui ne supporte pas de rester avec moi. Je t'ai dit que je ne pouvais pas partir, enfin pas de suite.

- et bien moi, je veux que tu partes !

- ne me demande pas ça. Tout, mais pas ça.

- mais pourquoi ?

- c'est compliqué.

- alors tu m'expliques pourquoi tu ne peux pas partir ! Et ce n'est pas négociable sinon je ne t'aide pas toi et ta nympho.

- tu as gagné, se résigne Jay dans un grand soupir.

- je dois faire quoi au juste ?

- laisse-toi faire, me dit-il avec un sourire.

On revient à nos places. Jay a passé son bras autour de mes épaules, m'attirant contre lui. Il enfouit son visage dans mes cheveux et son souffle chaud me caresse le cou. Putain ! Qu'est-ce qu'il sent bon ! Mon corps est plaqué contre le sien, ferme et musclé, ajoute à ça son odeur qui me rend dingue. Je suis au bord de l'implosion cérébrale. Ce n'est que Jay ! Il est craquant, mais il a toujours été craquant. Pas de quoi faire un AVC ! Je n'ai pas été avec un mec depuis Luc. Et ces sensations réveillent des choses plutôt bizarres en moi. Je suis contre Jay et tout ce que je souhaite c'est qu'on se tire d'ici, de pouvoir profiter de la chaleur de don corps, de l'odeur de sa peau à l'abri des regards. Mais je sais très bien qu'une fois les regards disparus. Il n'y aura plus de nous.

On s'assoit côté à côte, et Jay coupe tout de suite court au geste de Kelly en m'embrassant dans le cou. Je n'ai rien connu d'aussi... wouah ! Je ferme les yeux et sens mon coeur qui s'emballe à dix mille à l'heure. C'est une sensation tout juste unique. Son souffle chaud me caresse, ses lèvres effleurent délicatement ma peau et une lame de fond brûlante remonte le long de mon épine dorsale. Jay ne loupe pas mon léger tremblement, je sens sa bouche contre ma peau s'étirer dans un sourire.

- détend-toi mouton, me chuchote-t-il à l'oreille.

Je lui lance un regard incendiaire. Il se redresse et passe son bras autour de mes épaules pour m'attirer à lui. Le nez contre sa poitrine, je respire son odeur musquée. Mon cœur bat un peu plus fort. Merde ! On est beaucoup trop proche. Cette idée de fausse petite amie est une très mauvaise idée, mais c'est trop tard pour reculer. La fameuse Kelly pince les lèvres et son regard se fixe sur le jeu qui commence. St Andrews se démarque tout de suite et plusieurs paniers sont marqués. Michigan a du mal à capter le ballon. Leur entraîneur s'égosille sur le banc de touche à leur donner des directives. Le second tiers temps s'achève.

- putain ! C'est chaud pour les Michigan ! Leurs entraîneurs vont les disséquer à vifs ! déclare le black.

- c'est clair, rajoute Jo. St Andrew est connu pour leur attaque, ils auraient dû travailler ça.

- ça m'a donné soif, on se prend une bière ? un truc à manger ? demande-t-il en se tournant vers nous.

- tu en veux une bière ? Me propose Jay.

Je n'ai pas l'habitude de boire de la bière, mais le bras de Jay est resté sur mes épaules. Je suis toujours blottie contre lui et il est mieux de casser cette proximité. ,

- je veux bien, merci.

- tu peux prendre une bière pour Éva, Jack ? demande Jay, le regard posé sur moi.

- ok mec, dit-il en nous offrant un sourire espiègle.

Jay se redresse sur son siège. On se pousse pour laisser passer Jo et Jack, mon corps se presse un peu plus contre celui de Jay. Oh-My-God ! Ses yeux me quittent, mais ses doigts entrelacent les boucles de mes cheveux provoquant de délicieux picotements.

- j'arrive les gars ! Lance Kelly en se levant pour les accompagner et ne manque pas de nous fusiller du regard au passage.

Une fois les autres éloignés. Je lève les yeux vers Jay, mon visage lui arrive à peine à l'épaule.

- tu peux enlever ton bras Jay. Ils ne reviendront pas avant la fin de la pause.

Ses yeux émeraude se posent sur moi, et catastrophes son visage se baisse dangereusement vers moi. Qu'est-ce qu'il fait ? Je bloque littéralement sur son visage au trait viril, ses lèvres pleines. Je suis certaine que je suis en train de loucher. Réagis Éva ! Non ma vieille, pas en gémissant... Ses lèvres douces et fermes se posent sur les miennes et un cataclysme s'abat sur moi. C'est si bon. Sa langue frôle mes dents et ma bouche s'ouvre dans un soupir prêt à recevoir plus. Mais Jay s'éloigne à ce moment-là.

- Kelly nous regardait, se justifie-t-il en faisant un geste vers le petit groupe qui remontait les marches en direction du bar.

Kelly dépasse les garçons pour être à leur tête. Tous les regards se fixent sur son fessier moulé dans une mini-jupe dévoilant ses longues jambes sculptées. Je soupire. Je ne suis qu'un leurre. Une excuse pour Jay pour qu'il s'éloigne d'une fille trop entreprenante et il est même prêt à m'embrasser pour ça, jouer avec mes sentiments. Je sais qui est Jay. Je sais comment sont les mecs. Pourquoi je me laisse toujours avoir ?

- pourquoi tu ne sors pas avec elle ? Tu n'as pas besoin de m'utiliser pour l'éloigner. Donne-lui juste ce qu'elle veut, déclaré-je sèchement.

Jay se tourne vers moi les sourcils froncés. Lui qui fait dans le calme et la zen attitude. Je suis contente d'avoir réussi à le déstabiliser.

- quoique tu penses de moi Éva, me répond-il d'un ton sec, je ne couche pas avec n'importe qui. Et si tu veux tout savoir, Kelly et moi avons déjà eu une aventure. J'ai pourtant été très clair avec elle, mais maintenant elle veut une relation. Une chose que je ne veux pas. Je n'ai pas le temps pour ça.

- tu as juste le temps de la baiser, dis-je sur un ton amer.

- c'est exactement ça, réplique-t-il sèchement.

Ok, le décor a le mérite d'être planté. Il sait très bien que je suis une fille aux relations sérieuses. De toute façon... qu'est-ce que je l'imagine ? C'est Jay !

Les garçons reviennent accompagnés de Kelly, avec les hotdog et boissons gazeuses et nous reprenons place. Jack me donne la bière.

- je te dois combien, demandé-je en plongeant mes lèvres dans la mousse fraîche.

- c'est pour moi Éva, j'espère qu'on te verra un peu plus souvent.

- merci. Elle est vraiment très bonne.

Jay vif comme l'éclair se saisit de mon verre et boit quelques gorgées, puis me la rend.

- pas aussi bonne que toi, annonce-t-il en faisant un clin d'œil.

Mon Dieu le cliché ! Qu'est-ce qu'il peut être énervant !

Jo, Jack et Kelly s'installent de nouveau. Le dernier tiers temps commence. À moins d'un miracle, st Andrew gagnera le match.

- j'adore la technique de Marcus, me chuchote Jay en se baissant à mon oreille. Regarde sa feinte, il drible vers la droite, le joueur se précipite puis il vire à gauche toujours avec la même aisance. Ce mec est très bon !

J'observe Marcus et remarque en effet la façon qu'il a d'emmener le ballon à l'avant.

- regarde-le, m'interpeller de nouveau Jay. Ils se sont fait prendre le ballon et il est déjà en défense avec les autres. Putain ! Ce mec ne lâche rien !

- c'est avec Marcus que tu aurais dû faire ton coming out, je le taquine avec humour.

- il n'y a pas de coming out à faire, Éva. Moi et les filles, ça a toujours été compliqué. Sauf avec toi. T'es spéciale, m'avoue-t-il.

Je rougis malgré moi. Je suis spéciale pour Jay. Mais spéciale comment ? La question risque de me hanter longtemps. Le match se terminé sous les cris des supporters. St Andrews a remporté la victoire dans surprise. On se lève et sort lentement du stade.

- va falloir qu'on fête ça ! Annonce Jack. L'équipe dont Marcus ira certainement au Fight. Ça vous dit ?

- oui !

- non ! dit-on en même temps Jay et moi.

- allez Éva, me supplie Jo. Ça va être sympa et tu ne peux pas ne pas fêter la victoire de St Andrews. Ils sont qualifiés pour les régionaux maintenant !

- si elle préfère aller se coucher, laisse-là, se mêle Kelly. Elle a l'air crevé, il n'y a qu'à regarder sa tête, ajoute-t-elle sur un ton mauvais.

C'est vrai que je dors moins bien depuis que Jay est là. Et j'ai la pression de la présentation de ma thèse, mais il ne me semble pas avoir aussi mauvaise mine. Les quatre paires d'yeux se tournent vers moi attendant ma réponse, mais c'est surtout le regard possessif de Kelly sur Jay qui me pousse à accepter.

- ok les gars ! Je suis avec vous ! m'exclamé-je avec un sourire.

On se dirige à petits pas vers le fameux bar Fight qui est pas loin du stade.

- hé ! Est-ce que vous êtes ensemble tous les deux ? nous demande Jo.

- oui, répond Jay avec fermeté. On est ensemble.

Comme pour prouver ses dires sa main se plaque sur ma hanche pour me presser contre lui. Mon bras gauche se cogne contre lui et je n'ai d'autre choix de le glisser sur sa hanche. Dans une impulsion, je glisse ma main dans sa poche arrière. Ma paume se colle délicieusement sur son délectable fessier. Je jette vers lui un coup d'oeil, mais je n'y vois qu'un sourire éclatant.

- tu ne nous l'avais pas présenté comme ta petite sœur ? se marre Jack.

Et là je veux que le sol s'ouvre et m'engouffre dans les abîmes de la terre pour le rappel de cette fichue soirée.

- qui a cru à une connerie pareil ? Lance Jay. Tout le monde sait que je suis fils et unique... et vraiiment... tu vois une once de ressemblance entre nous deux ? dit-il en montrant ses cheveux blonds, puis ma tignasse frisée.

- ok, parce que sinon ça aurait été vraiment glauque, annonce Jo. C'est tout de même bizarre de ne l'avoir pas dit plus tôt, ajoute-t-il entre ses dents.

- on ne voulait pas brûler les étapes, interviens-je dans la conversation.

- tiens il y a déjà des supporters qui fêtent ça, annonce Jack.

Coucou mes loulous ! ça avance entre Eva et Jay ? Vous en pensez quoi ?

XXxxxx

Lysa Watt

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