2nd GiG: Achilles

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Mes deux hastatis viennent d’arriver à leur destination.

<Z3U5AC371423>: signal?

<4RT3M1S23412> @Z3U5AC371423: T’es sûr que tu vas pas le rater celui-là?

<Z3U5AC371423> @4RT3M1S23412: Demande à ta mère l’autre soir

<4RT3M1S23412> @Z3U5AC371423: ahah enfoiré

D’habitude toutes les conversations qui ne me sont pas adressées directement sont automatiquement filtrées par le système. J’imagine que la mise à jour à dû aussi remettre la configuration à défaut. Mais sur le moment, l’échange m’arrache un sourire.

Je recadre la carte. Vers l’autre zone de combat, là où mon pari à réussi. Je m’accorde un tour de chaise et un cri de victoire. Comme prévu, le triarii a du mal à circuler dans ce qui se trouve être un endroit plein d'habitations. Sur la carte, il y a une longue zone hachée de gris indiquant un terrain difficile mais praticable, en réalité, l’endroit est couvert de petites maisons et des rues étroites qu’un hastati peut facilement emprunter, avec pour seul dégât peut être un peu de peinture éraflée. Par contre la taille du triarii le force à démolir les constructions aux alentours s’il veut passer. Perdant des précieuses secondes où il ne peut pas tirer sur mes unités.

En plus, cherchant à gagner du temps, il va devoir obliquer vers la zone la plus pratique pour sa lourde carcasse, un petit parking juste assez grand pour lui laisser une poignée d’enjambées à pleine vitesse.

<RED>: Maintenant!

Mais à peine assez solide pour tenir ses tonnes de métal.

Les hastatis balancent la purée, deux railguns pour l’un et un triple autocannon pour le second. Une puissance de feu qui aurait tout de même du mal à abattre un triarii, surtout expérimenté. Mais contre les poteaux de béton du parking, il ne faut qu’une seule salve. Privé de ses piliers porteurs, le plafond de béton se craquelle immédiatement et quand la lourde machine de guerre pose son premier pas dessus, c’est le tout qui s'effondre avec fracas. Il ne doit s’en rendre compte que trop tardivement, car déjà son pied s’enfonce dans le sol fragilisé. Dans mes écrans, je n’ai que ses coordonnées avec son axe vertical qui dégringole à toute vitesse.

Mais la caméra des deux hastatis m’offre une vision cauchemardesque mais aussi jouissive d’un géant qui s'effondre.

<4RT3M1S23412>: Bouya!

– Bouya en effet.

J’accompagne mon placide cri de guerre d’un claquement de doigts, tel un magicien délivrant un tour parfait. La face au sol et incapable de se retourner, l’implacable enemi n’est qu’une formalitée à achever. Les châssis plus agiles des hastatis leur permettent de contourner les débris et sans difficulté atteindre le réacteur du colosse et l’achever d’un tir à bout portant.

Au même temps que la notification de termination, mon score global a de nouveau augmenté. Je lève les bras au ciel et lâche un cri de victoire au murs gris de mon bloc.

Ça y est, j’ai rempli mes quotas, plus qu'à attendre bien sagement que le compteur tombe et c’est gagné. Étant donné que l'ennemi restant est un triarii, la meilleure stratégie est de rester à distance le plus possible et jouer la montre. Cette fois, je me lève pour danser, sans aucune retenue, je balance mes bras au rythme de mes ventilos qui ronronnent encore.

<BLV34982D098>: Il ne reste qu’un adversaire, je suggère de nous regrouper pour en finir une bonne fois pour toutes.

Je lâche un ricanement, personne ne va se regrouper nulle part. Chacun va se barrer de son côté, comme ça, même s' il en attrape un, il n'a aucune chance de faire du mal à mon quota. Je clique aléatoirement à différents endroits de la carte, du moment qu’elles sont loin du carré bleu solitaire.

Je sens la fatigue qui pointe déjà le bout de son nez, la partie a durer trente-deux minutes, j’ai l’impression d’avoir couru pendant des heures. Enfin, je repose mon dos contre le tissu de mon siège, prête à détendre tous mes petits nerfs d’un coup.

Puis je remarque que les vélites ne bougent pas, leur cône de vision est tous pointé vers le même endroit. Dans les écrans vidéo, je vois le ciel noir comme l’encre soudainement s’illuminer de flash orange et blanc éclatant. Je reste interdite devant le spectacle puis vérifie sur la carte tactique. Devinant déjà ce qui est en train de se passer. Tout autour du carré bleu, des dizaines d’alertes apparaissait à la place de tout les rectangle blanc: “Integrité 0%”, qu’ils disent.

Un canon expérimental Carthago. Le dernier triarii à équiper un canon expérimental Carthago. Quasiment jamais utilisé dû à son coup absurde en énergie, son instabilité fonctionnelle et son manque de précision, l’arme n’est jamais rentrée dans la méta actuelle. Mais sa puissance est bien réelle, ce sont des larges rayons de plasma sur-condensé qui sont déchargés en ligne droite, vaporisant absolument tout sur leur passage.

Je déglutit et tente de rationaliser, tant que mes hastatis continuent de courir, tout devrait bien aller. Puis un nœud se forme dans mon estomac. Les bords de la zone de combat se rapprochent, au-delà, de larges cases rouges parcourues de signes d’avertissement clignotent sur mon interface. Toute unité sortant de la zone de combat à son système d’auto-termination automatiquement activé.

Et ce triarii le sait très bien. Un autre de ces tirs dessine une longue ligne de destruction à quelques mètres de l’un des hastati, le forçant à manoeuvrer vers la fin de la zone. Bientôt, il devra choisir entre la mort par plasma ou par auto-destruction.

Je me mord le pouce de plus belle. Même si tous les deux sont terminés, le score global requis sera tout de même atteint. Je n’ai qu'à rester là et ordonner aux vélites de continuer à fuir. Aussi simple que ça.

– Aussi simple que ça.

Le son de ma voix me dégoûte, les échos des cris du pilote que j’ai volontairement amené à sa destruction s'immiscent à la bordure de ma conscience. De toute ma volonté, je le jette de côté et double clique sur mes écrans. La victoire est encore là, c’est tout gagné. Alors pourquoi est-ce que j’ai ce sentiment si mauvais dans le torse. Ma main lâche la souris et je me recroqueville contre moi-même.

Je n’ai plus rien à faire. Juste le laisser mourir. Encore.

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