Chapitre 5

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Gaël écoutait ses hommes lui faire le compte-rendu des derniers évènements. Il caressait son bouc, tic qu’il avait lorsque quelque chose le contrariait, ou comme c’était le cas ici, qu’il réfléchissait. Il fit un geste et ses plus proches hommes de mains, qui se querellaient; se turent, lui jetant un regard inquiet. Ils n’aimaient pas quand leur chef était aussi silencieux, ils n’aimaient pas quand cet homme qui semblait avoir traversé main âge se taisait et les regardait avec cette lueur mauvaise dans le regard.

- Qu’avez-vous imaginez Père ? demanda une jeune femme à la beauté angélique, le même sourire fugace que l’homme assis au bout de la table aux lèvres.

- Le dénouement de cette histoire bien évidement ma chère fille, dit l’homme en replaçant ses lunettes sur son nez. Bien. Si vous cessiez un temps soit peu de vous chamailliez comme des enfants de maternelle… La réponse à vos questions vous aurait parut évidente messieurs, lança Gaël avec un rire léger qui fit naître un frisson le long du dos de chacun des hommes présents. L’oncle n’est pas mort ? Ce n’est en rien un drame, cela ne fait que retarder l’échéance, en rien cela n’ennuie notre plan final. Il n’est qu’un facteur pour déclencher l’enfant.

- Où voulez-vous en venir patron ? demanda d’une voix bourrue un homme à sa gauche.

- Qu’il faut déclenchez chez lui des crises de psychotisme… Vous avez toujours vos entrées à l’hôpital ?

- Oui, une partie de l’équipe qui s’occupe de monsieur Myrdyr est sous mes ordres directs.

- Bien. Il faut qu'il soit très faible pour que je puisse contrôler son esprit. Qu’il fasse une nouvelle « tentative »… Puis nous le ferons taire définitivement. Elle ne doit rien connaître de ses origines avant que nous l’ayons entre nos mains.

- Pourquoi est-ce si important Père ?

- Car si elle connait ses origines… Elle se méfierait bien plus de nous que nécessaire. Elle comprendrait alors les nôtres.

- Comment devons-nous faire taire l’oncle ?

- Que cela ait l’air d’un arrêt cardiaque. J’ai prévu quelques disfonctionnement… Nous aurons la liberté d’agir durant ce laps de temps avant qu’elle ne veuille le voir. Il faut faire vite. Que la blessure soit vive pour qu’elle se libère.

- Mais comment être sûre qu’elle se libéra père ?

- Tu vas jouer un rôle important là-dedans aussi ma fille. Elle est très proche de l’autre enfant, leurs destins sont… liés. Tu vas faire en sortes qu’ils se perdent l’un l’autre. Du moins assez longtemps pour qu’elle se sente isolée.

La jeune femme hocha la tête. Elle savait comment faire. Le doute, la peur, la jalousie, des centaines de possibilité s’offraient à elle et elle mettrait tout en œuvre. Il fallait que Talia les rejoigne. Il fallait qu’ils l’enrôlent, qu'ils la retournent contre les siens, fassent pencher la balance en leur faveur.

- Et pour la gosse justement ?

- On n’y touche pas. Vous la surveillez comme toujours, dit Gaël, et ne vous avisez pas de lui faire quoi que ce soit. Je suis le seul exécuteur.

- Bien chef.

- Partez maintenant, lance l’homme d’une voix froide. Il se leva et les hommes déguerpirent, seule sa fille resta.

- Bientôt… Il n’y aura plus de Merlinois, dit-il en regardant sa fille. Cette dernière hocha la tête et s’approcha de son père, serrant son épaule.

- Oui. Et Mère sera vengée, dit-elle avant de sortir par le fond de la pièce.

Gaël regarda sa fille sortir, le cœur lourd. Il s’approcha de la fenêtre et observa la forêt qui s’étendait sous son domaine. Il secoua la tête, mais laissa les souvenirs l’envahir. Son épouse, fille de Morgane était morte à cause des Merlinois. Tout ça pour sauver cette fichue gamine. Il tapa contre la vitre, la colère encore vive. Ils vivaient dans l’ombre, à l’écart des Hommes, ceux-là même qui pensaient qu’ils n’étaient que des fables, mais il ne l’accepterait plus. D’abord la disparition de Morgane et celle de Merlin, ils s’étaient fondu avec la Magie, puis… celle de sa femme. Morte. Par la faute même des Myrdyr. Et ils le paieraient. Tous. Tous les descendants de Merlin le paieraient, tous ceux qui avaient un temps soit peu de sa fichue magie en lui. Il n’en laisserait aucun en vie, il y était presque. Il ne restait que ce foutu oncle et Talia. Il avait eu un mal fou à mettre la main sur la gamine, ce cher Samwell la cachait. La protégeait. Ils étaient les deux derniers de leur clan, les deux derniers merlinois.

Du moins c’est ce qu’il croyait, car d’autres enfants avaient les pouvoirs de Merlin en eux. En se fondant avec la Magie dans le but de garder un léger équilibre, le mage avait dispersé ses pouvoirs, pas uniquement à ses descendants. Merlin les laissa mortels contrairement à Morgane qui avait choisit d’octroyé l’immortalité à ses enfants, les merlinois n’avait qu’une vie longue, mais pas immortels, et n’ayant que moins de merlinois au sein de son clan, l'homme n'avait pas eu d'autres choix. Merlin avait laissé sa magie choisir des personnes pures pour transmettre ses pouvoirs. Ils étaient bien plus que deux. Bien plus que ce que Gaël et les autres morganiens imaginaient. Il y avait beaucoup plus « d’enfants de l’Ombre » comme ils s’appelaient. Mais cela, Gaël et les siens l’ignoraient. L’homme sans âge, qui avait peut-être même vécu le millénaire, n’avait que sa vengeance en tête : quinze ans qu’il la mijotait, presque seize. Il aurait sa revanche et ils le paieraient, peu lui importait l’équilibre du monde, peu lui importait qu’ils se dévoilent. Il voulait juste qu’ils souffrent comme lui-même souffrait. Il laissa son regard se perdre dans la forêt, suivant les courbes de la montagne, les flans de vallée. Lorsque tout serait finit il partirait. Il rentrerait en Bretagne et retournerait en Brocéliande, en ermite et là, une fois sa vengeance accomplit il ferait son deuil, il ferait son deuil et regarderait sa fille qui ressemblait tellement à sa mère s’épanouir… Elle avait déjà tellement grandit ! Et pourtant elle jouait le jeu de la lycéenne, tout cela pour aider son père, pour se venger de ne pas avoir pu grandir avec sa mère. Ses longs cheveux violets presque noirs, ses yeux vairons, sa peau laiteuse, elle lui ressemblait trait pour trait, et il avait tout fait pour la protéger, pour qu’elle se sente aimée, ne ressente pas le manque de sa mère. Il espérait qu’elle ne lui en voulait pas, il lui avait un peu volé son enfance, l’isolant beaucoup des autres de son âge, lui faisant travailler la maîtrise de ses pouvoirs. Il avait été un père sévère, cruel diront certain mais pour sa fille, il aurait été capable de dépeuplé la Terre si elle le lui demandait. Ils étaient rongés par la haine, père comme fille, et Talia… Talia était l’objet de cette haine depuis sa naissance même, sans qu’elle ne le sache, ni même n’en connaisse la cause…

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