Chapitre 2

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« Say you, say me, say it for always. That’s the way it should be… » J’entends notre musique. Mais d’où vient-elle ? Est-elle concrète ou sort-elle de mon imagination ? Il me faut quelques minutes pour réaliser que c’est la sonnerie de mon téléphone. Il m’est impossible d’en changer, c’est notre chanson et elle le restera encore longtemps.

Le retour à la réalité est très difficile, j’étais tellement plongée dans la lecture de mon journal que j’ai égaré toute notion du temps.

Quand je réussis enfin à mettre la main sur mon portable, je vois apparaître le nom de Carole. Je suis perdue dans mes pensées et j’hésite à décrocher. Je ne peux pas faire ça à mon amie, mais j’ai tellement envie de continuer ma lecture. Je réfléchis tant que la douce mélodie cesse de se faire entendre.

Je descends à la cuisine me faire un café histoire de reprendre mes esprits. Oh ! Mon dieu ! Il est déjà dix-huit heures ! J’ai donc passé la journée à flâner au lieu de faire le rangement qui était prévu.

Je prends mon téléphone décidée à rappeler Carole quand je me rends compte qu’il y a cinq appels en absence et six messages. Mais qu’ai-je fait pendant tout ce temps ? Me suis-je assoupie ou mon journal m’a-t-il à ce point déconnecté de la réalité ?

Ce n’est pas dans ses habitudes d’insister autant, il faut que je la rappelle sinon je vais être pensive ou alors est-ce elle qui est occupée de s’inquiéter de mon absence de réponse.

Je compose son numéro et à la première sonnerie, elle décroche.

-Maggie ! Enfin, je suis soulagée, j’étais inquiète, ce n’est pas dans tes habitudes de ne pas décrocher !

-Bonjour Carole, excuse-moi, j’étais tellement absorbée que je n’ai pas vu le temps passer. Comment tu vas ? Que se passe-t-il ? Ce n’est pas dans tes habitudes d’insister autant !

-Absorbée ? Explique-moi tout ! Enfin non, tu me raconteras ça tout à l’heure ! Ne me dis pas que tu as oublié !

-Oublié ? Ma mémoire me ferait-elle défaut ?

-Maggie, nous sommes samedi !

-Ho ! J’avais perdu la notion du temps. Tu es où ? Je devrais déjà être chez toi pour notre soirée ciné-resto ! J’ai tellement honte ! Je te dois des explications !

-File te préparer et rejoins-moi devant le ciné. Tu auras toute la soirée pour te confondre en excuses. Rendez-vous dans trente minutes !

-Trente minutes ! Mais je ne serais jamais prête ! Je te parle à tout à l’heure, je fais au plus vite !

-À tantôt, Maggie, je suis impatiente de savoir ce qui t’a fait oublier notre soirée.

Une courte douche, une robe enfilée à la hâte et je me retrouve devant la maison à héler un taxi qui passe.

À l’approche du cinéma, j’aperçois Carole qui fait les cent pas. La patience n’est pas une de ses vertus.

Elle m’accueille avec un grand sourire et me hâte vers l’entrée. Comme toujours, elle est magnifique et j’ai le sentiment de ne ressembler à rien à côté de mon amie. Je n’ai jamais compris pourquoi elle attache tant d’importance à son apparence juste pour une soirée cinéma, restaurant.

Après une bonne tranche de rire au cinéma, nous nous dirigeons vers l’italien qui se trouve au coin de la rue.

Quand nous entrons, mon amie attire les regards, mais elle n’y prête aucune attention. Elle me répète à presque chaque soirée à quel point elle aime son célibat et qu’elle ne veut personne dans sa vie.

Nous nous asseyons à notre table habituelle et nous commandons les spaghettis du chef qui sont un pur régal.

-Alors, dis-moi tout ! Qu’est-ce qui a bien pu à ce point te faire oublier notre soirée ? Ça doit être une chose ou une personne bien exceptionnelle, j’imagine !

-Si tu savais ! Je suis consciente qu’on se dit tout, mais tu risques encore de me dire de vivre au présent et d’oublier le passé, si je me confie.

-Mais que vient faire ton passé dans notre soirée ? Je ne comprends pas, explique-toi !

-Souviens-toi, tu m’as dit plus d’une fois de faire un peu de rangement à la maison et, aujourd’hui, je me suis enfin décidée à t’écouter. Sauf que ma motivation n’est pas restée très longtemps, j’ai retrouvé mon vieux journal intime et j’étais tellement plongée dans mes souvenirs que je n’étais plus sur terre.

-Tu tenais un journal intime ? Je l’ignorais. C’était à quel moment ? Qu’y as-tu écrit ?

-Ho si tu savais ! Je l’ai commencé avant de rencontrer David et puis j’en ai eu tellement de choses à lui raconter à mon journal. C’est mon jardin secret, mais, en tant que meilleure amie, tu sais tout ce qu’il y est écrit, car je ne t’ai jamais rien caché sauf ce petit détail !

-Comment as-tu pu omettre ce détail ? Tu aurais dû m’en parler.

-Un journal est un secret dont on ne révèle même pas l’existence à la meilleure amie du monde.

Carole me prend la main sur la table et me dit :

-Tu as raison, excuse-moi. Si ce journal te fait du bien, c’est le principal, je veux ton bonheur, ma chérie.

Elle a une telle intensité dans son regard à ce moment-là que j’en suis troublée.

Le serveur arrive avec nos plats au moment opportun pour détendre l’atmosphère et nous discutons de banalités autour de ce délicieux repas.

La soirée se déroule dans la joie et la bonne humeur et il est 1 h quand nous sortons du restaurant en riant à gorge déployée. Au moment de nous dire au revoir, j’ai l’impression que Carole est devenue, d’un coup, anxieuse et gênée à la fois, mais elle m’assure que tout va bien. Je n’insiste pas, monte dans le taxi et me promets de l’appeler demain.

À peine rentrée, je me mets au lit en m’empêchant de poser la main sur mon journal intime pour éviter de passer une nuit blanche.

Toute la nuit, je me tourne dans mon lit, je me réveille, je me rendors. À 4 h, je décide de me lever, il est tôt, mais j'en ai assez de ne pas savoir dormir.

Je descends à la cuisine, attrape une tasse dans l'armoire et allume ma Senseo quand mes yeux se posent sur mon journal intime.

Avec la précipitation, je pensais l'avoir laissé en haut. Je suis heureuse de le trouver là, je ne peux m'empêcher de l'ouvrir pour continuer où je m'étais arrêtée hier en début de soirée.

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