12 Envolée

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Les semaines passèrent. L’année scolaire était terminée, les examens achevés, et les résultats publiés. Diplômés pour la plupart, les élèves profitèrent d’un été prometteur de changements, aux aspects nouveaux.
Juin, juillet, août ; septembre. Les mois s’étaient écoulés et la chaleur estivale ne voulait pas s’en aller. Cette rentrée allait faire voler en éclats tout ce qui avait toujours été, et qui ne sera jamais plus. On promit à ses camarades de garder le contact en se doutant qu’ils s’effaceraient de notre quotidien ; mais sans savoir qu’ils disparaitraient de notre vie. La vie après le lycée apporterait son lot de découvertes, de joies, de peines, de regrets ; mais, surtout, elle allait transformer des enfants en adultes. Pour toujours.

Olivia avait grandi, cet été. Elle avait appris à ses parents ce qu’elle avait appris sur elle-même face aux instruments de musique. Avec les médecins, ils avaient pris la décision de la laisser découvrir par elle-même cette nouvelle facette. Camille lui avait souvent joué du violon. À chaque fois, Olivia était sous l’emprise des mêmes émotions. Et même si, pour l’instant, seule la musique parvenait à déjouer son inconscient, elle gardait espoir en la fin du silence.

*

Sur un quai de gare, accompagnée de ses parents, Olivia attendait. Le train, l’avenir ; peu importe. Elle avait été acceptée à l’école qu’elle souhaitait intégrer pour cette nouvelle vie. Située à plusieurs centaines de kilomètres de chez elle, elle savait qu’elle sautait dans l’inconnu. Elle était prête. Et impatiente.
Soudain, un groupe de personnes vint remplir le petit quai et de joie le cœur d’Olivia qui, lorsqu’elle le vit, s’illumina. Il y avait Camille, son interprète de langue des signes, et d’autres camarades de classe. Ils étaient tous venus lui dire au revoir et lui souhaiter bonne chance. Elle n’en crut pas ses yeux.
Un vent de mi saison balayait la scène. Tiraillée entre l’émotion du départ et celle de voir ses amis, Olivia fit de son mieux pour contenir ses larmes et afficher son plus beau sourire. Elle allait emporter dans sa nouvelle vie une si belle image, celle de ces visages réconfortants, de ces rires qu’elle ne pouvait que voir et de ces souvenirs indélébiles. Une photographie qu’elle n’aurait qu’à faire revenir à l’esprit pour ne jamais oublier ces moments de bonheur.

Personne ne l’avait vu, mais il y avait, non loin de la troupe, dissimulé dans les escaliers, un jeune homme aux cheveux bruns décoiffés et aux yeux noirs. Victor avait vu Olivia pour la première fois un matin pluvieux de février. En cet après-midi ensoleillé de septembre, il ne pouvait pas la laisser partir sans l’avoir vue une dernière fois. Malgré tout, il tenait à elle. La voir sourire soulagea sa culpabilité, et il s’en alla, après lui avoir adressé un dernier regard ; que la fille aux cheveux roux et au regard étranger ne lui rendrait jamais.

Au loin, le train arriva. Le cœur d’Olivia se serra, les sourires de ses amis rétrécirent. Un par un, elle leur fit un dernier adieu. Camille pleurait. Elle la serra dans ses bras et, cette fois-ci, ce fut Olivia qui lui essuya ses larmes. Au moment de leur ultime sourire, le train s’arrêta et ouvrit ses portes. Ses parents y montèrent les premiers. La jeune fille inspira profondément. Une dernière bouffée de l’air de chez elle. Sa nouvelle vie pouvait commencer.
Installée à sa place, elle se posta à la fenêtre, ne voulant lâcher le regard de personne, ne voulant perdre un seul instant de ces adieux. L’air était à la fois si lourd et si léger.
Les portes se refermèrent. Le train démarra. Olivia continua de regarder ses amis. Camille suivit le wagon, jusqu’au bout du quai. Lorsqu’elle ne put plus avancer, elle fit de grands signes, auxquels son amie répondit, jusqu’à ce qu’elle ne fasse plus que la taille d’un pétale.

Ses ailes étant déployées, Olivia pouvait prendre son envol.

FIN

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