Chapitre 7

8 minutes de lecture

Le soleil transperce les persiennes et vient réchauffer mon visage. Lorsque j’ouvre les yeux je ne reconnais pas le décor qui m’entoure. Je ne suis pas dans ma chambre, mais plutot dans celle de Peter. Je me rappelle d'un coup, que sous la panique, j'ai voulu m'éloigner de tout ça. Peter m'a rattrappé et ses mots m'ont foudroyé.

  • Lil, s'il te plait, ne part pas. Rien n'arrive par hasard tu l'as dit toi même. On vient de se rencontrer et je me sens proche de toi, comme je ne me suis jamais sentie proche de quelqu'un. On a passé un super bon moment, excuse moi, je ne retenterais rien tant que tu n'es pas prête, mais je t'en supplie, ne me fuis pas. Reste avec moi. Je te demande juste de me dire ce que tu ressens, ce que tu penses. Faut surtout pas qu'on se voile la face.  
  • Pete, je... je ne peux pas. J'ai trop peur de ce que je ressens. J'ai tout quitté pour ne plus jamais me retrouver dans cette situation, et tu débarques dans ma vie comme ça, comme par magie. Avec ton merveilleux sourire, qui me fait toujours autant sourire... regarde ! J'arrive pas à me retenir. Je me sens en sécurité alors que c'est le pire des pièges.
  • Lil, tu es une superbe personne, tu me correspond tout à fait sur pleins de points. Et par "pleins", j'entends les "plus importants". Tu ne me laisses pas indifférent. Tu es super jolie, intelligente, drôle, ambitieuce. Une personne comme toi, ça ne court pas les rues. Une personne comme toi merite qu'on lui accorde du temps. Et pour tout te dire, mon coeur palpite trop vite. Je tremble face à toi. Tu as un effet sur moi, comme une papillon de nuit avec un lumière. Je risque de me bruler les ailes, car il semblerait qu'on t'a tellement blessée que tu ne veux plus rien entendre de l'amour. Mais, je ne comprends pas, tu es tellement parfaite. Ils ont tous été trop lâches. Ou peut-être que c'était écrit pour que tu me rencontres. Je pense que rien n'est jamais perdu. Au grand jamais. Fais moi confiance, essaye du moins. Et reste...

Alors je suis restée, à parler, à le découvrir. Il est différent et intelligent.

Des livres jonchent le sol, je reconnais les romans de Victor Hugo, Marc Levy, Gayle Forman et de Flaubert. Sa double fenêtre donne sur le jardin dont j’aperçois les arbres verts et fleuris à travers les volets. Je n’ai pas eu le temps d’évaluer la grandeur de leur domaine. Un énorme tapis aussi épais qu’une couette orne le sol de sa chambre, réalisant un chemin vert pale de son lit jusqu’à la porte.

Une énorme armoire abrite surement l’ensemble de ses affaires et au dessus se trouve des cartons dont des cahiers dépassent. Ses anciens cours je suppose. Ah, si nos professeurs pouvaient se douter que leurs enseignements nous suivent vraiment tout au long de notre vie, ainsi que leur avis sur nos bulletins dont nous prenons l’habitude de relire à chaque rangement de printemps. Enfin, certains plus que d’autres.

Sur le mur en face de moi se trouve une ancienne cheminée avec un miroir au dessus. Il est orné de deux/trois photos.

Je pousse la couette sans faire de bruit, lorsque je réalise que Peter s’est endormi à mes côtés sur la couette, un vieux plaid sur le ventre. Loin d’être inquiète de me retrouver à ces côtés plutôt que chez moi, je souris. On dirait un ange. Il est beau. La soirée d’hier était fantastique. Nous avons discuté jusqu’à 4h du matin où j’ai fini par m’endormir sur son lit. Je retiens la main qui souhaite lui caresser le visage.

Sur les photos, Peter se trouve auprès de ses deux parents au bord du grand Canyon. Cette photo doit dater de seulement quelques années, car Peter ne semble pas jeune, ni aussi vieux qu’aujourd’hui. Bien entendu, si on peut dire qu’on est vieux à 24 ans. Ses papas sont charismatiques tous les deux. L’autre photo, c’est Peter avec son diplôme du bac. Sa tête montre clairement que ses papas sont plus fiers de lui, que Peter de lui-même. J’étouffe un rire avec mes mains et me retourne pour voir si Peter dort encore.

C’est bien le cas, mais son bras est à ma place, grand ouvert. Si je n’écoutais que moi, j’irais me blottir contre lui. Sa peau doré et la chaleur de son corps m’appellent. Mais je ne le dois pas. Si mon coeur ne sait pas comprendre, ma tête, elle, elle sait. N’est-ce pas que tu sais toi là-haut ?

La troisième photo représente Peter avec une fille tenant un bébé dans ses bras. La fille semble être un tout petit peu plus âgé que lui, et Peter sourit d’un sourire franc et remplis de gratitude. Je le trouve tellement beau, et mon coeur rate un énième battement en imaginant, bien que cela soit impossible, que cette femme soit sa femme. D'où peut me provenir cette jalousie...

  • Lil ?

Je sursaute. Je vois que sa tête fait des vas et viens entre moi et la photo.

  • C’est ma soeur. Elle était belle n’est-ce pas ? C’était il y a 3 ans, dans son jardin. Elle venait d’accoucher d’un beau bébé se prénommant Eryn. Eryn est ma filleule.

Au son de sa voix, je comprends qu’il me cache quelque chose, mais je continue de le regarder, espérant qu’il s’ouvrira de lui-même. Si ce n’est pas le cas, il le fera en temps voulu. Rien ne sert à forcer les choses, le temps sait faire les choses correctement.

Le téléphone vibre et j’en profite pour voir l’heure : 10h37. Mon premier, enfin notre premier cours commence dans 4h.

  • Peter ? Je vais rentrer chez moi maintenant, je n’ai pas d’affaires et malheureusement pour moi, tu n’as aucune maman qui puissent me prêter des produits de beauté féminin.

Peter se lève, rapidement. Trop rapidement.

  • Je vais te montrer ma salle de bain, Lil, tu pourras prendre une douche, je te passerais une brosse à dent, j’ai également du mascara, d’ailleurs j’espère qu’il n’a pas séché car il n’a pas servi depuis 2 ans. Bien que tu sois magnifique sans aucun artifices. Et je pourrais t’emmener petit déjeuner dans un lieu que j’adore ?

J’hésite. Peter le ressens.

Puis le temps s’arrête, nos regards ne se détachent plus et je sais que je vais faire ce qu’il souhaite. Le sommeil est censé être de bons conseils. Puis-je lui faire confiance alors que l’ensemble de mon corps ne suit plus la promesse que nous nous sommes faites ?

  • Allez, je te montre, tu vas céder en la voyant.

Peter n’avait pas tord. Sa salle de bain est sublime. Le carrelage au mur est bleu foncé, le pommeau de douche dans sa douche italienne permet 5 différentes modes de « pluie ». La taille de la pièce équivaut à mon salon. Je me dois, ne serais-ce qu’à moi-même de tester tout cela. On a qu’une vie, n’est-ce pas ? Le seul autre endroit où je pourrais voir ça c’est dans un spa qui me couterait un bras…

  • Tu as toujours une brosse à dent à me prêter ?
  • À te donner tu veux dire, dit-il en s’éloignant, un sourire énorme sur le visage.

Peter revient 5 minutes plus tard, avec une serviette, une brosse à dent, le mascara et un gant de toilette.

  • Je suis dans la salle de bain de mes parents si tu me cherches, c’est au bout du couloirs, derrière leur chambre.

Je suis ses indications, mais je suis plutôt déconcentré par le fait qu’il ai enlevé son t-shirt en route et que sa maison ressemble de plus en plus à un labyrinthe.

  • C’est noté, à tout à l’heure

Je referme la porte derrière Peter et je l’entends traverser le couloir et fermer la porte à son tour. J’ouvre l’eau et le mode pluie « amazonienne » s’enclenche automatiquement. Ce sont d’énormes gouttes qui tombent du pommeau carré. Je me déshabille et me glisse dans la douche.

Après m’être lavée, je ferme les yeux quelques instants pour profiter du moment apaisant que Peter m’a offert. Je ne sais pas si de son côté il a fini de se préparer, mais je souhaite rester encore un peu.

Je fais le bilan rapidement, cela fait 3 semaines que je suis à Marseille, j’ai déjà commencé à découvrir la ville, me perdant sur le Vieux-Port et le long de la Corniche conduisant au Vallon des Auffes. Parmi toutes ces beautés, ma plus belle des trouvailles reste Peter.

J’entends la porte qui s’ouvre, mais je ne réagis pas. Je ne suis pas mal à l’aise qu’il me voit. Habituée depuis toujours a aller voir des spécialistes et devoir me déshabiller devant eux, enlève ce genre de gêne. Mon corps est tel qu’il doit être. Je ne comprends pas la chirurgie esthétique non plus. Nous sommes fait avec nos défauts et nos qualités. Le physique n’est qu’une vitrine que l’on peut améliorer soit même, par des soins mais surtout pas en se modifiant. Nos enfants nous trahirons de toute façon. Alors soyons fiers de qui nous sommes. Si nous voulons juste plaire physiquement, personne n’écouterait. Tout le monde materait.

Ses pas se rapprochent, et malgré la chaleur de l’eau, sa peau chaude me surprends encore lorsqu’il pose ses deux mains au creux de mon ventre. Je suis dos à lui, je sens son torse se coller à moi, et instinctivement, je relève les fesses vers lui. Il me serre de plus en plus fort et la température de l’eau augmente.

Sa bouche embrasse mes cheveux, mon oreille, mon cou… Mes jambes faiblissent et je glisse, ma tête cogne le carrelage et la douleur me fait ouvrir les yeux.

  • Lil, tout va bien ?

Je suis seule dans la pièce. Peter n’est pas là, mais bel et bien de l’autre côté de la salle de bain.

  • J’ai entendu un gros bruit, tu t’es fait mal ?

C’est surement mon égo qui vient de tomber très lourdement sur le sol.

  • Non ça va, j’ai mal évalué la distance entre mon corps et… le mur ? Mais je sors tout de suite. J’arrive !
  • Parfait, j’ai réservé une table pour pas qu’on attende trop longtemps et qu’on ne soit pas en retard en cours.

J’enroule la serviette autour de mon corps et me fixe dans le miroir.

  • Idiote, idiote, idiote !

Je me presse de m’habiller et file rejoindre Peter qui m’attend en bas, déjà prêt pour m’emmener je ne sais pas encore où, prendre un petit déjeuner. J’ai tellement faim que je pourrais manger un ours. Enfin, un ours en chocolat bien sûr !

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