76. Le début d’un terrible voyage

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Le fan

J’ai bien fait d’acheter ces jumelles à infrarouges. C’est un peu moins discret que de l’observer sans rien, mais c’est beaucoup plus pratique, surtout quand il fait nuit. Cela fait maintenant trois jours que je planque à côté de chez elle, que je passe mon temps à essayer de la mater, mais elle reste cloîtrée chez elle. Je crois que les articles ont eu raison de la patience de son assistant. Le gars doit être tellement flippé, là, qu’il l’a enfermée chez elle avec interdiction de sortir ou de voir qui que ce soit. Elle attend probablement son prince charmant pour qu’il vienne la secourir sans se préoccuper des obstacles sur son chemin. Mais il ne faut pas que je rate mon coup.

Je crois qu’elle est seule chez elle, ce matin. Les articles de presse expliquent qu’elle a viré le détective suite aux révélations, mais il ne faut pas croire tout ce qu’ils disent. Quand ils ne savent pas, ils inventent et je suis bien trop malin pour me faire prendre comme un débutant par leurs petits jeux. Par contre, il n’y a aucune lumière chez elle. Je n’ai vu que sa bonne à tout faire ces derniers jours. Le reste de sa clique semble l’avoir abandonnée maintenant qu’ils savent qu’elle est sous l’influence de son agent. Ils savent qu’il va y avoir du grabuge car personne ne peut agir comme ça impunément. Ils se doutent que je vais réagir et que ça va faire mal. Les pauvres… Ils sont cons et pas courageux pour deux sous, mais au moins, ça me laisse le champ libre.

Le froid est vivifiant, je trouve. Tous les journalistes ont l’air d’avoir abandonné. Il reste bien quelques parasites qui trainent dans le coin, mais à cette heure-ci, ils sont tous endormis, emmitouflés dans leurs véhicules. Moi, j’évite de trop m’assoupir. C’est souvent dans des moments comme celui-ci qu’on peut avoir des opportunités. Et hier, avec mes jumelles, j’ai pu l’observer se lever dans la nuit et se déplacer nue chez elle. Quel bonheur !

Je vérifie une nouvelle fois que j’ai bien tout mon matériel mais comme personne n’y a touché, tout est bien là, bien entendu. Des fois, je crois que mon cerveau me joue des tours. Je suis seul dans mon pick-up. Et s’il y a des voix, ça doit être dehors car il n’y a personne. Personne pour prendre mes cordes. Personne pour me voler mes menottes. Personne, enfin je crois. Personne car la seule qui a le droit de partager ma vie est en train de dormir chez elle.

De longues minutes plus tard, alors que je me suis assoupi sur mon volant, un chien aboie et le bruit me réveille. Tout de suite alerte, je constate qu’une lumière est allumée chez Rafaela. Mais que fait-elle donc ? J’ai beau la chercher à travers mes jumelles, je ne la vois pas. Elle a disparu, on dirait. Inquiet, je sors de ma voiture et m’avance vers la maison. Le silence est assourdissant et il n’y a vraiment aucun bruit, à part le bourdonnement lointain des voitures sur les autoroutes de la ville. Je fais le tour de sa propriété pour essayer de la retrouver quand soudain, je vois une porte s’ouvrir sur l’arrière de son parc. Et là, le miracle a lieu. Les Dieux ont exaucé ma prière car c’est Elle qui sort. Elle a revêtu un long jogging sombre, des gants, un gros bonnet noir et une écharpe qui semble être bleue, seule touche de couleur dans son ensemble qui la fait disparaître dans la nuit.

Elle regarde autour d’elle, un peu fébrile, mais ne me remarque pas à cause de la pénombre. Elle commence à courir et s’élance dans ma direction. J’ai l’impression que tout se passe au ralenti et que rien ne pourra empêcher que notre destin se réalise.

Lorsqu’elle passe à mes côtés et que son regard croise le mien, j’y lis une surprise énorme et un étonnement qui semblent lui bloquer le cerveau, si bien que lorsque je l’attrape et passe ma main sur sa bouche, elle ne réagit pas et s’abandonne presque à mon emprise. Comme si elle n’attendait que ça depuis trop longtemps pour me résister. Comme si enfin elle retrouvait les bras pour lesquels elle est clairement faite. J’adore cette sensation de puissance que je ressens alors que mes bras l’enserre et l’empêche de s’échapper.

Je suis vraiment surpris qu’elle ne se débatte pas plus, elle semble comme anesthésiée par le froid ou alors c’est mon étreinte qui la paralyse, et ce n’est qu’une fois la porte arrière de mon véhicule ouverte qu’elle a l’air de réaliser ce qui arrive et commence à réagir. Pas de chance, c’est trop tard pour elle. J’attrape les menottes que je lui passe et parviens à refermer sur ses poignets et la retiens par les cheveux alors qu’elle cherche à se glisser entre mes jambes.

— Ah non, tu ne vas nulle part, ma Chérie ! Tu es à moi !

Je lui assène un coup sur la tempe en espérant que ce sera juste assez puissant pour l’étourdir, mais elle s’effondre comme une masse à mes pieds. Inquiet, je regarde autour de moi mais, heureusement, il n’y a personne pour m’empêcher de continuer et je la relève, toujours inconsciente avant de la tirer sur le siège arrière. Je m’empresse de l’attacher solidement avec les cordes et je lui enfile une cagoule avant de mettre un bâillon sur sa bouche. Une fois tout ça accompli, je ne peux m’empêcher d’admirer le résultat. Certes, elle ne vient pas de son plein gré, mais elle est là et va m’accompagner ! J’ai une gaule d’enfer et je me demande si je ne devrais pas en profiter, là, tout de suite, mais le chien de tout à l’heure aboie à nouveau. J’ai l’impression d’entendre des messages divins qui me donnent des signaux pour agir.

Je prends quand même le temps de passer mes mains sous ses vêtements pour caresser ses seins, ce qui me provoque presque un orgasme, mais je me ressaisis et reprends ma place au volant de ma voiture. Je démarre tranquillement, pas besoin de faire comme ces cons dans les films qui partent en faisant crisser leurs pneus. Je règle le GPS sur mon téléphone et prends la direction de la petite cabane que j’ai louée. Tout est prévu. Tout est organisé. Je suis un génie et la femme de ma vie est avec moi dans ce merveilleux voyage. Je n’arrête pas de regarder dans le rétroviseur et m’imagine déjà la rassurer quand elle ouvrira les yeux. Je me vois déjà répondre à sa demande de l’embrasser quand elle aura besoin d’être réconfortée. Et j’ai toujours cette délicieuse érection qui me maintient en éveil tandis que je l’imagine se donner à moi une fois qu’elle aura réalisé que je l’ai libérée du joug de son assistant. Elle m’aime, je le sais. Je l’aime, je vais la posséder. La vie est belle et le soleil qui se lève alors que je sors de la ville me confirme ce que je pensais. Je suis l’élu des Dieux et ma déesse m’accompagne dans ce voyage vers le renouveau. Wow.

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