41. Une idée qui rebooste

8 minutes de lecture

Angel

Alors que je suis prêt à aller me coucher, mon téléphone sonne et je constate qu’il s’agit de Morgan. Je n’ose pas répondre devant Rafaela et m’excuse auprès d’elle qui travaille toujours son scénario et n’a même pas remarqué que quelqu’un m’appelait. Depuis notre conversation, je fais l’effort de reprendre nos habitudes et d’être présent pour l’aider et l’assister comme je le faisais auparavant. J’ai donc passé le reste de la journée avec elle, et même si on ne s’est pas parlés comme avant, nous avons tous les deux fait l’effort pour rendre les choses les plus normales possibles.

Dès ma porte refermée, je rappelle ma secrétaire, inquiet de cette communication tardive.

— Morgan ? Un souci ? Des nouvelles du fan ? Tu as un problème perso ? J’aime pas quand tu m’appelles si tard que ça.

— Désolée, je ne voulais pas te faire peur. J’ai juste eu une idée en prenant ma douche, et je me suis dit que ce serait bien d’en échanger avec toi. Tu as deux minutes à me consacrer ?

— Bien sûr, mais rassure-moi, ton idée n’a aucun rapport avec ta douche ?

— Non, pouffe-t-elle, je parle de boulot, voyons ! Ça ne bouge pas assez pour toi, à ce que j’ai compris, alors il faut qu’on provoque la chance, tu ne crois pas ?

— Pas sûr… Rafaela a l’air contente quand ça ne bouge pas. C’est quoi ton idée ?

— En même temps, elle n’a aucune idée de ce qui lui pend au nez avec ce fou dans la nature… Je pensais à une petite séance de dédicaces privées. S’il est si fan d’elle, il doit stalker ses réseaux H24, tu vois ? Alors on pourrait organiser ça sur la base de cent, cent-cinquante personnes. Les premiers inscrits remportent la mise.

— Ah oui, et on regarde qui dans ta liste correspond, et s’il bouge, on le neutralise… Intéressant, ça. Mais elle ne va jamais accepter, c’est sûr… Il faudrait…

Mon cerveau se met à carburer à deux cents à l’heure. Des connexions se font. C’est un peu comme si les neurones se réveillaient.

— Demande à Quinn. Lui saura la convaincre. Et si ça vient de toi, il ne dira pas non. Et on fait ça dans deux jours, avant le départ à Vancouver. Et si ça se trouve, j’évite le déplacement au Canada…

— Pourquoi tu veux à tout prix éviter ce voyage, Angel ?

Parce que je n’ai pas envie de recommencer les erreurs de Paris ? Quand on voyage, on n’a pas ses repères, on oublie parfois les limites. Et après, on paie les pots cassés.

— Je veux reprendre mon métier de détective, Morgan, ça se comprend, non ?

— Oui, oui, bien sûr, je comprends, soupire-t-elle. On peut dire que je suis plus détective que toi, ces derniers temps. Mais tu bosses sur le terrain quand même.

— Ouais, appelle Quinn, et tiens-moi au courant. Je sens que ton idée va peut-être me permettre de retrouver le vrai terrain.

— Bien, patron, c’est noté. Je l’appelle tout de suite.

Je raccroche et suis content de voir le message de Morgan qui arrive peu après. Quinn trouve l’idée bonne et en parlera dès demain à Rafaela. Il faudra que je l’assiste… Bien sûr, c’est mon travail.

Le lendemain, au réveil, je récupère le petit déjeuner préparé par Ellen et je l’apporte à Rafaela dans sa chambre.

— Je peux entrer ? demandé-je après avoir frappé.

— Oui, oui, entre, vas-y !

Je dépose le plateau sur son lit alors qu’elle m’accueille vêtue d’un simple tee-shirt. Vu la jambe nue que je devine sous le drap, elle ne doit pas porter grand-chose d’autre.

— J’ai reçu un message de Quinn, il veut qu’on l’appelle en visio. Il a eu une idée pour la promotion de ton image hier soir.

— Ok… A quelle heure veut-il qu’on l’appelle ?

— Dès que tu es prête. Il m’a dit de te laisser décider mais qu’après treize heures, il ne sera plus disponible, ajouté-je en souriant.

— Ok, eh bien… je mange, je m’habille et on se rejoint dans mon bureau ? D’ici vingt minutes, c’est bon pour toi ?

— A ton service, comme toujours. Tu as besoin d’aide pour enfiler une robe ou je peux aller me préparer de mon côté ?

— Tu peux y aller, me répond-elle après m’avoir observé quelques secondes. Je devrais pouvoir me débrouiller, aujourd’hui.

Je ressors avec une bonne humeur que je n’avais pas ressentie depuis longtemps. L’idée de coincer le fan et d’en terminer avec cette mission m’attire d’autant plus que je rêve de pouvoir reprendre les choses avec Rafaela là où on les a laissées un matin de septembre à Paris. Je sais, je m’emballe, mais voir le bout du tunnel, c’est quelque chose qui me redonne de l’énergie. Je m’habille rapidement et suis déjà installé à ma place habituelle, près du fauteuil de Rafaela quand celle-ci débarque dans son bureau. Sa beauté me coupe à nouveau le souffle et je suis obligé de faire un effort pour ne pas rester la bouche ouverte. Elle a en effet passé un petit haut qui lui laisse le ventre nu et des leggings moulants à souhait.

— Rafaela, promets-moi d’écouter son idée jusqu’au bout, je suis sûr que ça ne va pas trop te plaire, mais c’est vraiment bien pour toi.

— Tu ne me rassures pas vraiment sur cet appel, là, marmonne-t-elle en s’installant. C’est quoi encore, cette superbe idée que je vais détester ?

— Il va t’expliquer. Lance la visio, dis-je sans pouvoir réfréner mon impatience.

— Très bien, soupire-t-elle en s’exécutant. Mais je le sens mal et ça ne me met pas de bonne humeur, pour info.

— Ah, bonjour ma Rafie. Merci de m’appeler, j’ai eu l’idée d’un petit événement à organiser avant ton départ à Vancouver. Pour combler un peu l’impatience de tes fans et t’assurer de la tranquillité au Canada.

— J’ai dit que je voulais être tranquille avant mon départ au Canada, il me semble…

— Oui, mais si on fait ça, tu vas avoir plein de sollicitations là-bas. Et il faut que tu sois tranquille, non ? Vaut mieux un petit sacrifice maintenant pour une grande tranquillité là-bas que l’inverse.

Il est fort et convaincant car je la vois commencer à réfléchir et à écouter avec plus d’attention ce qu’il dit.

— Imaginons une seconde que je puisse envisager la chose, c’est quoi, ton plan pourri ? Et puis, il n’y a que les cons qui viennent solliciter les acteurs et actrices pendant les tournages.

— Il faut bien donner un peu de grain à moudre aux journalistes et à ta communauté, non ? J’imaginais bien une petite séance d’autographes réservée à un petit nombre de fans sélectionnés. Genre les premiers qui réservent sont les premiers servis. Ça fera le buzz en plus. Et en échange, ils ne t’embêtent pas pendant quelques semaines.

— C’est beau d’y croire… Et donc, tu comptes organiser ça avant mon départ à Vancouver ? C’est plutôt serré comme timing.

— Ça fera encore plus le buzz, dis-je. Et on peut caser ça après-demain, à la place de la séance photos qu’on pourra faire au Canada de toute façon. Tu en penses quoi ? Moi, je trouve que c’est une excellente idée.

— Eh bien… Vous avez oublié mon fan passionné ou quoi ? Qu’est-ce qui vous prend ?

— Ne t’inquiète pas, Ben et Angel seront là. Et s’il vient, on va vite le repérer, tu n’auras pas à t’inquiéter. On t’a dit que ce serait très select.

— Oh je ne m’inquiète pas plus pour ça que pour la possible tendinite à force de signer des autographes… Combien de personnes ? Cinquante ?

— Tu adores ce contact direct avec tes fans, ma Puce. Tu le dis toi-même, ça te redonne de l’énergie pour faire ton travail. Quoi de mieux pour te rebooster avant le Canada ? Et on serait plutôt sur cent, cent-cinquante. Ça t'irait ?

— Ah non, certainement pas cent-cinquante ! T’es malade ou quoi ? s’égosille-t-elle. Hors de question !

— Bon allez, cent. Et c’est Angel et moi qui choisissons. Cela te convient ?

— Vous choisissez quoi, au juste ?

— On ne va prendre que les vrais fans, ceux qui sont inscrits à tes comptes, qui ont vu tes films. Pas des petits minets qui ne viendraient que pour baver devant ton décolleté. Tu vois le genre, non ?

— Je croyais que c’étaient les premiers inscrits ? Et vous comptez faire ça où ? Tout ça m’a l’air bancal, quand même.

— Tu verras, tu vas passer un bon moment et tu nous remercieras quand tu seras toute à ton travail à Vancouver ! C’est bon, Angel peut lancer les invitations sur les réseaux?

— Tu viens de pourrir ma fin de mini-vacances, Quinn, je ne te remercie pas, bougonne Rafaela. Faites ce que vous voulez, mais je veux être à la maison tôt.

— Je fais ça, patronne. Bonne journée, Quinn.

— Bonne journée, et je suis content de voir que ça a l’air d’aller mieux entre vous deux. A plus !

— C’est ça. Bonne journée, profite de ta paie, j’ai de plus en plus envie de te virer, vieux débris, lui lance l’actrice avant de lui envoyer un baiser.

Il termine la vidéo sans répondre à la petite provocation et je fais face au regard scrutateur de Rafaela. J’essaie de garder bonne contenance.

— Oui ? Tu as besoin de quelque chose ? finis-je par demander pour rompre le silence qui s’était installé.

— J’ai l’impression de m’être fait entourlouper avec cet événement. Je me trompe ? Qu’est-ce que vous avez manigancé, tous les deux ?

— Mais rien, juste un bon moyen de faire d’une pierre deux coups. De la pub bien organisée et après, la tranquillité. Je suis convaincu par son idée, moi, c’est tout.

— Mouais… On voit bien que ce n’est pas vous qui allez vous retrouver enlacés par des inconnus et tripotés comme un doudou. Génial.

— Je veux bien me dévouer pour le tripotage, mais pas sûr que ça satisfasse les fans. Je vais organiser les choses pour que ça passe vite. Fais-moi confiance.

— Il faut, parce qu’à partir du moment où vous allez communiquer l’endroit où ça aura lieu, on va passer de cent à un nombre indéfini, je peux te l’assurer.

— Tout va bien se passer. Je gère.

— Y a plutôt intérêt, parce que je crois que le prochain qui me touche le cul sans mon autorisation va me conduire tout droit au poste de police. Et pas pour que ce soit moi qui dépose plainte, il va se prendre le revers de la médaille.

— OK, je mets ça dans l’invitation, ça va attirer du monde, c’est sûr !

— Oh oui, mets-le ! Qui sait, ils ne seront peut-être plus que cinquante, rit-elle.

— Parfait, comme tu veux, c’est toi la patronne. A tout à l’heure, n’hésite pas à me biper si tu as besoin, je vais lancer les invitations, j’ai du boulot, là.

— A vos ordres, Monsieur, et bon courage… Dis-toi qu’il faut bien que je ne sois pas la seule à bosser. A plus tard, Angel.

Elle se lève et je l’admire alors qu’elle sort avec une grâce folle. Franchement, il faut que ce petit stratagème fonctionne et qu’on coince le pervers. Parce que j’ai vraiment une folle envie de retrouver ma liberté et de me relancer à la conquête de cette femme splendide et qui m’attire tant. Enfin, le boulot prend une nouvelle dimension et j’appelle Morgan pour organiser l’événement avec elle car j’aurai besoin de son expertise pour repérer le suspect. Si ça marche, il faudra vraiment que je lui octroie un nouveau statut dans l’agence. Mais en attendant, il y a une séance d'autographes à organiser. C’est parti !

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire XiscaLB ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0